GECAM
L’Assemblée générale du Groupement des Entreprises du Cameroun s’est tenue le 9 avril 2024, Célestin Tawamba et Protais Ayangma prennent les commandent respectivement comme Président et Vice-Président à la suite d’un plébiscite trompeur de 98,18%. Mais tous les atouts de la fusion vendus pour arriver à un mouvement patronal plus fort et plus puissant ne semblent pas avoir convaincu la grande famille des chefs d’entreprises. Seulement 295 entreprises ont pris part aux travaux. Très faible.
L’unique liste en lice de 18 membres : «Le GECAM pour une fondation en béton» (armée), a été élue par un plébiscite de 98,18% des suffrages valablement exprimés pour constituer le premier Conseil d’administration de Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM), fils de la fusion entre le plus grand mouvement patronal GICAM et son excroissance ECAM. Par ricochet, Célestin Tawamba, alors président de l’ex-GICAM et tête de liste et Protais Ayangma, président de l’ex-ECAM, les deux artisans de la fusion-création s’en tirent respectivement avec les postes «taillés» sur mesure de Président et de Vice-président. Prenant ainsi la revanche sur le sort qui leur avait été réservé en 2008, lorsque ces deux acteurs avaient échoué dans leur tentative de prendre le contrôle du GICAM et s’en étaient allés créer ECAM avec cette fois Ayangma comme président et Tawamba comme Vice-Président. Une aventure de courte durée puisque Tawamba avait quitté le navire pour rebrousser chemin au GICAM où il avait été porté à la présidence. Les chefs d’entreprises font remarquer que l’exécutif de l’ex-GICAM comptait quatre (4) vice-présidents et le GECAM n’en a qu’un seul. Curieux !
Pourtant, cette fusion envisageait d’apporter entre autre comme atouts supplémentaires, un accroissement du nombre des adhérents pour être un groupement patronal plus uni, plus fort, afin de parler avec plus d’autorité dans la défense des intérêts des patrons. «La notion de représentativité devient un enjeu majeur dans la démarche patronale» de cette fusion-création décidé par la majorité clamait Célestin Tawamba aux lendemains des AGE de juillet 2023. Malheureusement «l’unité réalisée» que les vainqueurs avaient annoncée en grande pompe après cette fusion n’a pas été concrétisée. Seulement 295 entreprises régulièrement inscrites ont pris part aux travaux de cette Assemblée générales élective. Très insignifiant. Or, les observateurs avertis attendaient une forte participation d’au moins 1000 entreprises. Ceci au regard du ramdam fait pour convaincre les chefs d’entreprises d’adhérer au nouveau groupement patronal, mais aussi et surtout sur la base des résultats des votes des Assemblées générales extraordinaires tenues en fin juillet 2023 pour obtenir le «OUI» de la fusion-création. Au GICAM sur les 329 entreprises votantes, 241 avaient voté pour la fusion soit 73,23% ; et à ECAM, le «OUI» avait obtenu 96,72%.
La représentativité un enjeu majeur
Au regard de ces scores et du nombre des membres que ces deux organisations patronales réclamaient, soit 1000 pour le GICAM et 400 pour ECAM. Le nombre de participation et par ricochet d’adhérents au 9 avril 2024 ne reflètent pas les espoirs que les artisans de cette fusion-création avaient fait miroiter aux membres de leurs organisations patronales avant les Assemblées générales extraordinaires de juillet 2023. Au sortir duquel, une importante frange avait reconnu qu’elle s’était fait gruger. Depuis cette date jusqu’à ce jour, aucun rassemblement du patronat au siège du GICAM n’avait plus atteint la barre de 300 membres participants. Un indicateur tangible de ce que la fusion-création avait créé une fracture importante au sein du plus puissant Groupement inter-patronal du Cameroun. C’est dire que le score réalisé en valeur relative par la liste conduite par Tawamba et Ayangma qui est de 98,18% des suffrages valablement exprimés, est un plébiscite trompeur lorsqu’on regarde le même score en valeur absolue. Il ressort des résultats qu’il y a eu comme nombre de votants 295 entreprises. Mais le nombre total de voix était de 560,4 ; le nombre de suffrage exprimé était de 550,2 et le nombre de bulletin nul enregistré était de 10,2.
Lire aussi ; https://njogmathieu.over-blog.com/2023/07/le-oui-a-la-dissolution-du-gicam-l-a-emporte.html
Certaines indiscrétions explique que ce mécanisme de décompte des votes fait partie des innovations des nouveaux textes du GECAM qui créent de la disparité entre les membres. Ainsi, les membres n’ont plus le même poids aux urnes. Il y a les entreprises qui ont cinq (5) voix en fonction de leur taille pendant que les autres n’ont qu’une seule voix. «Ils ont présenté la fusion-création comme une force de mobilisation et une apporter une grande ouverture aux PME et TPE afin de favoriser leur développement, mais quel n’est pas notre grand étonnement de constater qu’il est donné plus de privilège aux multinationaux. C’est de la régression pure et simple», souligne un patron d’une PME. C’est dire si le nouveau Conseil d’administration a du pain sur la planche pour réussir à faire du GECAM un patronat en béton. Les opérateurs économiques ont hâte de voir la nouvelle ère qui s’ouvre pour le patronat comme l’a annoncé le président Tawamba. A cet effet, il a invité les membres «de mobiliser toutes nos énergies, pour qu’aujourd’hui soit mieux qu’hier. Et que demain, soit mieux qu’aujourd’hui, pour apporter des solutions concrètes aux difficultés que vivent les PME, TPE, les grandes entreprises, les très grandes entreprises, bref, tout notre secteur privé».
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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