FORUM NATIONAL JEUNE ET CITOYEN
L’Ong Un Monde Avenir a organisé comme chaque année, dans le cadre de la célébration de la Fête Nationale de la Jeunesse, la 6è édition du Forum National Jeune et Citoyen sous le thème : «Participation politique des jeunes au Cameroun : enjeux et défis». Elle a rassemblé une cinquantaine de jeunes leaders d’associations venus des dix régions du Cameroun échangés avec des jeunes cadres des partis politiques d’opposition et du parti au pouvoir ainsi que d’un analyste politique de renom en la personne du Dr Aristide Mono.
Présidée par le Gouverneur de la région du Littoral, représenté et bénéficiant de l’onction de la Délégation Régionale de la Jeunesse et de l’Education Civique, l’Ong Un Monde Avenir a organisé le 9 février 2024, dans le cadre des festivités de la semaine de la Fête Nationale de la Jeunesse, avec son équipe composée essentiellement des jeunes, la 6è édition du Forum National Jeune et Citoyen avec le soutien de son partenaire la Fondation National pour la Démocratie (NED). Le thème de cette année : «Participation politique des jeunes au Cameroun : enjeux et défis», a été bien senti en cette période charnière pour le Cameroun. Puisque le pays s’achemine allégrement vers les échéances électorales importantes qui devraient se tenir en 2025 avec les élections municipales, législatives, présidentielles et régionales. Malheureusement, le constat de la participation des Camerounais aux différentes scrutins est marqué entre autre par une faible inscription sur les listes électorales, une forte abstention des électeurs, et un désintérêt quasi-généralisé des populations à la chose politique. Nécessitant qu’une réflexion citoyenne profonde soit menée pour inverser cette tendance. D’où toute l’importance de cette initiative. «Je dis mon appréciation à l’Ong Un Monde Avenir pour toutes les actions citoyennes qu’elle mène pour l’engagement citoyenne et la participation active des jeunesses dans l’espace socio-politique», a déclaré la Représentante du Gouverneur. Et de poursuivre : «Il est important de connaitre les préoccupations de notre jeunesse. Nous sommes ici pour engager cette question avec sérieux et engagement dans le but de renforcer notre démocratie».
Le pouvoir est entre les mains de la jeunesse
Faisant l’état de lieu de la participation politique des jeunes au Cameroun de 1990 à nos jours, afin de trouver les voies et moyens pour booster leur engagement dans le jeu politique avec perspective d’en faire des acteurs actifs et non plus passifs de l’environnement socio-politique, les panélistes Christian Ndjock du PCRN, Nadège Mapigoue du SDF, César Honoré Ngomo du RDPC et Dr Aristide Mono, Analyste politique ont fait le constat pour le déplorer qu’avec une population de près de 30 millions d’habitants, le Cameroun avait enregistré jusqu’aux dernières élections à peine 3 à 4 millions d’électeurs inscrits parmi lesquels une bonne frange ne part pas voter. Cela se justifie par le fait que : «L’environnement politique camerounais ne favorise pas cet engagement des jeunes parce que frustrante et démotivante» a indiqué Dr Aristide Mono. Plusieurs contingences justifient cette situation. Il y a la question de la socialisation politique ou encore la culture politique qui fait que dans le microcosme politique camerounais, les jeunes n’ont pas encore intégré la notion de la citoyenneté qui voudrait que les populations soient au centre de la gouvernance et au centre de la mise en œuvre des politiques publiques. Mais aussi, le niveau de vie, la précarité, la réticence des familles, qui ne favorise pas du tout l’engagement optimal des jeunes. Pourtant, Christian Ndjock a indiqué qu’au regard de la démographie «la société camerounaise est essentiellement composée de 64% de la population âgée de moins de 25 ans et les 60 ans et plus qui représentent que 5% de cette population mais contrôlent l’appareil politique du pays depuis des décennies». Pour conclure qu’«avec un peu plus d’effort et une implication active au jeu politique, les jeunes peuvent jouer un rôle déterminant soit dans la conquête du pouvoir et sa conservation, soit dans le contrôle de la gestion des affaires publiques en veillant au respect du contrat social qui lie les électeurs et les élus».
Les femmes et les jeunes filles ne sont pas en reste, puisqu’elles représentent 52% de la population camerounaise, suffisant pour influencer le jeu politique. «Mais pour leur engagement citoyen et politique lorsqu’on consulte les listes électorale ou regarde leur représentativité dans les sphères de décisions, on constate que leur présence est faible comparée à celui des hommes ». rappellera Nadège Mapigoue. Les panélistes sont unanimes qu’au-delà des oripeaux politiques, il faut tout un package d’actions qui doit être mis en œuvre pour amener ces jeunes à remplir leur devoir de citoyen et également jouir de leur droit de membre de la Respublica. Cela passe par une prise de confiance et conscience de leur engagement en politique que ce soit en tant qu’électeurs ou candidats, mieux en tant que des acteurs et non des observateurs du jeu politique. Mais avant tout, les panélistes vont souligner qu’il y a un travail de fond à faire qui va consister pour tous les acteurs étatiques, politiques, organisations de la société civile,… à pacifier le jeu politique parce qu’il est truffé avec des situations de fraudes électorales, d’antijeu dans le champ politique, de brimades politiques, de répressions,… qui ne facilitent vraiment pas la jeunesse de pouvoir s’exprimer librement ou de s’engager sans anicroche. Toutefois, il est important que le curseur du véritable combat a mené par les acteurs de la socialisation politique devra privilégier l’éducation citoyenne des masses. A cet effet, «il est important qu’il soit créé des espaces d’échanges qui soient animés permanemment pour essayer d’amener les jeunes à comprendre la notion de citoyenneté, la notion de démocratie qui met le peuple au-devant de toute décision pour corroborer à la notion : la voix du peuple est la voix de Dieu», insistera Dr Aristide Mono.
Quelques engagements des participants
Mais pour cela, César Honoré Ngomo va reconnaitre que pour s’engager dans le jeu politique comme militant engagé ou comme acteur indépendant, cela nécessite une hygiène de vie : dans son langage, dans ses fréquentations, dans son mode de vie, dans le respect de ses engagements fiscalo-douaniers,… Mais aussi avec une dose de sacrifice qui peut aller jusqu’à accepter une privation de liberté. Au terme de ce forum qui s’est achevé par les travaux ateliers, des participants ont pris des résolutions fortes à l’issu des restitutions. Entre autre : - Conscient que le système électoral n’est pas favorable à l’insertion des jeunes en politique, les participants ont reconnu que la jeunesse doit prendre conscience et ne pas se décourage parce qu’elle détient les clés qui permettent d’apporter un plus dans le développement du Cameroun. Et rendre concret cette déclaration d’homme d’Etat qui reconnait en la jeunesse le fer de lance de la nation. – Constatant que la gente féminine est indifférente de la chose politique parce que victime des préjugés dans un contexte social réfractaire, les participants se sont engagés à travailler pour que la femme et la jeune fille puissent interagir en tant que citoyenne et en tant qu’actrice. Cela va passer par leur capacitation et en leur armant des outils nécessaires pour qu’elles puissent pouvoir participer aux échéances électorales à venir. – Au regard de ce que l’âge de recrutement des candidats dans les forces de sécurité est de 17 ans, les participants ont proposé de ramener l’âge électoral de 21 ans à 17 ou 18 ans pour réparer ce qui parait comme une injustice et pour espérer atteindre le seuil acceptable du nombre potentiel d’inscription sur le fichier électoral qui est de 11 à 15 millions d’électeurs pour une population de près de 30 millions d’habitants. Or au dernier décompte d’Elecam, le fichier électoral indiquait au 31 décembre 2023 que le nombre d’inscrits est de 6,5 millions d’électeurs sans qu’il ne soit encore dépouillé des éventuels doublons.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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