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Comment la France perçoit la fin de la présence de ses troupes au Tchad et au Sénégal

COOPERATIONS MILITAIRES


Dans le quotidien d’Information, documentation et Prospective du Quai D’Orsay, « Bulletin Quotidien » du 02 décembre 2024, les décisions des gouvernements sénégalais et tchadiens sur la fin de coopération militaire française qui sera marquée par la non présence des troupes françaises sur leur territoire, a pris au dépourvu les autorités gouvernementales dont l’analyse de la situation reste ambiguë..



Dans un communiqué du porte-parole du Gouvernement tchadien signé du 28 novembre 2024, on apprend que le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères de l’Intégration Africaine, des Tchadiens de l’Etranger et de la Coopération Internationale. Après 66 ans de la proclamation de la République du Tchad, le gouvernement décide « de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française et révisé le 05 septembre 2019 visant à renforcer la coopération en matière sécurité et défense entre les deux nations ». Comme le reconnait ledit communiqué : « Cette décision… marque un tournant décisif ». C’est dire que comme le promeuvent les panafricanistes, il est temps que les pays africains prennent leur indépendance véritable et se libèrent du joug français qui semblait les réduire à des départements de la France Outre-Mer. « Il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière », corrobore le communiqué de Abdéraman Koulamallah. Pour l’Elysée, même si le président tchadien Mahamat Idriss Deby a levé toute ambiguïté en assurant que son pays, n’envisage aucune « logique de remplacement d'une puissance par une autre », voire même ne saurait être perçu « un rejet de la coopération internationale, ni une remise en question de nos relations diplomatiques avec la France », ainsi que : « Le Tchad n'est nullement dans une logique de remplacement d'une puissance par une autre » et « encore moins dans une approche de changement de maître », il n’en demeure pas vrai que cela représente une sérieuse menace pour la France, du fait que le Tchad est un maillon clé de la présence militaire française en Afrique.

Ce d’autant plus qu’il constituait le dernier point d'ancrage de la France au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Mais encore avec la montée en puissance de la Russie qui ne cesse gagne du terrain en Afrique et surtout dans son pré-carré. Cette décision a été prise quelques heures après le départ du territoire tchadien du Ministre français de l'Europe et des Affaires Etrangères, M. Jean-Noël Barrot, qui était en visite le 27 novembre 2024 à la frontière avec le Soudan, dans un camp de réfugiés soudanais et prendre la mesure de la crise humanitaire provoquée par la guerre au Soudan. La première étape d’un périple en Afrique subsaharienne qui l’a conduit le lendemain en Ethiopie au siège de l’Union Africaine où la France veut faire passer l’idée de deux sièges permanents pour les pays africains au Conseil de sécurité de l’ONU. 48 heures après cette annonce, le président Deby restant dans l’esprit du communiqué explique avoir mis un terme à la coopération avec l'armée française « pour réorienter (le) partenariat (du Tchad) avec la France sur d'autres domaines qui auront plus d'impacts positifs sur le quotidien (des) populations respectives (des deux pays) ». Et d’ajouter que : « Le Tchad continuera de jouer tout son rôle et d'occuper toute sa place au sein des initiatives de renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent africain ».


Le pretexte du massacre de Thiaroye


Le Sénégal a commémoré ce 1er décembre 2024, le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, un événement tragique de son histoire. La cérémonie, présidée par le Président Bassirou Diomaye Faye, a rassemblé des dirigeants africains, des membres du gouvernement et des invités venus du monde entier. A cette occasion le Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a annoncé 72 heures après son homologue tchadien que la France va devoir aussi fermer ses bases militaires dans son pays. « 65 ans bientôt après notre indépendance, les autorités françaises doivent aussi envisager d'avoir un partenariat dépouillé de cette présence militaire-là, mais qui soit un partenariat riche, un partenariat fécond, un partenariat privilégié et global comme nous l'avons avec beaucoup d'autres pays. Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de base militaire dans un pays souverain », a-t-il déclaré. C’était lors des cérémonies de commémorations aux tirailleurs sénégalais morts le 1er décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, où ils étaient stationnés dans ce camp en vue de leur démobilisation.

Curieusement après avoir combattu aux côtés de l'armée française en Europe, ces derniers ont ouvert le feu sur eux, ce qui a abouti à un massacre faisant près d’une centaine de morts. Le Chef de la diplomatie française, M. Jean-Noël Barrot, présent à la cérémonie, a rappelé le propos du président français Emmanuel Macron a parlé de « plaie béante dans notre histoire commune ».  Il ne fait pas de doute que le président sénégalais a ainsi a voulu donner une envergure que cette commémoration n’a jamais eue en annonçant l’érection d’un mémorial à Thiaroye, qui servira de lieu de mémoire, ainsi que la création d’un Centre de Documentation et de Recherche. Il a également souligné que des rues et des places porteront le nom de cet événement tragique et que l’histoire de Thiaroye sera intégrée dans le système éducatif sénégalais. Mais aussi il en a fait un marqueur d'une mémoire africaine commune, dont de la relation avec la France. En guise de consolation, les médias français soutiennent que ces deux décisions du Tchad et du Sénégal interviennent alors que la France devrait annoncer dans les prochains mois une importante réduction de sa présence militaire sur le continent.




Mathieu Nathanaël NJOG


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Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun


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