TERMINAL BOIS DU PORT DE DOUALA-BONABERI
Après l’internalisation de la gestion du Terminal à conteneurs en 2020, le Port Autonome de Douala et le concessionnaire du Terminal bois du combinat portuaire de Douala-Bonabéri, SEPBC dont le Groupe Bolloré est actionnaire majoritaire viennent de normaliser leur collaboration par un contrat de concession gagnant-gagnant d’une durée de 15 ans. De nombreux investissements et de retombées financières conséquentes sont attendus du concessionnaire SEPBC.
Les rapports entre la Direction générale du Port Autonome de Douala (PAD) et le Groupe Bolloré étaient très tendus depuis la décision du retrait de la concession de la gestion du Terminal à conteneurs du port de Douala-Bonabéri à sa filiale, Douala International Terminal (DIT) pour une internalisation de sa gestion avec la création d’une Régie du Terminal à Conteneurs (RTC). La même volonté politique gouvernementale, avait en 2015 mis sur pied une commission chargée de la normalisation des activités d’exploitation du Terminal à conteneurs et du Parc à bois du combinat portuaire de Douala-Bonabéri. Elle avait recommandé la mutation de l’autorisation d’exploitation dont la SEPBC détenait depuis 1975 en une concession. En application de ses orientations gouvernementales, l’autorité portuaire de Douala a constitué en 2017 et 2021, un Comité bipartite PAD/SEPBC pour normaliser l’exploitation du parc à bois que la Société d'Exploitation des Parcs à Bois du Cameroun (SEPBC) filiale du consortium dont Bolloré est actionnaire majoritaire, détenait l’exclusivité. C’est de ce Comité bipartite qui a décidé en mars 2022 avec l’avis favorable du Comité Consultatif d’Orientation (CCO) que le PAD et la SEPBC devraient désormais être liés par un contrat de concession pour la gestion du Terminal à conteneurs à port de Douala-Bonabéri. Lequel contrat a été paraphé le 8 novembre dernier à la salle des Conseils du PAD et fait obligation de respecter un cahier de charge soumis par la Direction générale du PAD. Ce cahier de charge prévoit de nombreux investissements du concessionnaire SEPBC dès 2023. C’est dire s’il aura fallu du temps, pour que le Cameroun à travers le PAD prenne le contrôle le Terminal à Bois du combinat portuaire de Douala-Bonabéri.
En janvier 1975, la SEPBC remplace la Société de Gestion pour l'Exploitation du Parc à Bois du port de Douala-Bonabéri (SOGEX) à travers un décret l’autorisant d’exploiter en exclusivité de cet espace d’exportation du bois, pour une durée de 25 ans renouvelable. L’ONPC l’ancêtre du PAD en était alors qu’un des actionnaires. Dans la foulée, le gouvernement camerounais réalise des grands travaux de réaménagement pour agrandir la plateforme de ce pan important de l’activité portuaire où transitent 85% des grumes produits par le Cameroun. Environ 20 ha de terrain ont été gagnés sur l'estuaire en zone aval (soit environ 10 ha pour la réception et le triage, 7 ha pour l'entreposage des grumes non flottables et 3 ha pour les grumes flottables). Un brise-lame protégé́ par des débris rocheux a formé une zone protégée d'environ 18 ha pour la mise à l'eau des grumes et leur regroupement en radeaux pour leur chargement sur des chalands le long d'un quai de 350 mètres en eaux peu profondes. Il ne fait pas de doute que pour la première fois depuis les indépendances, l’ancien gestionnaire (SEPBC) devenu concessionnaire aura en charge : - la gestion, l’exploitation, la maintenance, et le développement du Terminal bois du port de Douala-Bonabéri. Mais aussi l’acquisition, la maintenance et le développement de toute installation et outillage dudit terminal.
Ce cahier de charges qu’il doit désormais respecter, l’oblige à effectuer des investissements dès 2023. On peut citer entre autre : - Le revêtement du sol sur 100 000 m2 pour un montant de 5 026 000 000 FCFA ; la construction de hangars sur 2 ans à partir de 2024 pour un montant de 600 000 000 FCFA ; - l’acquisition de nouveaux matériels d’exploitation (chargeuses, reachtakers, élévateurs, tracteurs...etc.) pour un montant de 2 933 000 000 FCFA. Par ailleurs, le PAD attend désormais par an du concessionnaire : - 100 000 000 FCFA de tickets d’entrées ; - les redevances fixes à hauteur de 1976 FCFA/m2 contre 1630 FCFA/m2 actuellement, pour une superficie évaluée à 28 ha soit 560 000 000 FCFA/an ; - le reversement de 2,5% du chiffre d'affaires contre 75 FCFA/m3 de bois embarqué au Port de Douala-Bonabéri ; - la redevance marchandise évaluée à 1200 FCFA/m3 de bois embarqué ; - le partage à part égale entre le PAD et SEPBC des pénalités de stationnement. Le Port Autonome de Douala entend ainsi engranger au terme des 15 ans de durée de la convention, hors redevance sur la marchandise 13,56 milliards FCFA, l'État du Cameroun 29,5 milliards FCFA et le concessionnaire 10,28 milliards de FCFA. Il est évident que dans le cadre du vaste programme de rénovation et de modernisation du Port de Douala-Bonabéri entamé en 2017, pour rendre concret la vision du Chef de l’Etat qui avait prescrit d’en faire « le port de référence dans le Golfe de Guinée », la Direction générale du PAD avec l’onction du Conseil d’administration et avec l’appui du gouvernement, a réussi pacifiquement de faire plier le Groupe Bolloré qui gérait le parc à bois du port de Douala-Bonabéri sans partage.
Ce qui fait qui dire aux acteurs de la plate-forme portuaire qu’avec « cette concession, le Cameroun reprend ainsi le contrôle d’une autre activité du combinat portuaire de Douala-Bonabéri qui lui échappait depuis plus d'un siècle et contrôlé par les français avant et après les indépendances ». Toutefois, le Port Autonome de Douala n’a pas attendu ce contrat de concession pour engager des travaux de construction d’un nouveau quai polyvalent au parc à bois qui était en état de décrépitude avancée pourtant sous exploitation exclusive de la SEPBC depuis 1975. Ce quai dédié, est capable d'accueillir plusieurs types de navires. Depuis 2000, la Direction Générale du PAD a fait de la rénovation du Terminal bois une de ses priorités. Car, c'est ici que se déroulent toutes les opérations liées au commerce extérieur du bois, pourvoyeurs de devises pour le Cameroun.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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