VENTE DE BOLLORE AFRICA LOGISTIC
Une grève du personnel annoncée dans deux entreprises de Bolloré Cameroun. A l’origine, le refus des dirigeants du Groupe Bolloré d’appliquer une décision une décision de l’Inspection du travail du Littoral de payer les droits des employés. Ils disent attendre un soutien du Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, Grégoire Owona. Ce dernier va-t-il sacrifier les droits des 3000 employés camerounais de Bolloré Africa Logistics qui vient d’être vendu à 100% au Groupe italo-suisse, Mediterranean Shipping Company ?

Le climat était déjà très tendu depuis des mois au sein de Bolloré Africa Logistic (BAL) Cameroun. Il s’est considérablement dégradé le 18 janvier 2023 au sortir de la réunion tripartie (Groupe Bolloré, Délégués du Personnel et l’Inspection du Travail) en vue de trouver des voies d’une application plus consensuelle et moins contraignante de la décision de la Délégué régionale du Travail et de la sécurité Social du littoral signé en date du 1er août 2022. Malheureusement, la le Groupe Bolloré ne s’est pas montré de bonne foi. Les deux représentants du Département des Ressources Humaines de la Direction régionale de Bolloré Golfe de Guinée vont faire dans le dilatoire en soutenant que leur hiérarchie dit attendre la réponse au recours gracieux introduit auprès du Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale (MINTSS), Grégoire Owona dont certaines susurrent qu’il aurait une relation très étroite avec la haute administration du Groupe Bolloré. Ce qui fait craindre qu’il puisse sacrifier les droits et intérêts des Camerounais à l’autel de ses intérêts personnels. Seulement, la Déléguée Régionale du MINTSS, Mme Sonia Etoundi Bekono va demander de savoir sur quel autre article du Code du travail en vigueur ce recours gracieux va s’appuyer pour prospérer. Les représentants de Bolloré vont rester sans voix. Le Collectif des délégués du personnel de BTL Cameroun et SOCOPAO Cameroun va arriver à la conclusion que le Groupe Bolloré fait du dilatoire et est plus que jamais déterminé de ne pas leurs payer leurs droits avec les indemnisations qui vont avec conformément à l’article 42 du Code du travail.
Une attitude qui a spontanément fait monter le mercure du climat social. Aussitôt sorti de la tripartite, «Le Collectif des Délégués du Personnel de BTL et SOCOPAO Cameroun a fait un compte rendu de cette réunion aux employés qui ont voté à l'unanimité pour un arrêt de travail. A cet effet, un préavis de grève est en cours de téléchargement et sera déposé à la Délégation Régionale du Travail du Littoral dans les heures qui viennent », confie un employé. Le lendemain 20 janvier 2023, le Collectif a de nouveau rassemblé les travailleurs pour soumettre à leur amendement la teneur du préavis de grève qui a été rédigé à leur demande. Et à l’unanimité, il a été demandé au seul Président (des 13 Syndicats d’entreprises existants) et par ailleurs délégué du personnel, solidaire à cette cause de déposer ledit préavis de grève. Par la suite, il a été aussi décidé la reprise du port des tenues noires dès le lundi 24 janvier 2023. Une situation que suit attentivement le nouveau repreneur qui en est très embarrassé. Contraignant ainsi les responsables pays de MSC de tenir des réunions de crise dans les bureaux du DG de BTL Cameroun à Douala les 19 et 20 janvier courant.

L’entourloupe n’a pas prospéré
L’affaire remonte au 31 mars 2022, lorsque le capitaine d’industrie français, Vincent Bolloré, qui a constitué une grande partie de sa fortune en contrôlant la majorité des terminaux portuaires dans les pays africains et en devenant l’un des acteurs majeurs du secteur de la logistique maritime, a cédé l’essentiel des activités africaines du groupe qu’il dirige au Groupe Italo-suisse, Mediterranean Shipping Company (MSC) pour la somme de 5,7 milliards d’euros (environ 3727,8 milliards Fcfa.. En intégrant les actifs de Bolloré Africa & Logistics (BAL), à son portefeuille, MSC se hisse désormais à la première place mondiale dans le transport et la logistique maritime. Au Cameroun, l’inquiétude des 3 300 employés répartis dans les cinq (5) sociétés de BAL Cameroun (CAMRAIL, SEPBC, KCT, BLT et SOCOPAO) se ravivent. Même la sortie dans le Magazine panafricain « Jeune Afrique », édition du 30 mai 2022, du patron de MSC, Diego Aponte, le fils du Capitaine d’industrie Italo-Suisse, Gianluigi Aponte, qui a pris depuis 2014 les commandes de la compagnie maritime familiale MSC, n’estompe pas leurs incertitudes. C’est alors que les employés de Bolloré Transport and Logistics (BTL) et SOCOPAO Cameroun par le biais de leurs délégués du personnel, vont réclamer le paiement de leurs droits avant la modification de leur contrat de travail et le paiement d’une prime de participation à la vente.
Ceci conformément à l’article 42 la loi portant Code du Travail. Ce d’autant plus que dans les deux entreprises, Bolloré était actionnaire majoritaire respectivement à hauteur de 83% et à 87%. Arguant qu’«il est de notoriété publique que ce sont l’expérience, le professionnalisme et le savoir-faire des employés qui ont été cédés à MSC ». D’ailleurs qui va décider garder tous les employés et même les dirigeants des différentes entreprises de BAL. Face au refus de la Direction générale du Groupe Bolloré monde par la voix de Cyrille Bolloré de faire appliquer l’article 42 du Code du travail en vigueur au Cameroun, une procédure d’arbitrage est engagée à l’Inspection du travail du Littoral. Après plusieurs confrontation et les mémoires de défense de chacune des parties, la Déléguée Régionale du Travail, Mme Sonia Etoundi Bekono a dans une lettre datée du 1er août 2022 avec pour objet : « Dégradation du climat social et relance pour avis » affirme que l’article 42 du Code du travail est applicable dans ce litige. Au lendemain de la signification de la décision d’arbitrage de l’Inspection du traval, le Directeur Région Golfe de Guinée de Bolloré Transport & Logistics, Serge Agnero, a rencontré le Collectif des délégués du personnel, le 04 août 2022 pour leur réaffirmer que BAL n’entendait pas respecter cette décision. Une sortie qui a eu le mérité d’irriter le personnel.

En riposte, le Collectif des Délégués du personnel a poursuivi avec la procédure administrative dans la perspective de déboucher à un préavis de grève. Seulement, faisant suite au ramdam médiatique sur cette grogne pacifique, le Groupe Bolloré va demander aux Directeurs et Managers de BAL Cameroun de solliciter du Collectif des Délégués du Personnel de BTL et SOCOPAO Cameroun de faire fi de la décision qui somme Bolloré d’appliquer l'article 42 de la loi portant Code du travail pour solliciter d’engager des négociations dans l’optique d’aboutir à une prime de vente qui devrait être versée aux employés. La défense de la Direction régionale Golfe de Guinée de BAL qui soutenait que l’article 42 ne peut pas s’appliquer dans cette vente qui ne concerne pas les entreprises de BAL au Cameroun est mise à nu par un sentencieux désaveu.C’est tout d’abord, Cyrille Bolloré, fils de Vincent Bolloré qui a repris le contrôle du Groupe Bolloré monde depuis quelques année, qui, dans un communiqué interne du 21 décembre 2022 adressé aux employés, faisait l’annonce de la finalisation du processus de vente de la totalité des actions de BAL regroupant l’ensemble des activités de transport et logistique du Groupe Bolloré en Afrique sur la valeur initialement annoncée. « A la suite des communiqués de presse du 31 mars et du 1er décembre 2022,Bolloré SE annonce la réalisation en date de ce jour de la cession au Groupe MSC de 100 % de Bolloré Africa Logistics », indiquait le communiqué. Et de préciser : «Le prix de cession des actions s’établit à 5,1 milliards d’euros auquel s’ajoutent 600 millions d’euros de remboursement de comptes courants ». Pour sa part, le patron de MSC, Diego Aponte, le fils du Capitaine d’industrie Italo-Suisse, Gianluigi Aponte, va dans un message envoyé aux employés de BAL en fin d’année rassurer les 21 000 collaborateurs répartis dans les 250 filiales représentés dans les 47 pays africains de sa fierté de poursuivre l’aventure avec eux. Y compris, les 3 300 employés répartis dans les cinq (5) sociétés du Groupe Bolloré au Cameroun (CAMRAIL, SEPBC, KCT, BLT et SOCOPAO). «Je suis très fier d’annoncer la finalisation de l’acquisition de Bolloré Africa Logistics et de vous souhaiter la bienvenue au sein de la famille MSC », leur adressera-t-il. Avec cette confirmation et le refus d’appliquer la décision de l’inspection du travail, un mouvement d’humeur est projeté pour les prochains jours.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
Laisser un commentaire et Abonnez-vous .
Comments