FUSION GICAM – ECAM
La sortie très attendue du Comité des sages du GICAM a finalement eu lieu à l’issue de sa session du 25 mai 2023. Elle faisait suite à la session ordinaire du Conseil d’administration tenue le 17 mai 2023. Et voilà qu’en riposte, cette dernière instance s’est à nouveau réunie le 30 mai en session extraordinaire. Ceci malgré l’interdiction en toute illégalité du Ministre de l’Administration Territoriale. La bataille pour et contre la fusion entre le GICAM et ECAM se joue sur plusieurs fronts. Au forceps, l’Assemblée générale extraordinaire consacré au référendum est convoquée pour le 11 juillet 2023.
La bataille du pour ou contre la fusion entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) et Entreprises du Cameroun (E-Cam) a pris des allures épiques. Depuis le 5 avril 2023, date de la cérémonie officielle de signature du Traité de fusion, une levée de bouclier des membres du GICAM, certes minoritaire du Conseil d’administration de cet inter-patronal a été enregistrée. Ils affichaient leur désolidarisation à cette fusion annoncée. C’est le cas du patron de MIT CHIMIE, Emmanuel Wafo, ci-devant président de la Commission économique et de développement de l’entreprise qui s’était officiellement affiché comme la tête de proue de l’opposition à cette fusion. Dit-on parce que Tawamba et lui dans une entête avait fait de lui le successeur désigné. Dans sa sortie, il avait annoncé que ce n’est pas de la fusion entre les deux organisations qui est le problème, mais la nature de la fusion. Comme lui, les membres qui sont opposés à cette fusion dénoncent le caractère « mesquin » de la démarche. Soutenant que, le président Célestin Tawamba leur avait vendu la fusion-absorption. Mais qu’elle n’a pas été leur étonnement d’apprendre dans les journaux qu’en fait, il s’agissait d’une fusion-création qui devrait aboutir à la création d’une nouvelle centrale patronale unifiée. Consacrant ainsi la disparition du GICAM et dissimulant une stratégie pour se maintenir aux affaires, alors qu’il s’achemine allègrement vers la limitation de mandat qui arrive en décembre 2023. C’est pourquoi leur leitmotiv de campagne est : « Sauvons le GICAM ». Un mouvement qui a fini par créer une page facebook pour se faire entendre et mobiliser au maximum. Depuis lors, la bataille s’est déportée dans l’espace médiatique et les réseaux sociaux. Chaque camp allant de son interprétation des dispositions statutaires. Le président Célestin Tawamba est accusé d’une part d’avoir fait valoir une entourloupe et d’autre part d’avoir mis la charrue avant les bœufs. Il est accusé de n’avoir pas informé le Comité des sages dans les règles. Ce ne serait qu’un mois après qu’il aurait transmis le traité de fusion GICAM-ECAM sans y joindre toute la convention ou charte qui encadre cette fusion.
Le Comité des sages divisé
Fort de cette transmission, le Comité des sages s’est réuni en session ordinaire le 25 mai 2023 au siège de l’institution pour statuer sur la signature du Traité de fusion. La tentative du président Célestin Tawamba d’y prendre s’est soldé par un refus catégorique du président. Du communiqué final contesté par un des membres, il ressort que : « Le Comité, ayant constaté des erreurs de forme et de fond dans le Traité de Fusion signé avec E-CAM, le 5 avril 2023 (entre autres : informations incomplètes, saisines tardives du Comité des Sages ), demande au Président de GICAM de surseoir immédiatement toute activité sur le Traite de Fusion jusqu’à l’exécution à la satisfaction du Comité des Sages d’un ‘’due diligence’’ par un cabinet compétent pour réassurer les membres du GICAM sur le bien-fondé du dossier ». Précisant au passage que l’idée de la fusion est « louable et entièrement soutenu par le Comité des Sages». En revanche, répercutant la volonté d’une frange des membres du Groupement qu’on dit majoritaire, le Conseil indique que cette fusion doit être une fusion-absorption et non une fusion-création afin de préserver «la réputation et pérennisant le nom du GICAM ». Là est tout le nerf de la guerre. Dans cette option le Conseil des sages invite « le E-CAM de s’abonner au GICAM et de leur proposer un siège institutionnel au Conseil d’Administration ». Pour sa part, les soutiens de Tawamba ne sont pas en reste. A l’instar de l’ancien Vice-président du GICAM et non moins membre du Comité des sages, Henri Fotso, qui a dans une réplique jetée un pavé dans la marre. Dans sa sortie relayée par des médias, il conteste le procès-verbal de la dernière session du Comité. « Le Procès-verbal qui a suivi et qui circule, n’est ni conforme à nos échanges, ni même en cohérence avec la nature statutaire du Comité des sages, tel qu’il a été pensé lors de sa création. Je ne peux en toute responsabilité, et en mon âme et conscience, valider des délibérations non conformes à la réalité de nos débats ». Même le président d’ECAM, Protais Ayangma a publié une tribune dans le Quotidien Mutations pour justifier le bien-fondé de cette fusion. Non sans reconnaître la petitesse de son organisation, mais en présentant son apport non négligeable.
Jusqu’au-boutiste
Des voix à l’interne disent ne pas comprendre cette détermination du président Célestin Tawamba de vouloir mettre à perte et profit les acquis du GICAM, 66 ans d’existence, une histoire, un siège, plus de 1000 membres (entreprises, syndicats et regroupements professionnels). Ceci en cédant aux exigences d’E-CAM, une organisation qui a 13 ans d’existence, végète et a été créée par une frange très insignifiante des dissidents du GICAM. «Pour ceux qui arguent que E-CAM devrait être pris au sérieux parce qu’il regroupe les PMEs/PMIs qui représentent 98% de l’économie camerounaise, nous répondons que le CPME qui est le plus important regroupement des PMEs/PMIs est membre du GICAM », souligne un membre qui requiert l’anonymat. Comme lui, plusieurs membres s’étonnent de l’entêtement du président Célestin Tawamba de s’engager dans cette entreprise « vicieuse et malicieuse » contre l’avis même de ses plus proches collaborateurs. Au point de conduire à des défections. C’est le cas de son Directeur de Cabinet, Alexandre Francis Sanzoungo qui a décidé depuis quelques semaines de démissionner de ses fonctions devant la détermination d’aller jusqu’au bout de son entreprise. Des indiscrétions font état de ce que le président du GICAM a décidé d’outrepasser les réserves émise par le Comité des sages pour solliciter l’arbitrage de l’organe suprême du GICAM qui n’est autre que l’Assemblée générale dont on annonce la convocation d’une session extraordinaire consacrée à se prononcer sur la validation ou l’invalidation de la fusion. Dans cette perspective, on signale que Célestin Tawamba multiplie des manœuvre souterraines pour se constituer une nouvelle task force et une majorité statutaire. C’est ainsi qu’il multiplie des audiences à l’instar de celle du capitaine Feyou de Happi qui compte une dizaine d’entreprises membres qu’il a reçu comme un président de la République. Mais aussi, l’on signale une envolée surprenante du nombre d’entreprises qui se mette subitement à jour. Il se susurre à tort ou à raison qu’il aurait cassé sa tirelire pour éviter à cette fin pour ne pas perdre ce combat.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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