JOURNEE INTERNATIONALE DE LA DEMOCRATIE
A l’occasion de 17è Journée Internationale de la Démocratie, trois organisations que sont : Tournons La Page Cameroun, Dynamique Citoyenne (DC) et la Centrale Syndicale du Secteur Public (CSP), se sont prononcées sur les enjeux des échéances électorales 2025 au Cameroun. En donnant leur avis sur la question fondamentale à savoir si l’alternance démocratique est-elle possible ? Et sur la solution pour parvenir à une alternance démocratique.
A l’occasion de 17è Journée Internationale de la Démocratie, trois organisations que sont Tournons La Page Cameroun, Dynamique Citoyenne (DC) et la Centrale Syndicale du Secteur Public (CSP), ont rendu publique une déclaration sur les enjeux des échéances électorales 2025 au Cameroun. Après avoir peint un tableau quasi-exhaustif sur la vie publique au Cameron qui est marquée par une mal-gouvernance endémique dans tous les secteurs au point de susciter l’indignation des citoyens qui en sont les principales victimes, elles sont arrivées à la conclusion suivante : «Du point de vue des acteurs de la Société Civile que nous sommes, la participation à quelque élection que ce soit (aux élections) de tout parti politique se réclamant de l’opposition dans ce contexte où les institutions républicaines et le processus électoral sont sous le contrôle systématique du parti au pouvoir (RDPC), non seulement dévoile sa complicité avec les gouvernants, mais aussi surtout constitue clairement un acte de trahison contre le peuple Camerounais». En dépit du fait qu’elles sont conscientes que les échéances électorales de 2025 au Cameroun suscitent un vif intérêt sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’une grande interrogation quant à la possibilité d'une alternance démocratique dans ce pays qui est dirigé depuis 42 ans par le Président, Paul Biya.
Depuis 92, les élections multipartistes sont pipées
Partant des premières élections du genre (législatives et municipales) organisées en 1992, il est inéluctable que les élections jalonnent l’actualité camerounaise. Malheureusement, le constat est patent : non seulement aucun changement n’a pu se réaliser par la voie des urnes, le plus grave c’est que la démocratisation peine à se faire. Et pour cause, la caporalisation et la confiscation du système électoral par le régime en place. Toute chose qui, au fil des ans, a fini par lasser l’opinion publique et susciter le dégoût et le désintérêt des Camerounais vis-à-vis des élections. De ce fait, c’est une lapalissade de dire que le système électoral camerounais actuel, au vu des insuffisances de son dispositif juridique et réglementaire, de son mode opératoire vicié et partisan, et des multiples crises post électorales enregistrées depuis le retour au multipartisme, suscite de nombreuses interrogations et de sérieuses inquiétudes. Dans le domaine politique, la plupart des principes fondamentaux de la démocratie sont bafoués par le gouvernement et son administration qui mettent tous les leviers en œuvre pour maintenir cette cacophonie à nulle autre pareille.
Par exemple, l’opinion publique nationale et internationale est dans l’ignorance totale du calendrier électoral devenu la propriété du Chef de l’Etat, Président du RDPC qui le détermine au gré de ses intérêts personnels et ceux de son parti. Conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur, quatre (4) élections étaient prévues au cours de l’année 2025. Il s’agit précisément des municipales, des législatives, de la présidentielle et des régionales. Curieusement et à la grande surprise aussi bien du peuple camerounais que de tous les observateurs avertis de la scène politique camerounaise, le mandat des conseillers municipaux et des députés a été prorogé sans raison valable de 12 mois. «Une prorogation», souligne la plateforme. A cela, on peut aussi relever le fait que le respect de l’expression des suffrages des citoyens lors des votes qui est un des éléments fondamentaux qui garantissent la crédibilité et la transparence d’une élection qui se voudrait démocratique, n’est pas garanti au Cameroun. «Le phénomène de fraude électorale étant institutionnalisé à travers ELECAM (Elections Cameroon), machine de fabrication des victoires du parti au pouvoir, le RDPC, spécialiste dans le tripatouillage des opérations électorales. Toutes choses qui ont pour conséquence la production des résultats électoraux dits légaux, mais dont la légitimité est sérieusement questionnable», précise la déclaration.
Conditions de participation aux échéances électorales
Au regard de tout ce qui précède, les trois OSC arrivent à l’assertion que, «même si l’on observe une réelle mobilisation des Camerounais tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays pour les inscriptions sur les listes électorales, au vu du dispositif législatif, réglementaire et administratif actuel, le Cameroun ne réunit pas les conditions requises pour l’organisation des élections démocratiques, libres et transparentes susceptibles d’être acceptées par tous». C’est sûrement ce qui a fait dire à Robert Charvin, politologue européen qu’« au Cameroun, les consultations électorales, qui se succèdent et se ressemblent, institutionnalisent une alternance sans alternatives en désignant des représentants très peu représentatifs, libérés de tout engagement vis-à-vis de leurs électeurs ». Toutefois, il convient de dire qu’en dehors de quelques évolutions de forme, le fond est resté le même. De ce fait, les trois OSC soutiennent que : «La problématique de l’alternance au Cameroun est restée au stade des incantations». Car, on a plus affaire aux paroles et discours qui tranchent avec la pratique des dirigeants au quotidien et les attentes des populations. Par conséquence, elles proposent quelques réformes nécessaires pour aspirer à un processus électoral transparent et équitables au Cameroun afin de le mettre à l’abri des différents désagréments qui ont cours dans certains pays Africains ces dernières années c’est l’engagement urgent de véritables réformes.
Cela passe par une réforme profonde des institutions de la République, sur la base d’un programme en quatre phases à savoir : - L’organisation des états généraux de la nation; - La mise en place d’un gouvernement de transition ; - L’organisation des élections libres et transparentes. Même si on peut observer que pendant ce temps, un certain nombre de partis de l'opposition sont également actifs sur l’ensemble du territoire national et à l’international, chacun avec sa stratégie soit pour reconstruire la confiance auprès des populations (jeunes hommes et femmes, diaspora, etc.), soit alors pour se constituer une base électorale solide susceptible de s’investir efficacement dans toutes les dynamiques qui militent pour le changement dans notre pays. Ce qui étonne les trois organisations que sont Tournons La Page (TLP) Cameroun, Dynamique Citoyenne (DC) et la Centrale Syndicale du Secteur Public (CSP). Qui estime d’une part que les partis d’opposition véritables devraient se concentrer sur les préalables au rang desquels la réforme du Code Electoral qui s’impose en vue d’un système électoral consensuel. Et d’autre part que la Société Civile militante, à ne pas confondre avec la Société Civile d’accompagnement, au-delà de la sensibilisation des populations sur l’importance du vote et de la veille citoyenne, devrait se concentrer essentiellement sur son plaidoyer pour la réforme du système électoral, notamment l’adoption d’un code électoral consensuel, gage de la transparence et de la crédibilité des élections dans notre pays.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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