HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA
Ce n’était pas un poisson d’Avril. Depuis le 1er avril 2023, une affaire de vol de bébé à l’Hôpital Laquintinie de Douala va noyer l’actualité. Une affaire devenue virale sur la toile. Suscitant un tollé général au sein de l’opinion publique nationale. Entrainant sanction à titre conservatoire du personnel de garde et l’ouverture d’une enquête mixte Police-Gendarmerie. Malheureusement, avec la descente à Douala du Ministre de la Santé Publique, Manaouda Malachie le 6 avril, le dénouement va connaitre un retournement spectaculaire de la famille éplorée.
On se serait cru au retournement spectaculaire qui avait permis de faire échec à la tentative du coup d’Etat manqué du 06 avril 1984. Au sortir de la réunion à huis clos présidée par le Ministre de la Santé Publique, Manaouda Malchie en compagnie du Gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua et tout son état-major, le 06 avril 2023 dans la salle de réunion de la maternité de l’hôpital Laquintinie de Douala Esther Aurélie Belle va déclarer : « Je voudrais dire, que je sors d’ici avec des réponses parce que j’avais beaucoup de questions après ce qui s’est passé. Je sors d’ici ayant fait mon deuil parce que je sais désormais ce qu’est devenu le fœtus en question. Je ne peux que rendre gloire à Dieu et m’arrêter là». Le Conseil de Dame Bell, Me Kwawah Limen Phrobert déclare que sur les explications des gynécologues, et la confrontation du dossier médical, il est claire que la grossesse n’a pas atteint six (6) mois et par conséquence, il n’y a pas eu de bébé volé parce qu’il n’y avait pas de bébé a volé, et annonce que la famille demande à l'immédiat l'arrêt de toutes les poursuites administratives et judiciaires, mais aussi que sa client va bénéficier un accompagnement psychologique. Et le Ministre de la Santé Publique, Manaouda Malachie de conclure : « Il a été clairement admis par la famille et toutes les parties en présence qu’il n’y a eu aucun vol de bébé. Mme Esther Bell a conduit une grossesse qui n’a pas pu passer le cap de six (6) mois. Malheureusement c’est ce qui arrive dans certains cas. Les spécialistes que sont le Gynécologues nous ont parlé d’un avortement tardif». Au cours des échanges qui permis de retracer son parcouru clinique, il en ressort que Bell Esther Aurélie au regard de la complication de sa grossesse est allée dans plusieurs structures sanitaire (Hôpital de District de Nylon, le Centre du BBR et la Clinique Saint Paul) avant d’arriver à l’Hopital Laquintinie de Douala. A L’hôpital de District de Nylon, il est inscrit dans le diagnostic de la patiente qu’elle «présente une hauteur utérine de 15cm fortement discordante avec l’âge déclaré de la grossesse». Lorsqu’elle arrive en situation d’urgence, le personnel de garde se préoccupe à procéder aux manœuvres d'usage pour sauver la vie de la patiente.
La pomme de discorde
En effet, dans la nuit du jeudi 30 au vendredi 31 mars 2023, accompagnée de sa mère et de sa belle-sœur, Esther Aurélie Bell, 37 ans, arrive précipitamment à la maternité de l’Hopital Laquintinie de Douala (HLD), vers 23h30min, gestante et avec un saignement pré-vaginal de moyenne abondance. Obligeant le personnel médical de la prendre rapidement en charge et la conduire en salle d’accouchement. Vers 04H45min, elle va délivrer et va entrer dans un sommeil comateux. A son réveil, deux heures plus tard, Esther Aurélie Bell veut voir le bébé qu’elle espérait avoir donné naissance, elle se verra dire qu’il en est sorti simplement « un produit de conception avec en annexe un fœtus pesant 900g, des révisions utérines fait de caillots sanguins, de débris de placenta,… le tout a été malencontreusement évacué dans le vidoir par une stagiaire au moment de faire la propreté de la salle d’accouchement ». Une explication qui n’aura pas satisfait Esther Aurélie Bell qui estimait que ce produit de conception devrait lui être présenté et principalement le placenta pour sacrifier aux us et coutumes africaine avant de le verser. Conséquence, pour elle et sa famille, il ne fait l’objet d’aucun doute qu’elle a donné naissance à un bébé et que ce dernier a été purement et simplement volé. Pendant 48 heures, la maternité est en ébullition. Lorsque le Direction de l’Hôpital Laquintinie de Douala, est au parfum de cette situation, il dit avoir mené ses investigations en vue de parvenir à la vérité. Par la suite, il va organiser une confrontation entre le personnel soignant et la famille. Selon un communiqué signé le 03 avril 2023, alors que cette affaire embrasse la toile et les médias, le Directeur de l’HLD, Pr. Noël Emmanuel Essomba indique que : « La jeune dame concernée est arrivée pour menace d’avortement tardif inévitable a expulsé un fœtus non viable ». Et de conclure qu’en « définitive, il n’y a pas eu de vol de bébé ». Des indiscrétions font état de ce que toutefois, à l’issue de cette confrontation, la Direction a reconnu la faute de son personnel soignant qui n’a pas respecté la procédure médicale en la matière qui consisterait à présenter ce produit de conception à la famille avant d’en décider la destination finale. Et aurait promis pour un motus vivendi, une somme compensatrice de un million FCFA.
Quiproquo sur les deux âges de la grossesse
Pendant que la procédure était encourt pour obtenir l’avis favorable de sa hiérarchie, la famille impatiente a vite fait de se servir du ramdam médiatique et cybernétique pour mettre la pression. Malheureusement, l’affaire va prendre une autre tournure qui va échapper à la famille éplorée, au point de voir les internautes et la société civile s’en accaparer et la faire d’avantage mousser. Face à cette forte suspicion de vol de bébé qui noie toute l’actualité, le Directeur de l’HLD fait une nouvelle publication, le 5 avril, dans laquelle, il dit prendre les mesures conservatoires suivantes : - l’arrête immédiat du stage académique la nommée Folon Dzelamonyuy, - la suspension jusqu’à ce que toute la lumière soit faite des sages-femmes : Tchuendem Ariane Fabiola et Fotso Kamga, - l’ouverture d’une enquête administrative en interne, - sollicitation de la Gendarmerie en vue de l’ouverture d’une enquête judiciaire. Le Gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua va à son tour demander l’ouverture d’une enquête mixte Police-Gendarmerie. Pendant ce temps, Esther Aurélie Bell, son compagnon Luc Djemba Hol et sa famille constituent Me Kwawah Limen Phrobert, Avocat au Barreau du Cameroun. Tous soutiennent mordicus qu’il ne fait pas de doute que le bébé a été volé. Les preuves sont brandies. Notamment, les résultats des examens de suivi de la grosse, les échographies, et le carnet médical entre autres. On peut y lire du diagnostic de la première visite médicale, effectuée le 18 septembre 2022, chez le Dr Mvondo de l’Hôpital Saint Paul de Nylon que : « Grossesse mono-embryonnaire intra-utérine évolutive de neuf (9) mois, avec pour date probable d’accouchement le 24 mai 2023 ». Tout comme les résultats de l’échographie effectuée le 24 octobre 2022 à l’Hôpital de District de Nylon pour le compte du 1er trimestre de la grossesse indique que : « la date probable d’accouchement est le 24 mai 2023 ». Ce qui avait conduit la porteuse de la grossesse de soutenir mordicus qu’elle était au huitième (8è) mois de sa grossesse et qu’il n’était pas question d’une Interruption volontaire de grosse (IVG). Même si elle reconnait pendant la grossesse que « l’enfant qu’elle portait était très capricieux et ne bougeait pas beaucoup ».
Manaouda Malachie, le sapeur-pompier
Au regarde des tensions sociales et de la récupération politique qui se profilait à l’horizon, le Ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie décide d’effectuer une descente à l’Hôpital Laquintinie de Douala pour faire la conciliation sur cette affaire du « bébé volé » et par la suite va se rendre l’Hôpital régional de Nkongsamba pour s’enquérir respectivement de l’affaire du bébé volé et de celle du bébé calciné dans une couveuse. En prélude, la Direction de l’HLD va rencontrer la famille par deux fois. La veille et très tôt dans la matinée du 6 avril. A l’issue de la réunion présidée par le Minsanté à l’HLD, il a, au regard de la défaillance observée et pour que cela n’arrive plus, promis de prendre une circulaire qui va étendre les recommandations prises à l’ensemble des formations sanitaire à savoir : qu’elles devraient communiquent mieux que ce soit à l’interne ou à l’externe. En expliquant mieux aux patients leur diagnostic et leur traitement. Mais aussi que désormais lorsqu’une femme est prête à accoucher on va lui demande si oui ou non elle veut être assistée par une personne de confiance et si oui par qui ? Et nous consignerons cet avis dans un registre pour que nous résolvions ensemble plusieurs problèmes : D’emblée la maltraitance dont on accuse nos aides-soignants, d’autre part la suspicion qui arrive toujours dans ce cadre-là. Cela peut aussi donner lieu à l’agression du personnel de santé en ce moment nous veilleront à ce que le personnel de santé soit en sécurité. Les procédures au niveau de ce service doivent être bien connues et assimilés par tous. Ainsi lorsque nous venons auditer la gestion d’une ou d’un patient nous soyons en mesure d’établir facilement les responsabilités. Il sera aussi mis des caméras de surveillance qui devraient pouvoir aussi nous relater ce qui s’est passé. L’avocat a sollicité au regard de la négligence médicale reconnue dont s’est rendue coupable le personnel soignant une indemnité compensatrice dont le montant n’a pas été faite séance tenante. Les prétentions ont été transmises à la hiérarchie pour appréciation.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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