CAMEROON INVESTMENT FORUM 2024
Placée sous le haut patronage du Président de la République, la 4è édition du Forum des investisseurs couplée au marché de l’investissement s’est ouverte le 17 avril 2024 à Best Western Hôtel de Douala. Elle a été co-présidée par le Ministre Délégué au Ministère de l’Economie, du Plan et l’Aménagement du Territoire, Paul Tasong et le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Economie Sociale et l’Artisanat, Achille Basseliken II. Elle s’achève le 19 avril 2024.
Placée sur le thème : «L’attrait des investissements productifs dans les chaines de valeur agricoles et halieutique en vue d’intensifier la dynamique d’import-substitution au Cameroun : Focus sur les filières riz, maïs, poissons, lait et palmier à huile», la 4è édition du Cameroon Investment Forum (CIF) s’est ouverte le 17 avril 2024 pour durer trois jours à l’hôtel Best western à Douala. Comme les trois précédentes éditions, aussi organisées dans la capitale économique, il vise à impulser la dynamique de développement économique national afin de bâtir une économie prospère, performante et compétitive. Ceci en s’appuyant sur le secteur privé et sur l'investissement comme des leviers essentiels de la croissance économique. C’est cette politique gouvernementale en matière de développement et de promotion des investissements, avec un accent sur l'attrait, l'assistance, l'accompagnement et la facilitation au profit des investisseurs que l’Agence de Promotion des Investissements (API) a pour mission de mettre en œuvre. La cérémonie d’ouverture a enregistré la présence du Ministre Délégué au Ministère de l’Economie, du Plan et l’Aménagement du Territoire, Paul Tasong et le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Economie Sociale et l’Artisanat, Achille Basseliken II, avec à leur côté le gratin administratif et du monde des affaires de la région du Littoral, mais aussi des délégations venues de plusieurs pays à l’instar de l’Inde, de l’Egypte,… parmi lesquelles la présidente de l’Union des femmes investisseurs arabes, Mme Hora Galal Yassa.
Import-substitution une niche d’opportunités
La 4è édition de la CIF 2024 s’inscrit dans cet élan, mais plus encore dans l’implémentation du plan triennal d’import-substitution prescrit par le Président de la République, Paul Biya lors de son adresse à la nation pour le compte de la fin d’année 2023 et le nouvel an 2024. : «Le plan triennal intégré d’import-substitution pour la période 2024-2026, que j’ai prescrit au Gouvernement, participe également de mon souci de permettre à notre pays d’économiser de précieuses ressources». Et à l’invite faite à la même occasion à l’amélioration du climat des affaires : «L’amélioration du climat des affaires est, à l’évidence, une condition essentielle à l’attraction des investissements étrangers, ainsi qu’à la création d’un secteur privé vigoureux, susceptible, grâce à une création dynamique d’emplois et de richesses, de faciliter notre accession à l’émergence». Le Directeur Général a.i de l’API, Donatus Boma dira à cet effet que : «Le CIF marque ainsi un point d’ancrage pour l’API dans l’optique de réaliser cette politique dont l’enjeu est critique pour le développement économique de notre pays».
Inéluctablement l’objectif général du CIF 2024 est de mobiliser et orienter des investissements vers des projets de développement des segments/maillons critiques ou niches des chaînes de valeur des filières dont cinq (riz, maïs, poisson, lait e huile de palme) des douze retenues par la Stratégie Nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30) sont au cœur de ce CIF 2024 afin de contribuer in fine, à la résorption du déficit de la balance commerciale du Cameroun à travers l’import-substitution. Le Coordonnateur National de la Centre de Réseaux des Filières de Croissance (CRFC) et PCA du CAARD, Dr Simon François Yonga Bakalag d’affirmer que : «La question de l’import-substitution est une question assez importante ce d’autant plus que c’est un concept fondamental pour réduire la dépendance du Cameroun aux importations et stimuler la production locale». Et de souligner que : «C’est le chemin à suivre pour sortir véritablement du sous-développement. Et cela n’est pas impossible, car le Cameroun est un pays d’opportunités».
Ces opportunités se traduisent par les valeurs monétaires qui résultent des volumes des importations de ces produits relevant des douze filières de croissances. Les chiffres officiels indique que : - La demande nationale du riz est de 757 000 tonnes contre une production locale de 217 280 tonnes pour un déficit de 539 720 tonnes et une importation de 650 000 tonnes soit un montant de 160 milliards de FCFA. La demande nationale du maïs est de 2,8 millions de tonnes, contre une production locale 2,2 millions de tonnes pour une déficit est de 600 000 tonnes. – La demande nationale du lait est de 300 000 tonnes contre une production locale de 185 870 tonnes, pour un déficit de 114 430 tonnes et une importation du lait en poudre de 18 359 tonnes pour un montant de 32 milliards de Fcfa. – La demande nationale de l’huile de palme est de 1 179 252 tonnes, contre une production locale de 360 000 tonnes pour un déficit de 819 252 tonnes et une importation de 143 000 tonnes pour une valeur monétaire de 57 milliards de FCFA. – La demande nationale des produits halieutiques est de 500 000 tonnes, contre une production locale 335 000 tonnes, pour un déficit de 165 000 tonnes, et une importation 127 000 tonnes de poissons surgelés pour un montant de 140 milliards FCFA.
Les complaintes du patronat
Des statistiques suffisamment évocatrices. C’est dire que les filières de croissance de référence font l’objet de fortes importations des produits et sous-produits dérivés de transformation. Cette situation est causée entre autre par la faible valorisation au niveau local des chaines de valeur des filières de croissance. Au regard de ces chiffres, on comprend que c’est l’argent que les Camerounais dépensent pour se nourrir. Pas de l’argent qui vient des partenaires financiers internationaux. C’est pourquoi des échanges et interventions, les importateurs ont été interpellés afin de prendre seulement la moitié de l’argent investi dans les importations pour financer la production locale. Preuve s’il en était besoin que pour ceux qui veulent investir, il y a de la matière. Toutefois, le Président du GECAM, Célestin Tawamba, tout en reconnaissant que l’import-substitution est un sujet important relève tout de même que beaucoup d’initiatives d’accompagnement ont été menées par le Gouvernement «mais rien n’a avancé».
Pourtant l’API se gargarise qu’à la faveur de la loi de 2013 sur l’incitation à l’investissement privé, elle a signé 346 conventions avec les entreprises. Les représentants du MINEFI et MINEPAT ont mis en exergue les plans de financement de l’Etat et les enveloppes de garanties, les exonérations accordées à certains secteurs comme l’agropastoral à l’intention des chefs d’entreprises. Mais le porte-parole du patronat s’offusque de ce que le problème foncier est un blocage à l’investissement dans le secteur agricole. «Le titre foncier n’est pas une sécurité. Le Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières peut annuler un titre foncier du jour au lendemain. Comment faire pour investir dans l’agriculture si le titre foncier qui est le premier outil d’une garantie bancaire n’a pas de valeur ?» s’offusque Célestin Tawamba. Non sans dénoncer la mauvaise application de la loi sur les incitations à l’investissement privé qui a conduit à la délivrance des agréments qui causent plus de problèmes qu’ils ne résolvent. «La demande nationale de l’huile de palme présente un déficit de 130 000 tonnes malgré que le Cameroun compte 23 unités de transformation d’huile de palme», fait-il remarquer. Insinuant que ce sont ces unités qui gonflent le volume des importations sans contribuer à l’import-substitution, la solution visant à réduire la fracture du déficit qu’il crée sur la balance commerciale.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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