top of page

ENEO CAMEROON EST SECOUÉE PAR UNE SÉRIE DE COURT-CIRCUITS

CRISE SOCIALE


Au moment où l’on enregistre de l’extérieur les levées de boucliers des consommateurs offusqués contre la qualité de service et la tarification des compteurs prépayés, la menace d’arrêt de prestations des entreprises sous-traitantes, de l’intérieur, les employés montent au créneau pour dénoncer la forte implémentation de la gestion des ressources humaines teintée d’un fort de népotisme et de tribalisme.

Il crépite des étincelles de tout part à Eneo Cameroon. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Faisant l’effet d’un feu d’artifices annonciateur d’un éventuel incendie produit par une série de court-circuit venant de plusieurs points névralgiques aussi bien des consommateurs, des entreprises sous-traitantes que des employés. Le ton a été donné le 25 avril 2023, avec l’avis d’arrêt de travaux sur tout le réseau électrique lancé pour le 10 mai par l’Organisation Interprofessionnelle des Sociétés d’Electricité et d’Eau du Cameroun (ORISELEC). Dans leurs litanies de revendications, on notait : - le non-paiement par Eneo des prestations exécutées ; - le non-paiement des arriérés ; - la suspension abusive des entreprises sous-traitantes. Avant cette date, les membres d’ORISELEC avaient déjà engagé des manifestations devant la Direction générale d’Eneo Cameroon, très vites stoppées par un rappel à l’ordre de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) afin de privilégier les négociations qui étaient en cours à Yaoundé au sein du Groupe de travail MINEE/ARSEL/ENEO/ORISELEC. Pour sa part, Eneo Cameroon note que le chapelet des revendications d'ORISELEC (anciennement ARSELEC) s'est raccourci comparativement au passé. « Ce qui est la preuve que les échanges réguliers avec ces partenaires ont permis d'améliorer leur relation ». Toutefois, sur la principale préoccupation soulevée, à savoir le malaise entraÏné par le processus de sélection de dix (10) entreprises pour la réalisation des branchements sur le réseau Eneo, le concessionnaire du service publique de production et de commercialisation de l’énergie électrique au Cameroun précise que « cette opération s'est déroulée de manière transparente, sur appel d'offres et conformément à ses procédures de sélection des partenaires d'affaires ». Et d’ajouter que « cette opération de sélection de dix (10) entreprises pouvant techniquement, opérationnellement et financièrement soutenir le rythme nouveau de la collaboration s'inscrit dans le processus de professionnalisation des entreprises partenaires d’Eneo Cameroon ». Afin de les obliger à améliorer considérablement les conditions salariales et de travail de leurs agents (salaires deux fois supérieur à la moyenne pratiquée avant, assurance maladie, CNPS, équipements de sécurité...).


Alors que ce court-circuit était en train d’être désamorcé, les organisations de défense des droits des consommateurs sont montées au créneau pour donner de l’emphase à la grogne sourde des Camerounais en général et des abonnés d’Eneo Cameroon en particulier qui réclament le rachat des actifs d’Eneo par l’Etat. Faisant même fuiter l’intention de la société parapublique CNPS de s’aligner dans cette renationalisation de ce concessionnaire du service publique de la production et de la commercialisation de l’énergie électrique au Cameroun. Pourtant, elle-même ne donne déjà pas les gages d’une gestion appréciable de ses propres services aux usagers. C’est ainsi que le 11 mai, le Collectif des Associations des Consommateurs du Cameroun (COC) et la Fondation Camerounaise des Consommateurs (FOCACO) ont dans une correspondance adressée au Premier ministre, Chef du gouvernement datée du 20 avril, annoncé une marche pacifique et manifestation le 10 mai 2023 pour protester face « au mécontentement des associations des consommateurs face aux abus, exactions, arnaques, vols et violations de la réglementation en vigueur de l’opérateurs Eneo exercé sur les consommateurs d’électricité ». Selon les leaders consuméristes, la phase pilote d’expérimentation est passée en migration du postpaid en prepaid sur l’ensemble du territoire national, le mode opératoire mis en place est sujet à problème ; 75% des compteurs mis en place sont frauduleux puisque méconnus de l’opérateurs ; les tarifs appliqués sur les compteurs prépayés sont illégaux en violation de la décision du Régulateur ARSEL datant du 28 mai 2012 ; la facturation abusive ; l’étalonnage douteux ; le problèmes de compensation aux abonnés se pose avec acuité ;…. C’est finalement, le 11 mai 2023, que la manifestation a été mise en exécution à Yaoundé.



Le tribalisme et népotisme font leur lit

Pendant que la tension externe est encore vive, et que le top management avec à sa tete le Belge Patrick Eeckelers est sur le gril, préoccupé à trouver des solutions à la levée de boucliers des consommateurs et prestataires, une horde des employés vont dans l’anonymat faire circuler sur les réseaux sociaux une lettre épistolaire qui met à l’index la Directrice des Ressources Humaines, Erica Diepton Timo Epse Njonga sur la dérive tribale dans laquelle, elle plonge allègrement et de manière ostentatoire cette multinationale avec comme fils d’Ariane les derniers recrutements des électriciens et les dernières nominations. Frisant ainsi une volonté hégémonique manifeste de tisser une toile électrique survoltée. «Comment expliquer que lors du dernier recrutement des électriciens, il y a quelques semaines on ait recruté 58 électriciens ressortissants de l'Ouest sur 58 postes, soit 100%? C'est toujours la quête paranoïaque d'une pureté tribale ou alors c'est la préparation d'une prise d'otage d'Eneo et donc de la République? Il s'agit d'un coup d'Etat scientifique Monsieur le Directeur Général, prenez garde à votre collaboratrice », peut-on lire. Par la suite, faisant remarquer que le principe d’équilibre régional non-écrite mais sous-tendue dans la politique du Chef de l’Etat et appliqué dans les règles et usages depuis des lustres à Eneo Cameroon vient d’être violé avec toute la défiance lors des dernières nominations. «Elle a réussi le tour de chapeau d’obtenir dans la même journée la nomination de trois importants responsables en attribuant ces postes à des Bamiléké : - Directeur Technique Régional du Littoral, - Directeur Régional Sanaga Océan, - Délégué Commercial Douala Nord », dénonce le courriel. Et de poursuivre : «Il faut noter que lorsque le sortant était de l’Ouest, il était automatiquement remplacé par un ressortissant de l’Ouest et lorsqu’il n’était pas de l’Ouest il était quand même remplacé par un ressortissant de l’Ouest. La DRH a ainsi envoyé un signal fort à sa communauté : Elle a les pleins pouvoirs et il est temps pour eux de s’accaparer de tous les postes ». On y apprend qu’elle n’est pas à son premier coup. «Si vous vous penchez sur les recrutements, les promotions, et les augmentations de salaire, vous verrez que la pomme est complètement pourrie » sic.






Après avoir égrené le chapelet de plusieurs autres cas qui étayent leur dénonciation, les auteurs anonymes de ce courriel vont préciser que : « Monsieur le Directeur Général, ce qui est choquant n’est pas tant le fait que la DRH ait un penchant manifeste pour les ressortissants de l’Ouest, mais plutôt le fait qu’elle ne prenne même pas la peine de choisir les plus compétents d’entre eux ». Battant ainsi en brèche tous ceux qui pourraient avoir l’intention d’avancer l’argument de la compétence. Soulignant que sa politique du deux poids deux mesures pose également un problème en citant les cas non exhaustifs des postes suivants : Directeur Technique Régional du Littoral, Directeur Régional Sanaga Océan, Délégué Commercial Douala Nord, Direction des Affaires Juridiques et Directeur de la Digitalisation, où le processus de Job Posting n’a pas été respecté. « La DRH a opéré des passages en force en nommant des Bamiléké », resic. A cet effet, une série de manifestations internes du personnel est aussi prévue pour raviser le top management. « Nous l’attendons de pied ferme et lui réserverons l’accueil qu’elle mérite durant sa tournée explicative de la nouvelle Convention collective et de la pesée des postes à laquelle les agents ne comprennent rien et dont l'implémentation est un échec cuisant jusqu'à ce jour », annoncent-ils. Non sans interpeller le Directeur Général : « Nous en appelons à votre sens des responsabilités et vous demandons de vous pencher sérieusement sur cette question du tribalisme et de la tricherie dans les nominations et de rétablir l’équilibre et l’équité ».





Mathieu Nathanaël NJOG



Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


Laisser un commentaire et Abonnez-vous .

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page