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INDEMNISATIONS DES RIVERAINS EN VUE D’IMMINENTS DÉGUERPISSEMENTS

AEROPORT INTERNATIONAL DE DOUALA


L’opération de remise de chèques d’accompagnement aux habitants des quartiers Newtown aéroport I et IV en vue de leur déguerpissement imminent dans le cadre de la sécurisation du périmètre aéroportuaire a débuté depuis le lundi 25 et s’achèvera le jeudi 28 septembre 2023, comme annoncée dans le communiqué du Préfet du Département du Wouri. Des mécontentements sont enregistrés.

La salle de banquet de la Préfecture du Wouri sert de cadre à l’opération de remise officielle des chèques aux habitants des quartiers Newtown Aéroport 1 et 4 situés dans le domaine aéroportuaire, plus précisément aux alentours du JET pétrolier et le long de la barrière allant dans le prolongement de l’emprise de la piste d’atterrissage. Elle a démarré le lundi 25 et va s’achever le jeudi 28 septembre 2023. C’est la phase 4 du projet de libération des emprises du domaine aéroportuaire illégalement occupée par des habitations et commerces. Par ricochet, représentent des menaces graves pour la sécurité aéronautique aussi bien pour les vols, les dégâts matériels qu’humains qui pourraient survenir en cas d’incendie du dépôt pétrolier HRS. Ceci, au regard de la proximité très étroite avec les habitations qui jouxtent par exemple le Jet pétrolier dont les produits sont essentiellement inflammables. Et aussi, avec notamment, des habitants qui viennent cultiver jusqu’qu’à proximité de la piste d’atterrissage où ils accèdent par effraction. Au total, ce sont 84 familles dont les domiciles ont été recensés à l’issue de sept (7) descentes de terrain comme empiétant les emprises de l’Aéroport International de Douala.

Des quiproquos à clarifier

L’adjoint préfectoral, Guy Emmanuel Tchapnga qui préside cette opération de remise de chèques en compagnie des émissaires de l’Autorité Civile Aéroportuaire Nationale du Cameroun (CCAA) et des Aéroports du Cameroun (ADC) de préciser que ces indemnisations entre dans le cadre de l’accompagnement social de l’État du Cameroun aux victimes afin de les permettre à pouvoir se recaser. Tout en émettant le vœu que les départs soient volontaires et immédiates. Car, le Gouvernement ne souhaiterait pas enregistrer des résistances des populations et des grincements de dents au moment où les opérations de démolitions qui sont annoncées imminentes seront déployées avec le concours des forces de maintien de l’ordre et des engins réquisitionnés, le tout, sous la conduite du Préfet du département du Wouri. Dans la salle, des réclamations ont été enregistrées. Cinq (5) personnes ont déclaré n’avoir pas été recensées, certains ont déploré que les montants remis étaient très en deçà de l’évaluation de leurs bâtisses, et d’autres sont des tentatives de supercherie entre locataires et bailleurs.



Tout en reconnaissant que c’était prévisible parce qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, le représentant de la CCAA, Alimine Dairou, Chef service des Contrôles Techniques explique : «Nous ne sommes pas dans le cadre d’une indemnisation qui nécessite une évaluation des biens qui seront détruits. Nous sommes ici dans le cadre d’un accompagnement pour permettre aux victimes de se reloger en leur allouant 03 à 06 mois de loyers. Tant il est établi qu’aucune des victimes ne détient un Titre de propriété». Et de poursuivre : «Lors de nos descentes, plusieurs personnes étaient réticentes et d’autres étaient en déplacements. Malgré l’implication des Chefs de quartiers, il se trouve que dans certains cas, il y a des locataires qui se sont fait identifier en lieu et place des bailleurs ». Et de conclure : «Pour tous ces, nous avons demandé d’adresser des requêtes au Préfet qui est le président de cette Commission pour qu’il se référer à la hiérarchie qui tranchera». C’est au total, 200 millions FCFA qui sont ainsi débloqués pour cette opération d’accompagnement. Quelqu’un soit les suites réservées, les délais sont impartis pour reporter les démolitions. Le but est de «libérer la zone de sûreté aéroportuaire occupée par les populations et certains commerces».

Vers une quatrième casse

Pour la CCAA, cela va en droite ligne avec les prescriptions des précédents audits menés à Douala par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) dont les délais d’exécution prescrits sont déjà impartis. Conséquence, l’Aéroport International de Douala peut échouer à la certification internationale dont les résultats de l’OACI devraient être publiés dans les prochains jours. L’expectative est grande, lorsqu’on se rappelle qu’en avril 2018 dans la perspective de la CAN 2019 une opération coup de poing avait été lancée par Préfet du Wouri de l’époque Bertrand Mache. Près de 5 000 personnes avaient payé le lourd tribut en se voyant jetées dans la rue à la suite de la démolition systématique et sans ménagement de toutes les constructions (maisons, commerces, ateliers, champs) jugées illégalement situé sur les emprises du domaine aéroportuaire. Elles visaient à éloigner ces populations d’une éventuelle catastrophe. A la suite de l’opposition vaine de la communauté Bonaloko qui avaient installé ses personnes et se réclamait propriétaire des parcelles litigieuses, des déguerpis étaient revenus s’installés pour subir à nouveau des opérations musclées de démolition de janvier et de juin 2021 alors que la Cameroun s’acheminait allègrement, après glissement, vers l’organisation de la CAN abritée en janvier et février 2022.



Une nouvelle occasion que l’OACI avait saisie pour faire planer l’épée de Damoclès des autorités camerounaises sur le niveau de sécurisation aéronautique du Cameroun qui très faible, voire très inquiétant. Redoutant par conséquence, un rapport négatif sur la certification international sur la sécurité aéronautique que garantit l’Aéroport International de Douala. L’Aéroport International de Douala connait depuis 2015 un vaste programme de réhabilitation mené par les ADC afin de rénover et moderniser le combinat aéroportuaire de Douala. Le chantier est grand, pour un ouvrage dont les structures, infrastructures et superstructures datent de 46 ans et nécessite de grands travaux qui devraient être menés de manière méticuleuse et progressive sur plusieurs années. Mais alors, la question reste de savoir si après cette quatrième démolition, les autorités prendront toutes les mesures pour éviter la réinstallation soit des déguerpis qui n’ont pas où aller, soit des tiers. Lorsqu’on sait qu’à Douala, le problème de logement social se pose avec une grande acuité.




Mathieu Nathanaël NJOG












Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


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