CAMAIR-CO
Projetée pour le 14 août 2024, la grève annoncée par le Syndicat des Pilotes de Ligne et Ingénieurs Navigants Civil n’aura plus lieu. Le préavis de grève n’a pas encore été levé, mais la délégué régionale du Travail et de la Sécurité Sociale du Littoral est entrée en jeu pour relever que la procédure y afférente n’a pas été conduite jusqu’à son terme. Confortant le Directeur général qui a répondu point par point aux récriminations qu’il qualifie d’alarmiste..
Dans un communiqué qui circule sur les réseaux sociaux depuis le week-end du 10 août 2024, la Direction Générale de la «Camair-Co rassure son aimable clientèle que suite au préavis de grève déposé par un des syndicats de pilotes, un dialogue constructif a été initié sous la supervision des autorités compétentes et de la tutelle. Le programme de vols de la compagnie se poursuit normalement dans les conditions optimales de sécurité habituelles». Il fait suite à la correspondance mis en garde du 9 août 2024 de la Délégué Régionale du Travail et de la Sécurité Sociale, Mme Okali née Sonia Etoundi Bekono adressée au Personnel de la Cameroon Airline Corporation (Camair-Co) avec comme objet : «Procédure au Conflit Collectif». Dans laquelle, elle rappelle que le préavis de grève du Syndicat des Pilotes de Ligne et Ingénieurs Navigants Civil (SPINAC) projetant un arrêt de travail à partir du 14 août 2024 n’est pas allée jusqu’au bout de la procédure prévue par la loi portant Code du travail. Par conséquence, cela expose les travailleurs à une rupture de leur contrat (licenciement pure et simple) et à des amendes. «Je voulais rappeler que selon une jurisprudence constante, l'incitation à la grève et le non épuisement des procédures de conciliation et d'arbitrage fixée par la loi est une faute lourde», va rebondir Jean Christophe Ella Nguema, le DG de Camair-CO.
A cet effet, Madame le Délégué régionale demande : « - aux pilotes de cesser tout mouvement tendant à perturber le climat social au sein de l’entreprise, continuer le travail sereinement et poursuivre le dialogue tel que recommandé lors de la conciliation ; - Aux présidents des syndicats de veiller aux intérêts des travailleurs dans la stricte application de la législation en vigueur et le respect des procédures ; - A l’employeur de bien vouloir tenir régulièrement informer les partenaires sociaux sur la situation de l’entreprise, et tenir avec les délégués du personnel des rencontres d’échanges d’informations telles que prévues par les textes en vigueur - Enfin que chacun en ce qui le concerne prenne ses responsabilités pour que la paix sociale retrouve son règne comme jadis dans cette entreprise ». Une position que le syndicat SPINAC trouve équivoque : «Nous constatons l'impuissance et la complaisance discriminatoire en faveur de Camair-Co, par la Délégation Régionale du Travail et de la Sécurité Sociale du Littoral, légitimement épouvantée de terreur suscitée par Camair-Co, dans sa farouche détermination à violer toutes les dispositions juridiques camerounaises, sans foi ni loi, et ignorer avec indifférence caractérisée, les instructions du Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale».
Jeu de ping-pong
Tout est parti avec un brulot de préavis de grève déposé le 05 août 2024 par la SPINAC. Un préavis de grève qui contenait des récriminations importantes que le Directeur Général, Jean Christophe Ella Nguema a dès le lendemain tenu à répondre point par point. D’emblée, il va accuser le «SPINAC de véhiculer des propos alarmistes et diffamatoire dans le seul but de tenir l’image de marque de la Compagnie aérienne nationale». Pour le DG de Camair-CO, comment le SPINAC peut s’offusquer que sur un effectif de 26 pilotes, il y ait la présence de 04 pilotes militaires qui sont dans la Compagnie depuis 2012, bien avant son arrivée à la tête de cette entreprise et celle de 03 pilotes étrangers. Sur la menace grave des à la sécurité des vols, il met en exergue l’harmonisation des contrats de travail en tenant compte des dispositions de la loi portante Code du travail et de l’Aviation Civile Nationale. Et de préciser que cela a été fait pour apaiser le climat social. Sur le plan de la santé, le personnel est soumis aux visites médicales systématiques et bénéficie d’une assurance maladie. Et particulièrement le personnel navigant bénéficie d’une assurance risque professionnel et est à jour des exigences réglementaires en matières aptitudes physiques et mentales.
Quant à la maintenance de la flotte, le DG rassure que les avions sont suivis selon un programme de maintenance élaboré sur la base des recommandations des constructeurs, approuvé par l’Autorité de l’Aviation Civile et mis en œuvre par un organisme de maintenance agréé et reconnu mondialement. Pour ce qui est du respect des normes de sécurité prescrite par l’OACI, il souligne que le système de sécurité de la Camair-Co est approuvé par la CCAA et récemment audité lors du renouvellement de la certification IOSA. Quant à la réduction systématique et drastique des salaires des pilotes civiles ce qui représente une menace psychologique et mentale, le DG rappelle que c’est à l’initiative de ce corps qui avait marqué en mars 2021 sa volonté d’accompagner l’Etat dans son effort de restructuration en réduisant certains éléments de leur rémunérations. Concernant les vols des pilotes militaires, il précise que les pilotes civils et militaires sont soumis à la même réglementation, suivent les mêmes formations et sont astreints aux mêmes exigences. En outre Camair-Co n’est pas la seule compagnie aérienne dans le monde qui emploie les pilotes militaires de manière régulière.
Vivement que Camair-Co retrouve son envol
Par ailleurs, sur la complaisance des nominations des pilotes militaires, il va rappeler qu’ils sont parmi les plus anciens et comptabilisent le plus grand d’heure de vol. Tous sont commandant de bord et l’un est passé instructeur. Preuve que «leurs nominations et promotions ne sauraient relever de la complaisance», fait-il remarquer. Faisant allusion à la démission en cascade des pilotes expérimentés pour les compagnies aériennes, depuis sa prise de fonction en 2021 seul, un pilote a démissionné décompte-t-il. En rappel, sur l’incompatibilité de la gestion avec la prospérité et la relance de Camair-Co, il va préciser que le système de gestion actuelle est adossé sur un business plan allant de la période 2024-2028 avec des activités axées sur la relance et le développement de la Compagnie. Evoquant l’absence de projet vision, le DG d’indiquer que : « la vision aujourd’hui est de faire de Camair-Co une compagnie autonome dans plusieurs secteurs de l’industrie aéronautique». Tout en confiant que le business plan 2024-2024 a permis à la Compagnie d’être éligible aux financements de plusieurs banques de premier ordre. Il intègre la reconfiguration de la flotte et le développement du réseau domestique, régional et international.
Concernant l’échec de la relance menaçant faillite, le DG de Camair-Co a rappelé certains résultats : - L’acquisition de deux (02) Q-400, la réhabilitation d’un 737-700, l’augmentation du capital, la reprise d’une partie de la dette, et – la mise à jour de la comptabilité. Concernant les cotisations sociales, il rappelle qu’ils sont régulièrement payés depuis janvier 2021. Concernant la réparation et la récupération du DJA B767-300 et B737-700NG, il rassure que des diligences sont en cours au sein de la Compagnie. Quant à la rallonge de l’âge de la retraite des pilotes de 03 ans, pour faire face à la pénurie internationale, le DG de la Camair-Co a demandé au Syndicat qu’il ferait mieux d’être plus actif sur cette sollicitude en saisissant l’Autorité Aéronautique. Toutefois, le DG a reconnu que certaines revendications ne sont pas de sa compétence mais du Gouvernement de la République, a l’instar de : - La reprise de l'organisation et l'exécution des vols de pèlerinage Hadj et Oumra en Arabie Saoudite, qui ne sont ni du ressort ni de la compétence du MINAT ; - La reprise de l'exclusivité du transport de tous les employés, de la fonction publique en mission officielle, ou en déplacement conformément au statut de transporteur public national de Camair-co, suivant le Décret Présidentiel de sa création en 2006 ; - La reprise de l’espace aérien commercial du Cameroun, gracieusement offert aux compagnies aériennes étrangères, qui se partagent un chiffre d'affaire quotidien, minimum de 02 milliards de FCFA, au détriment de Camair-co, victime d'une destruction managériale cynique et chronique. Implication de la SPINAC dans la restructuration.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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