top of page

La Chine est le plus grand créancier bilatéral du Cameroun devant la France

DETTE


La Chine détient des créances s’élevant à 1 923,4 milliards de FCFA, soit un taux de 64,8% de la dette bilatérale du Cameroun, évaluée à environ 2 968 milliards de FCFA. Devançant le principal créancier bilatéral historique qu’est la France qui ne présente plus que 25,9 % de la dette bilatérale.


Selon la note conjoncture rendue publique le 31 octobre 2024 par la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), l’encours total de la dette extérieure du Cameroun s’élève à 8 596 milliards de FCFA. La Chine détient, à elle seule, environ 2 968 milliards de FCFA, avec des créances s’élevant à 1 923,4 milliards de FCFA. Cela représente 64,8% de la dette bilatérale du Cameroun, et équivaut à 22,4 % de l’encours total de la dette extérieur du pays. La France, autre principal créancier bilatéral, suit avec un encours de 768,3 milliards de FCFA, soit 25,9 % de la dette bilatérale et 8,9 % de la dette extérieure totale. On apprend que le Cameroun a considérablement emprunté auprès de la Chine pour financer divers projets. Cette sollicitude a pris de l’ampleur au début des années 2010, avec le lancement de grands projets dits structurants. Il est a noté que la Chine a financé la construction des barrages hydroélectriques, de ponts, de routes ou encore du port en eau profonde de Kribi, notamment à travers la Banque d’Exportation et d’Importation de Chine (Eximbank China). Cette coopération entre les deux pays s’est intensifiée depuis l’établissement des relations diplomatiques officielles le 26 mars 1971. Elle s’étend à plusieurs domaines, tels que le commerce, les infrastructures, les investissements industriels, l’agriculture, la santé et le numérique. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint près de 1 178,1 milliards de FCFA en 2023, marquant une hausse de 24,1 % par rapport à 2022, selon l’Institut National de la Statistique (INS). Malgré cela, lors de la participation au 4ᵉ Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC) en septembre dernier, du Président de la République, Paul Biya a exprimé le besoin d’intensifier les investissements chinois dans les infrastructures routières du Cameroun pour poursuivre sa vision d’émergence du pays à l’horizon 2035.



Dans la note de Conjoncture Mensuelle de l’Endettement publiée par la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), il ressort que la dette publique augmente de 0,3 %. Soit à la somme de 11 109 milliards de FCFA, depuis le 30 septembre 2021. L’explication de cette légère inflation de la dette publique se résume à trois choses. Elle est le fruit : - des décaissements des appuis budgétaires liés au nouveau programme économique et financier auprès du Fond Monétaire et International (FMI) et de la Banque Mondiale ; - de l’effectivité des nouveaux accords de dette et des émissions de titres publics. Elle est composée de 71,9% de la dette extérieure, 28,1% de dette intérieure, et 8,1% de dette des entreprises et établissements publics. En somme, la dette publique représente 42,5% du Produit Intérieur Brute (PIB). Ladite dette est principalement détenue par la Chine (61,8%), la France (28,5%) la Banque Mondiale (37,6%), la Banque Africaine de Développement (27,6%) et le FMI (20,9%), pour un montant de 6 355 milliards de FCFA au titre de la dette extérieure. Par conséquent, le montant des titres représentant les engagements financiers en cours s’évalue à 7 320 Milliards de FCFA. Quant à la dette intérieure repartie entre les titres publics (45,2%), les dettes structurées (30,9%), l’emprunt consolidé BEAC (21,6%) et les dettes non structurées (2,4%), s’évalue à 2 670,3 milliards de FCFA. L’encours de la dette intérieure quant à elle correspond à 449,8 milliards de FCFA. Comparativement au mois d’août où la dette était s’évalué à 10 983 milliards de FCFA, on note une légère hausse de 0,3% de la dette publique et on enregistre une baisse mensuelle de 0,4% en glissement mensuel dû au remboursement du principal de 1,8 milliards de FCFA en début du mois d’octobre 2021..


Perspectives et risques

Il ressort qu’au 30 septembre 2024, le Cameroun a procédé au paiement d’un service de la dette de l’ordre de 1 058,9 milliards de Fcfa. Cela représente 64,9% de l’enveloppe globale du service de la dette que le Cameroun compte rembourser cette année qui s’élève à la somme de 1 631,3 milliards de Fcfa selon la loi de finance rectificative 2024. De manière plus explicite, l’enveloppe déjà payée est de 808,7 milliards de Fcfa correspondant à 76,4% du principal et 250,2 milliards de Fcfa d’intérêts soit 23,6%. A la même période en 2023, le Cameroun avait procédé au paiement de 896,1 milliards de Fcfa (687,1 milliards de Fcfa de principal et 209 milliards de Fcfa d’intérêts). Ce qui permet de noter une hausse de 162,8 milliards de Fcfa soit +188,1% sur le paiement du service de la dette en un an. Il reste que le taux de croissance économique est passé de 3,6 % en 2022 à 3,8% en 2023 grâce aux bons résultats des secteurs de la sylviculture et de l’exploitation forestière et au dynamisme du secteur des services. Du côté de la demande, la croissance a été principalement portée par des investissements privés. L’inflation, qui s’établissait à 6,3% en 2022, est passée à 7,4% en 2023, sous l’effet des prix des denrées alimentaires qui ont augmenté de 11,1%. Le déficit budgétaire a reculé, passant de 1,1% du PIB en 2022 à 0,9% en 2023, en raison d’une meilleure rationalisation des dépenses publiques, de politiques visant à élargir l’assiette fiscale (par rapport à la charge fiscale actuelle de 12,6% du PIB) et de la hausse des prix du pétrole. La dette publique est passée de 45,3 % du PIB en 2022 à 41,8 % en 2023, bien que le FMI classe toujours le pays parmi ceux présentant un risque élevé de surendettement. Le déficit du compte courant a diminué, passant de 3,4% du PIB en 2022 à 2,7% en 2023, en raison de l’amélioration de l’excédent des revenus primaires et de l’augmentation de la production de gaz. La qualité des portefeuilles du système bancaire s’est légèrement détériorée, le ratio brut des comptes en souffrance passant de 13 % à 15,4 % entre fin 2022 et la mi-2023. Toutefois, le ratio de fonds propres est passé de 15% à 16,3% au cours de la même période.

Selon la Banque mondiale, parmi la population économiquement active, le taux de pauvreté à 2,15 dollars (environ 1 182,5 FCFA) par jour était estimé à 23% en 2023, et le taux de chômage était estimé à 3,7%, en raison de la faible croissance économique. La croissance du PIB devrait atteindre 4,1% en 2024 et 4,4% en 2025 grâce à une augmentation progressive de la production nationale de gaz et à la hausse des cours mondiaux des matières premières. L’inflation devrait chuter à 6,3 % en 2024 et à 4,3 % en 2025 en raison du resserrement continu de la politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Le déficit budgétaire devrait continuer à reculer pour atteindre 0,5 % en 2024 et 0,2 % en 2025 grâce à la poursuite des réformes fiscales et à la rationalisation des dépenses publiques. Le déficit du compte courant devrait également reculer pour atteindre 1,9% en 2024 et 1,6% en 2025, alors que les exportations de gaz continuent d’augmenter. Ces indicateurs montrent que les transformations structurelles sont lentes. Entre 2000 et 2023, la contribution du secteur des services au PIB a connu une nette augmentation, passant de 44,3% à 51,9%, au détriment du secteur industriel, dont la part a diminué de 34,1 % à 25 % du PIB. La structure de l’emploi a considérablement évolué entre 1990 et 2019, avec une nette diminution de la part de l’emploi dans le secteur agricole, qui est passée de 70% en 1990 à 43% en 2019, tandis que la part des services est passée de 20% à 42%. La part de l’emploi dans l’industrie est restée globalement stable au cours de la période. Les économistes soutiennent que « pour assurer une transformation structurelle, le pays doit redoubler d’efforts pour mobiliser non seulement les ressources nationales, mais aussi les ressources extérieures concessionnelles nécessaires au financement des projets d’infrastructure dans les domaines de l’énergie et des transports à un prix abordable ». Et d’ajouter : « Concernant le Cameroun, pays du bassin du Congo riche en ressources naturelles, cette réforme permettrait une meilleure valorisation de son capital naturel, une revalorisation de sa richesse nationale et l’accès à de nouvelles ressources financières, notamment grâce à la mise en place d’un éventuel marché du carbone ».



Mathieu Nathanaël NJOG




Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun


Laisser un commentaire et Abonnez-vous .

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page