TRAVAILLEURS MIGRANTS
A la faveur de la journée internationale des migrants qui se célèbre tous les 18 décembre, la Confédération des Syndicats Autonomes du Cameroun a pris langue avec les travailleurs nigérians du secteur des pièces détachées dans l’optique de leur faciliter la création d’un syndicat.
Selon les chiffres du Ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle (MINEFOP), il est estimé à 60 000 travailleurs de nationalités étrangères qui travaillent dans les sociétés installées au Cameroun. Seul 1000 soit un ratio de 1,66% se sont conformés aux exigences des lois et de la réglementation en vigueur. Par conséquence, il y a 98,44% soit près de 59 000 travailleurs de nationalités étrangères dont les entreprises utilisatrices ne se sont toujours pas conformées à la loi. A cela, il faut ajouter à ceux qui sont dans les secteurs informels comme celui des pièces détachées le commerce, la pêche maritime (moderne et surtout traditionnelle),... Pour le président du SYNTIC, Corneille Koungou : « Les employeurs des travailleurs migrants doivent respecter la réglementation au Cameroun. Il reconnait que dans les multinationales qui sont installées au Cameroun et qui emploient en majorité les travailleurs migrants, brillent par leur propension à ne pas se conformer à la réglementation en vigueur. Plusieurs multinationales emploient des travailleurs migrants avec des visas touristes en lieu et place des visas travailleurs». Et d’interpeller le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle à plus rigueur dans l’application de la réglementation en vigueur. «Il faut que le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle soit plus rigoureux. Et multiple des descentes inopinés dans ces entreprises », souhaite-t-il. Car cela plombe l’employabilité des Camerounais. Et s’étonne qu’on ne peut pas comprendre que les Camerounais soient préfèrés à des africains, asiatiques et occidentaux à qui ces multinationales octroient des avantages exorbitants qu’elles ne donnent pas aux nationaux.
Au regard du rapport intitulé « les syndicats agissent pour les droits des travailleurs migrants », publié à l’occasion de la Journée Internationale des Migrants (JIM), le 18 décembre, la Confédération Syndicale Internationale (CSI) salue le travail que réalisent les syndicats à travers le monde pour protéger, promouvoir et concrétiser les droits des travailleuses et travailleurs migrants. On peut se rendre compte que le champ d’intervention est vaste. Les Centrales syndicales peuvent soutenir les institutions compétentes à aider les migrants et les réfugiés dans leurs démarches de régularisation de documents, de validation de diplômes et de reconnaissance des compétences professionnelles comme c’est le cas en Argentine. Ou encore, aider aux migrants de retour dans leur pays dans leur réintégration sociale comme cela a été observé au Nigéria. Et pourquoi pas aidé des ouvriers migrants à obtenir leurs salaires impayés comme cela a été le cas des turcs employés en Tanzanie. Inspirant ! Au Cameroun, la Confédération des Syndicats Autonomes du Cameroun (CSAC) affirme aussi défendre les travailleurs migrants au même titre que les travailleurs camerounais. A l’occasion de la Journée Mondiale des Migrants, le Secrétaire général de la CSAC, Pierre Louis Charles Mouangue a interpellé les syndicats membres de cette centrale syndicale, actifs dans les secteurs de l’informel, les constructions, l’agriculture de faire un état de la situation des travailleurs migrants qui y sont défendus par leur syndicat.
Par ailleurs, il va annoncer que la CSAC a pris contact avec les travailleurs nigérians exerçant dans le secteur de la vente des pièces détachées au Cameroun pour les aider à créer dans les prochains jours un syndicat afin de mieux défendre leurs droits et protéger leurs emplois comme l’encourage le Secrétaire général de la CSI, Luc Triangle : «Les syndicats jouent un rôle essentiel pour protéger les droits des travailleurs migrants, améliorer les conditions de travail par le biais de la négociation collective et établir une gouvernance des migrations fondée sur les droits, qui s’appuie sur le dialogue social». Surtout que rappelle-t-il : «Le mouvement syndical mondial soutient les travailleuses et les travailleurs migrants. Pour les syndicats, un travailleur est un travailleur, quel que soit son statut en matière d’immigration». Sur cette vision, la CSI recommande un nouveau contrat social pour bâtir des sociétés et des économies plus inclusives, ainsi qu’une gouvernance des migrations fondée sur les droits, dont la conception, la mise en œuvre et le suivi reposent sur le dialogue social. Et sollicite que soit placé les normes du travail, telles que les droits de liberté syndicale et de négociation collective, au centre des systèmes régissant la migration, dans le respect de la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail. Qui prônent le développement des filières de migration régulière, en veillant aux pleins droits des travailleurs et à la non-discrimination, et instaurer des mécanismes de régularisation des migrants en situation irrégulière.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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