PAYSAGE URBAIN DE DOUALA
Les éléments de la police municipale de la Communauté Urbaine de Douala ont mené une opération d’assainissement du paysage urbain de la capitale économique le 23 février 2024 au quartier Bonadibong en détruisant un immeuble menaçant ruine.
Au quartier Bonadibong, un immeuble R+1 jouxtant celui de l’ancien cinéma le Berlise, en plein virage, une position très stratégique et très prisée par les prédateurs fonciers a été détruit par les services de l’urbanisme de la Communauté Urbaine de Douala (CUD) appuyé par des éléments de la police municipale éponyme qu’assistait une escouade des éléments du Groupement Mobile d’Intervention (GMI) N°2 de la ville de Douala. Malgré que les occupants aient reçu sommation de libérer depuis plusieurs mois, il a fallu attendre l’arrivée, aux premières heures de la matinée, de la mission commando de la CUD avec une pelleteuse pour voir les occupants, parmi lesquels plusieurs établissements de commerces, des cabinets d’avocat, une Agence de communication, et divers autres prestataires, se précipiter pour enlever à l’emporte-pièce quid des marchandises, de la paperasse, le mobiliers,… La plupart des boutiques et bureaux étaient encore fermés au moment du premier coup de pelle de la pelleteuse. Il a fallu alerter au téléphone la plupart des propriétaires et employés qui ont accouru quasiment en larmes.
Curieusement, aucune résistance n’a été observée. En dépit du fait que les locataires et le bailleur ont brillé par un bras de fer qui a duré depuis plus d’un an. Puisque les occupants refusaient de libérer leurs locaux sous le prétexte qu’ils étaient liés par un bail commercial qui requiert une procédure spéciale. Mais aussi parce qu’ils estimaient que : «Nous avons beaucoup investi pour rendre cette immeuble habitable», a déclaré Mme Ngassa, employé de l’une des plus grandes structures commerciales qui y était installée. Si pour leur cas, elle reconnait que tous les locataires étaient avertis depuis au moins trois mois, et déclare que son patron a pris des dispositions en trouvant une nouvelle boutique située à quelques encablures, ce n’était pas le cas pour les autres qui se sont retrouvés dans la rue. Certains ayant perdu au passage plusieurs effets dans la précipitation du déménagement qu’ils effectuaient sous la menace du vrombissement de la pelleteuse et l’agitation de la pelle de la pelleteuse. En dépit du fait qu’ils reconnaissent que le bailleur avait annoncé sa volonté de reconstruire cet immeuble qu’il estimait être très vétuste, et qui date des années 60-70, les locataires soupçonnent le bailleur d’avoir vendu cette parcelle aux prédateurs fonciers qui s’accaparent des terrains stratégiques dans la ville de Douala pour y effectuer des investissements immobiliers luxueux.
L’opération d’assainissement du paysage urbain que poursuivit par la CUD entre en droite ligne des instructions gouvernementales données après l’effondrement dans la nuit du 23 au 24 juillet 2024 d’un immeuble R+4 au lieu-dit derrière Mobil Guinness. Elle consiste à une vaste opération de démolition de construction des immeubles déclarés «menaçant ruines» après un constat d’urbanisation réalisé dans les règles de l’art par les services compétents. Ce qui a été fait dans le cas d’espèce comme dans tous les cas précédents où la CUD est accusée de collusion avec les familles propriétaires afin de rendre les terrains viables à une vente plus juteuse. Depuis, le lancement de cette opération, la CUD a fait identifier par ses services compétents sur dénonciation des riverains ou des autorités une quinzaine des constructions présentant des risques d’effondrement. Soit du fait du vieillissement des immeubles, soit du non-respect des normes de construction. Mais la CUD l’a aussi étendue aux constructions illégales parce que dépourvues de permis de bâtir. Tout en rappelant les populations de se rapprocher du Guichet Unique de Facilitation de la Délivrance des Actes Administratifs qui a simplifié les procédures d’obtention du permis de bâtir. Les services compétents déconcentrés de l’habitat et du développement urbain (MIHDU), ainsi que des domaines, du cadastre et des affaires foncières (MINDCAF) estiment à 500 immeubles «menaçant ruines» ou pour non-respect du plan d’occupation du sol dans la ville de Douala. C’est dire si la CUD a du pain sur la planche. Depuis son élection, le Maire de la ville de Douala, Roger Mbassa Ndinè a déclaré que c’est la fin de la recréation. Il a invité toutes les populations a travaillé en synergie avec la CUD pour construire la ville de Douala en devenir.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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