DRAGAGE DU PORT DE DOUALA BONABERI
La cérémonie du départ de la drague Chantal Biya pour une réhabilitation au chantier naval de ShipSidedrydock au Nigeria s’est déroulée le 29 novembre 2022 au Quai d’accès en présence du Directeur général du Port Autonome de Douala, M. Cyrus Ngo’o. Cette volonté de remise à neuf entre dans la politique de renforcement des équipements de la Régie Délégué de Dragage créée en 2020 dans l’optique gouvernementale d’autonomisation du dragage du port de Douala-Bonabéri.
Après 14 ans d’hibernation, la Direction du Dragage et de la Logistique Maritime du Port Autonome de Douala (PAD) Claës N. Dikongue a obtenu de la Direction générale le départ en réhabilitation de la drague Chantal Biya. Il s’agit d’une décision courageuse visant à ressusciter cet engin dont l’importance vitale n’est pas à démontrer pour les travaux de maintenance des infrastructures nautiques du port de Douala-Bonabéri à l’instar des plans d’eau, des pieds de quais des chenaux et la création d’espaces par le remblayage. Malgré l’acquisition récente par le Port Autonome de Douala avec l’appui du Gouvernement de la République des nouveaux équipements nautiques, plus précisément des engins de servitude et de dragage de dernière génération, et dont la cérémonie officielle de mise en eau avait été présidée par le Premier ministre, Chef du Gouvernement, Joseph Dion Ngute, le 13 octobre 2020, il n’en demeure pas moins que : «La drague Chantal Biya, construit en 1997, est un engin spécifiquement conçu pour la configuration tout autant particulière du port de Douala-Bonaberi », déclarera Claës N. Dikongue, Directeur du Dragage et de la Logistique Maritime. Surtout que poursuivra-t-il : « Ce navire est équipé à la fois d’un dispositif de dragage hydraulique et de dragage mécanique. D’où son appellation de drague polyvalente ». De ce fait il constitue un jalon très symbolique de la performance de la Régie Délégué du Dragage (RDD) qui a été créé sur l’onction du gouvernement dans le but de trouver une solution pérenne efficiente capable de réduire significativement les coûts du dragage qui grevaient les caisses du PAD. Ceci, tout en optimisant les activités relevant du service public portuaire. C’est ainsi que parmi les projets phares engagés depuis six années dans l’optique de rénovation et modernisation du port de Douala-Bonanbéri, pour l’atteinte de la vision de la Direction générale qui repose sur le tri-type : « Attractivité, Compétitivité et Performance ».Afin d’en faire «une référence dans le Golfe de Guinée », comme l’avait prescrit le Chef de l’Etat, Paul Biya en 2006, il y a l’autonomisation du dragage. C’est dans cette optique qu’advient la création d’une Régie Déléguée du Dragage au sein du PAD, dotée de facilités de fonctionnement pour une meilleure efficacité.
Enjeu économique important
Au-delà de nationaliser cette activité afin de rétablir définitivement la souveraineté de l’État du Cameroun sur l’entretien de la principale autoroute d’accès et de sortie du commerce extérieur, il s’agit d’un enjeu économique majeur. Sur les quinze dernières années qui ont précédé la création de la RDD, l’ensemble des activités de dragage du port de Douala-Bonabéri se chiffraient à plus de 156 milliards FCFA, soit une moyenne 10,5 milliards par an. « Il était donc devenu plus qu’urgent d’arrêter la saignée », soulignera à la création Cyrus Ngo’o, le Directeur général du PAD. Or, le plan d’exploitation de la RDD montre que le PAD dépenserait désormais 76 milliards FCFA en moyenne sur les 15 prochaines années contre les 179 milliards FCFA pour les mêmes volumes si cette activité était externalisée. Soit un gain moyen de 5 milliards FCFA par an y compris les charges d’exploitation. Les résultats des deux premières années d’exploitation de la RDD que dirige le binôme Samuel Ngondi Eboa et Beye Idriss, respectivement Directeur Délégué et Directeur Délégué Adjoint de la Régie Délégué du Dragage vient confirmer que le Top management est dans la bonne voie. Aucune grogne des armateurs ou difficultés d’accessibilité et d’envasement des grands navires n’ont été enregistrées depuis lors comme c’était le cas les années précédentes, soit pour cause de chantage, d’arrêt de travaux, de panne des engins. Curieusement, la RDD est très sollicitée par les ports voisins pour commercialiser son expertise. C’est dire si l’option de la gestion du dragage en régie marque en réalité, un changement radical de paradigme dans la gouvernance du PAD. Puisque cette activité n’est plus considérée uniquement comme un tonneau des danaïdes et une menace pour les finances de l’autorité portuaire. Le Dragage est bien plus, une source de revenus, à travers la fonction commerciale qui a été assignée à la Direction Déléguée de la Régie du Dragage. Or l’opérationnalisation de cette structure nécessite non seulement la mobilisation des moyens financiers et humains, mais également des équipements appropriés.
Une maintenance générale
C’est dans logique que s’inscrit le projet de réhabilitation de la drague Chantal Biya. Qui se déroulera dans le cadre de l’exécution du marché N° 456/GG/CIPM-ICAE/PAD/2022 du 20 Octobre 2022 passé par une procédure de gré à gré suivant la délibération N° 0059/21/COCOM/CA/PAD du 20 octobre 2021 pour les travaux de réhabilitation de la drague « Chantal Biya » du Port Autonome de Douala signé entre le PAD et le groupement TICAM SA/SHIP SIDEDRYDOCK Limited. Les travaux seront effectués au chantier Naval SHIPSIDEDRYDOCK, basé à Port-Harcourt au Nigéria. Ils auront un délai de six (6) mois maximum, pour un montant prévisionnel (TTC) de 1 697 952 243 FCFA. Au regard de sa complexité, ce projet a été planifié en cinq phases. Après sa réhabilitation et le retour au port de Douala-Bonaberi, la drague Chantal Biya sera confiée à la Régie Délégué de Dragage. A couleur des engins de dragage du PAD, cette drague servira comme dans le passé, aux travaux de dragage divers tels que l’entretien et l’approfondissement (mécanique et hydraulique) des : plans d’eau ; - darses, des pieds de quais ; - chenaux secondaires ; - chenal principal. Ici, bien qu’avec un rendement à une échelle plus réduite, elle pourrait suppléer la drague « Le Mont Mandara » en cas d’indisponibilité. Notamment dans les travaux de balisage, de remblayage hydraulique, … En somme, cette drague vient renforcer le dispositif logistique de dragage du PAD. «Sa remise en fonctionnement confirmera la stratégie de réduction des couts de dragage, relèvera la capacité commerciale et permettra au PAD d’amorcer résolument l’atteinte de son objectif de performance », soulignera Claës N. Dikongue. Depuis deux ans, les travaux de dragage du port de Douala-Bonabéri, n’est plus un poids intenable pour l’équilibre financier du PAD. Et surtout une préoccupation constante du Gouvernement comme ils l’ont été pendant plus de deux décennies du fait de la problématique des coûts excessifs des travaux de dragage. Puisque jusqu’ici, les travaux d’évacuation d’une part de la drague autopropulseuse, Mont Mandara qui permet en 30 minutes d’aspirer 3000 m3 de sédiments dans le fleuve du Wouri pour le reverser dans un puit approprié pour une performance d’enlèvement de près de 36 000 m3 par jour, permettent ainsi de maintenir le dragage à une profondeur de moins sept mètres et demi (-7,5m) du zéro hydrographique. Rendant ainsi très accessible le chenal qui est la principale autoroute d’accès qui va de la bouée de base pour les pieds de quais du port de Douala-Bonabéri. De même que, la drague Vigilance permet la drague des plans d’eau, des différentes darses et l’entretien des pieds de quais, à la satisfaction des navires qui y accostent. Ce qui entre dans le cadre des missions de la RDD qui sont d’assurer l’entretien permanent pour le rétablissement quotidien des profondeurs du chenal.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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