GICAM-GECAM
Après une fusion création aux forceps dont la contestation reste pendante devant les tribunaux, la perspective de l’élection du nouvel exécutif qui devra conduire le nouveau mouvement patronal pour sa première mandature vient démontrer à suffire qu’il ne s’agira pas de protéger et défendre les chefs d’entreprises, mais d’une volonté d’un homme de s’éterniser à la présidence du patronat et de faire main basse sur le Groupement inter-patronal avec les amis avec lesquels ils avaient quitté le navire après l'élection 2008..
La déclaration de candidature de la liste du Conseil d’administration du Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM) que conduit Célestin Tawamba Kamanou, président sortant du GICAM, dont la limite de mandat était arrivée à terme en décembre 2023, a été envoyée aux chefs d’entreprises, membres ou non de ce nouveau patronat pour solliciter leur adhésion à la profession de foi qu’il présente sous le slogan : «Le GECAM pour une fondation en béton» avec pour message d’encrage : «Ensemble osons le patronat de demain». Des messages aux allures d’aveu d’échec de la mise sur pied d’un patronat dont la création a été faite sur du sable. Conscient que le GECAM est actuellement érigé sur des bases fébriles, avec la réticence du gros des chefs d’entreprises dont la crise entretenue pendant le processus de fusion-création a fait prendre les distances devant toute initiative patronale.
Mais aussi et surtout avec un fort désaveu des anciens membres du GICAM (représentant le secteur formel) dont les yeux sont toujours rivés sur une éventuelle décision de justice, confiant qu’elle leur sera favorable. Puisqu’ils soutiennent mordicus que les résultats du scrutin de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 11 juillet 2023 donnaient sur les 329 votants, 241 voix soit 73,25% des suffrages valablement exprimés pour le «OUI», 86 voix soit 26,75% suffrages régulièrement exprimés pour le «NON», et 02 bulletins nuls. Mais que cette victoire pour le «OUI» s’est avérée insuffisante pour poursuivre le processus de la fusion-création entre le GICAM et ECAM. Parce qu’il fallait que le vote du «OUI» obtienne 75% des suffrages valablement exprimés comme le prescrit l’alinéa 3 de l’article 17 des statuts du GICAM.
Les adversaires critiquent…
Pis encore, la déclaration de candidature de Célestin Tawamba à la présidence du GECAM et la liste du Conseil d’Administration qu’il ambitionne présider ont suscité une analyse pointilleuse de ses adversaires du mouvement «Sauvons le GICAM» qui espèrent par tous les moyens ramener le GICAM sur la sellette, pour constater que le discours est resté le même que celui qui a porté toutes ses promesses pendant ses deux mandats à la tête du GICAM. Afin de déduire avec effarement que le candidat Célestin Tawamba reconnait in fine qu’il n’est pas arrivé à réaliser les promesses qu’il s’était assigné. Comme il l’a reconnu dans sa déclaration : «Ces défis sont loin d’être nouveaux ; certains se sont détériorés, et tous sont restés à date, sans aucune solution ; l’une des raisons à cette inertie, tient en réalité dans l’inefficacité du dialogue public-privé». Et de souligner que : «Ce ne serait pas l’homme de la situation». Mais encore, ses adversaires relèvent pour le déplorer les contradictions qu’elle contient.
Soulignant qu’il ne peut pas reconnaitre que le GECAM a besoin d’être fort parce qu’il est encore très fragile, mais continue de vendre le vent en estimant que le GECAM est le fruit d’«une unité réalisée», ce qu’ils disent être faux au regard de la tension et du schisme que cela a entrainé. Bien plus, que cette unité va le rendre «l’interlocuteur incontournables des pouvoirs publics dans la recherche des solutions aux défis qu’affrontent les créateurs de richesses». Pourtant, rappellent ceux qui sont en face : «Le GICAM était incontestablement cette interlocuteur depuis sa création». Et qu’ils doutent que le GECAM le soit pour longtemps, puisqu’ils envisagent, s’il le faut, remettre en selle le GICAM, même s’il faut passer par la création d’un nouveau patronat. Surtout que plusieurs dissidents à Célestin Tawamba comptent parmi les hommes et femmes puissants du monde des affaires au Cameroun avec lesquels il s’était servi pour clé de voûte.
… Et dénoncent le peu de considération des nationaux
En outre, une analyse approfondie de la liste qu’il propose fait rejaillir d’emblée que les TPEs, les PMEs, les capitaines d’industries de nationalité camerounaise pour lesquels il disait que le GECAM donnerait plus d’importance voir une place prépondérante pour relancer l’économie camerounaise vers une industrialisation efficiente et une croissance à deux chiffres ne sont pas représentées. La part belle a été faite aux Directeur généraux des multinationales (MTN CAMEROUN, SABC, SOCAPALM, ENEO, ECOBANK, PROMETAL, ACH D’OR FOOD) dont les mandats tirent vers la fin et dont on sait que globalement la durée de leur présence au Cameroun est quasiment problématique. Pour les adversaires de Célestin Tawamba, c’est un indicateur incontestable que sa popularité a pris du plomb dans l’aile dans le milieu des hommes d’affaires camerounais.
Puisqu’il n’a pas pu convaincre ni les leaders des organisations des TPEs et des PMEs de le suivre dans cette aventure, et encore moins les capitaines d’industries qui compte parmi les champions nationaux que le GICAM et le gouvernement camerounais ont célébré récemment. «Depuis que le Président sortant du GICAM a affiché ouvertement son intention de s’éterniser à la tête du puissant Groupement inter-patronal par des manœuvres dolosives, dans les milieux des affaires, les chefs d’entreprises se montrent de plus en plus distant, même si ouvertement ils ne l’affichent pas», confient à l’unisson nos sources. Pour contourner ce désaveu, il est allé aguicher les présidents de quelques organisations professionnelles à l’instar du GFPAC (secteur maritime), GFBC (secteur foresterie), APECCAM (secteur bancaire) et GPP (secteur pétrolier). Ignorant un mastodonte comme le Syndustricam et bien d’autres. A contrario, dans la balance, les seuls chefs d’entreprises camerounais qu’on y retrouve sont : - une fiscaliste, un phytosanitaire, un financier, un dirigeant de la fonction publique, un exportateur de la tannerie, et des piliers de la dissidence post-électorale de 2008 à l’instar de Jean Perrial Nyodog (secteur pétrolier), Protais Ayangma Amang (secteur assurance). Face à cette forfaiture, des indiscrétions annoncent une seconde liste qui serait en gestation et qui ambitionne de corriger tous ces manquements.
Mais les porteurs de ce projet disent vouloir s’assurer à l’avance que le processus électoral ne sera pas pipé. D’ailleurs, l’annonce de cette seconde liste a créé la panique dans le cas des créateurs d’ECAM qui ont fait main basse de manière dolosive sur le GICAM devenu GECAM. «Même si l’annonce des élections crée déjà la fébrilité dans les rangs de certains, et suscite une vague de vraies fausses candidatures, nous n’avons pas à disperser nos énergies. Certains d’entre eux n’ont d’ailleurs pas hésité à tenter de se réapproprier le chantier de la refondation du patronat», avait déclaré Protais Ayangma dans une récente tribune. Comment ne pas souligner que GECAM apparait pour le milieu des affaires comme une escroquerie intellectuelle qui a consisté simplement à changer le « I » pour le « E » et mettre en exergue une organisation patronale (ECAM) qui était en train de mourir de sa belle mort.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal L'Essentiel du Cameroun
Article publié dans le journal Le Quotidien
Et dans notre version digital http://www.lecanardlibere237.com
LISTE CONDUITE PAR TAWAMBA
1- Mitwa Ng’ambi (CEO MTN)
2- Stéphane Descazeaud (DG - SABC)
3- Dominique Cornet (DG - SOCAPALM)
4- Amine Homman Ludiye (DG - ENEO)
5- Hayssam El Jammal (PDG - PROMETAL)
6- Gwendoline Abunaw (DG - ECOBANK/APECCAM)
7- Carine Eka (CEO - ACH D’OR FOOD)
8- Célestin Tawamba (PDG – CADYST INVEST)
9- Jean Perrial Nyodog (DG – GULFCAM)
10- Protais Ayangma Amang (P2A ASSURANCE)
11- Jean Faustin Ngueyep (PDT GFBC)
12- Christian Fosso (PDT CROFILE)
13- Antoine Ndzengue (PDT – GPP)
14- Gabriel Maniben (PDT – GPFAC)
15- Amadou Siddiki (CEO – NOTACAM)
16- Eric Eloundou (DG – ELESYST)
17- Laure Kenmogne (DG – JURITAX)
18- Ahmadou Sardaouna (DG- SIC)
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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