CFPS DE DOUALA ET D’EDEA
Le Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle était au GICAM, le 31 octobre 2022 pour présider les Assemblées générales constitutives des Groupements d’Intérêt Publics devant servir d’organes de gouvernance des Centres de Formations Professionnelles sectorielles de Douala et d’Edéa qui sont toujours pas construits malgré la mise à disposition depuis dix ans des financements par l’Agence Française de Développement.
Dans le souci de combler le déficit criard de la main d’œuvre qualifiée dont les entreprises industrielles camerounaises font face depuis de nombreuses années, le patronat camerounais a porté un plaidoyer qui a abouti à la signature d’un protocole entre le Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) et le Ministère de l’Emploi et la Formation professionnelle (MINEFOP) pour la construction, la gestion et le fonctionnement de deux Centres de Formation Professionnelle Sectorielle (CFPS) spécialisés dans les métiers de l’agro-industrie pour celui de Douala-Yassa et aux métiers de la maintenance industrielle, le transport et logistique pour celui d’Edéa. Seulement, «voilà exactement dix ans, que le GICAM s’est engagé aux côtés du Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, suite à l’intérêt manifesté par les entreprises pour ce projet afin d’y prendre une part active», indiquera Célestin Tawamba, le Président du GICAM. Curieusement, dix ans après, jour pour jour, aucun des deux CFPS, n’ont même pas encore connu la cérémonie de la pose de la première pierre pour ne pas parler de leur construction ou encore moins de leur doter un local provisoire. Pourtant, la livraison des bâtiments clés en main était prévue pour 2019. Une inertie légendaire de l’administration publique camerounaise qui ne cesse d’exaspérer le patronat. « Dix ans après le début de ce projet, les centres ne sont toujours pas construits malgré les dispositions de fonds depuis sept ans. Ça fait très mal au cœur de savoir qu’il y a de l’argent et le travail n’est pas fait. Très souvent, nous avons des projets et nous n’avons pas d’argent. Ce cas crée des frustrations ».
Ce n’est pas pourtant pas faute pour le patronat d’avoir interpellé le Ministre de tutelle compétent. En octobre 2020 lors de l’arrivée du Ministre, Issa Tchiroma Bakary à la Maison de l’entreprise, le président du GICAM avait dénoncé l’allure de fiasco que prenait ce projet. « En 2020, je relevais l’absence de lisibilité sur le début des travaux de construction, jusque-là, je n’en vois toujours pas. Les lourdeurs administratives plombent, une bonne partie du budget étant déjà consommée par le fonctionnement. La cérémonie de pose de la première pierre reste toujours attendue. Moi, je préfère poser les dernières pierres», a déploré le Président du GICAM. Etonnant, lorsqu’on sait que le MINEFOP ne cesse de se faire le chantre de la mise au cœur de l’orientation scolaire et éducative de la jeunesse dans la formation professionnelle. «Que la formation professionnelle soit un instrument de développement de notre pays et favorise la création des richesses. L’Inde, la Chine, les Etats Unis sont devenus développés parce qu’ils ont su renverser l’ordre de l’enseignement en accordant plus d’importance à l’enseignement professionnel», soulignera Issa Tchiroma Bakary. Mais, il va tacitement avouer son impuissance devant les tares de l’administration publique camerounaise qui ont conduit à la non-construction des CFPS de Douala-Yassa et d’Edéa. Pourtant, dithyrambique lorsqu’il faut parler de ses atouts. «Le projet vise à développer dans le cadre d’un partenariat novateur entre le secteur public et le secteur privé, une offre de formation professionnelle de qualité, répondant aux besoins des compétences exprimées par les entreprises pour fournir des ouvriers et des techniciens qualifiés», soutient Issa Tchiroma.
Or, le projet de ces CFPS est financé à hauteur de 10 milliards FCF par l’AFD dans le cadre du 2è Contrat Désendettement Développement (C2D) signé entre le Cameroun et la France en référence au Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) réorienté vers la Stratégie Nationale de Développement (SND30) et en cohérence avec la vision devant conduire à l’émergence du Cameroun en 2035. « L’AFD, c’est le financier qui met à la disposition du gouvernement camerounais des moyens pour la formation du capital humain. Mais il n’aimerait pas investir à fonds perdus. Il sait très bien que c’est le secteur privé qui doit être bénéficiaire de cet investissement. C’est donc pour cette raison que l’AFD exerce une espèce de pression sur nous. L’AFD nous donne de l’argent pour construire les centres, les équiper pour la production des référentiels, et pour la formation des formateurs », déclarera Issa Tchiroma Bakary. En cela, le projet propose une nouvelle offre de formation initiale, qualifiante au profit des jeunes et une offre de formation continue avec des personnes en activité, dans les secteurs de la logistique, la maintenance industrielle, et du transport logistique. Le projet vise ainsi à développer dans le cadre d’un partenariat novateur entre le secteur public et le secteur privé, une offre de formation professionnelle de qualité répondant aux besoins des compétences exprimées par les entreprises pour fournir des ouvriers et des techniciens qualifiés.
Malgré cela, en s’appuyant sur le protocole d’entente de décembre 2013 qui lie le MINEFOP et le GICAM, le patronat a trouvé un moyen pour faire fonctionner ces deux CFPS de manière itinérante et hybride afin de montrer le grand intérêt des entreprises camerounaises. Il a ainsi réussi à organiser des activités conjointes qui sont axés pour l’instant sur six modules de formation. Ce qui a permis de former depuis 2018, 419 salariés et une quarantaine de formateurs de la CNPS. C’est pour conforter ses efforts que se sont tenues les Assemblées générales constitutives des Groupements d’Intérêts Publics (GIP) qui sont les instances de gouvernance de ces futurs centres de formation professionnelles. Leurs statuts sont fixés par la loi de 2006 portant sur la création, le fonctionnement et la gestion des CFPS. Elle fait des GIP, des personnes morales de droit public constitué entre l’Etat ou les Collectivités territoriales Décentralisées (CTD) et d’autres personnes morales qui peuvent être public ou privé à l’effet de conduire ces missions d’intérêt public. Le MINEFOP va profiter pour interpeller toutes les entreprises membres des GIP. « Cette rencontre qui annonce les premiers pas du GIP est une occasion pour les différents acteurs de la formation professionnelle que nous constitution tous de nous engager plus que par le passé pour le développement intégral du capital humain dans notre pays ». Et de poursuivre : « Les engagements doivent nos conduire vers les véritables engagements communs qui nous permettront d’atteindre les objectifs d’émergence du Cameroun à l’horizon 2035 tels que prescrit par la Président de la République SE Paul Biya ». Il ne fait pas de doute au regard des échanges que les entreprises et organisation représentées à ces assises avaient le souci de prendre la bonne mesure de leur rôle et responsabilité dans le développement de la formation professionnelle, dans la mise en place et l’opérationnalisation de ces deux CFPS en particulier. Parce que c’est dans cette dynamique qu’elles vont s’impliquer dans la co-construction de ce statut novateur, à la définition des missions de coordination dans le cadre administratif, financier et pédagogique des CFPS. Qui a terme, vise à contribuer au développement local, et la recherche de l’autonomie financière. Surtout que l’encrage légal fait bénéficier à ces CFTP des exonérations fiscales.
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Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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