DOUALA
Jusqu’au mardi 12 décembre 2023, les populations de la capitale économique continuaient de subir les ravages de la pénurie de carburant. Les stations-services étaient toujours prises d’assaut par les usagers à la recherche du précieux liquide. A la SCDP, un alignement de plus une soixantaine de camions citernes des marketteurs continuaient d’attendre les chargements. Pendant que l’inflation sur le prix du transport urbain n’était pas totalement retombée.
En dépit du communiqué signé par le Ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, annonçant le retour à la normale, la réalité est loin du compte. Ce mardi 12 décembre 2023, les automobilistes et les motocyclistes sont toujours dans le désarroi, agglutinés dans la majorité des stations-services de la ville de Douala dans l’attente de s’approvisionner en carburant super. Une situation observée dans les stations-services parcourues à l’instar de celles de : OLA Energy à PK 11, OLA Energy Terminus St. Michel, Africa Pétroluem à Ndogbati,… Contrairement à la journée du lundi 11 décembre 2023 où le combustible était rare, malgré les efforts de rationnement effectués par la Société Camerounaise de Dépôts Pétroliers (SCDP), obligée de puiser dans les stocks de réserves pour livrer de manière stratégique une à deux stations-services dans chaque coin de la ville de Douala afin d’essayer d’atténuer la grogne des usagers, certes en vain ; la journée de mardi 12 décembre 2023 s’est levée avec un brin d’espoir. La plupart des stations-services était approvisionnée des quantités minimales nécessaires pour éviter les tensions enregistrées les deux précédentes journées. «C’est vrai que nous observons ce matin dans les stations-services qui étaient à sec la veille, un ravitaillement en carburant, mais en faible quantité. Ce qui conduit à la vente des quantités limitées. 10 litres pour les automobilistes et 05 litres pour les motocyclistes. Et encore, il fallait avoir beaucoup de change», confie Mbock, un taximan.
Les camions citernes stationnés à la SCDP
Pendant ce temps, dans les stations-services Total Energies et Tradex, après avoir concentrés dans un capharnaüm la majorité des usagers, parce que quasiment les seules en capacité de satisfaire la vente à la pompe dans la journée de lundi, on observe ce mardi une accalmie surprenante. Des indiscrétions font état de ce que les cuves ont été à nouveau mises à sec. Mais pas suffisante pour mettre fin à la pénurie. Justifiant l’image peu reluisante des usagers qui écument encore mardi, comme depuis dimanche soir, les rues de la ville de Douala avec les bidons vides à la recherche du précieux liquide. Ce sont pour en majorité les personnes dont les véhicules étaient cloués à la maison ou dans les parkings depuis dimanche soir dans l’espoir que l’assurance donnée par les autorités compétentes d’un retour à la normale depuis lundi serait réelle. Mirage ! «Depuis 5 heures du matin, je parcours de stations-services en stations-services avec mon bidon vide dans l’espoir d’acheter le carburant super en vain. Les stations-services parcourues qui ont été certes, approvisionnés sont essaimés des gens qui ont visiblement passé la nuit à attendre que lesdites stations-services soient livrées», déclare désemparer L. Kengne, cadre d’entreprise. Et d’ajouter «Cela n’a rien résolu puisque les usagers se bousculent et des longues files de voiture attendent impatiemment». Et de conclure : «C’est la désillusion. Pourtant, avec le communiqué du 11 décembre 2023, du Ministre de l’Eau et l’Energie qui annonçait l’accostage d’un premier bateau de 13 000m3 de carburant super depuis dimanche matin, et le retour à la normale le lundi, nous avait donné grand espoir que la pénurie du carburant sera derrière nous au plus tard ce mardi matin. Ce qui n’est pas le cas».
Inflation des prix de transports
Pour les usagers, le pessimisme est encore plus grand parce que 61 des 81 camions citernes dont le communiqué du MINEE annonçait le chargement toute la nuit du dimanche 10 au lundi 11 décembre 2023 sont encore stationnés ce mardi 12 décembre tout le long de l’axe allant du Carrefour Agip (où est situé la base de la SCDP) à l’entrée de la gare ferroviaire de Bessengue dans l’attente depuis dimanche des chargements annoncés. C’est dire que le retour à la normale n’est pas pour ce mercredi 13 décembre 2023. Pendant ce temps, dans la zone de Bonabéri dans le 4è Arrondissement de la ville de Douala, le commerce du carburant de contrebande, combattu depuis des mois, a repris du poids de la bête avec d’importantes quantités qui vendent de manière ostentatoire avec une hausse de plus de 25% de prix officiel, soit 1000 FCFA/litre. Pendant ce temps, le transport urbain a aussi connu une inflation des prix. Après une hausse de 100 FCFA sur le tarif officiel des taxis enregistré le dimanche soir, elle va passer au double du prix officiel le lundi, passant ainsi de 300 FCFA à 500 FCFA pour les distances habituelles effectuées par les taxis, et de 100 FCFA à 500 FCFA et de 200 FCFA à 1000 FCFA pour les distances effectuées moto-taxis. Le mardi 12 décembre, cette inflation est retombée à une hausse de 100 FCFA pendant que les moto-taxis avaient réduit de 200 FCFA les prix appliqués la veille.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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