JUNIOR NGOMBE & STEEVE AKAM
Les arrestations des deux activistes des réseaux sociaux Steeve Akam dit «Ramon Cotta» et Junior Ngombé dit «Junior G32» ont conduit à la mise sur pied de la Plateforme des Avocats Bénévoles et des Organisations de la Société Civile pour un Etat de Droit, la Consolidation des Institutions Démocratiques et la Paix au Cameroun. Pour sa première sortie, elle a rencontré la presse au siège du REDHAC le 31 juillet 2024 à Douala. A cette occasion, elle a exigé la libération sans condition et l’abandon de toutes les charges portées contre ces deux activistes.
Pour sa deuxième présentation le 31 juillet 2024 devant le Commissaire du Gouvernement près du Tribunal Militaire de Yaoundé (TMY), Junior Ngombé, l’activité citoyen et civique des réseaux sociaux qui avait été arrêté le 24 juillet 2024 à Douala puis déporté aux Secrétariat d’Etat à Défense (SED) ,chargé de la Gendarmerie Nationale, dans des conditions troubles, frisant la violation des libertés fondamentales dans un Etat de droit a été mis en liberté provisoire sous caution de représentativité pour laquelle deux de ses avocats Me Akéré Muna et Me Serge Emmanuel Chendjou se sont portés garants. Une annonce qui est arrivée au moment où le Plateforme des Avocats Bénévoles et des Organisations de la Société Civile pour Un Etat de Droit, la Consolidation des Institutions Démocratiques et la Paix au Cameroun, rencontrait la presse pour dénoncer le caractère illégale et arbitraire des arrestations de Junior Ngombé dit «Junior G32» et de Steeve Akam dit «Ramon Cotta». Alors qu’on s’attendait à la célébration de la mise en liberté de Junior Ngombé, les membres de la Plateforme ont exprimé leur indignation de ce qu’il a fallu que deux de ses avocats se portent garants pour qu’il soit mis en liberté. «Nous demandons l’abandon des charges», a déclaré Maximilienne Ngo Mbé, la Présidente du REDHAC.
A sa suite, la Co-Présidente du Conseil d’Administration du REDHAC, Me Alice Kom de déclarer : «Cette caution exigée est de l’arnaque…Et à ce titre, nous allons continuer dans notre combat si on ne le libère pas sans condition, qui est un préalable à tout». Parce qu’elle soutient avec emphase que : «Quel que soit le bout par lequel on prendrait cette affaire, l’arrestation de ce jeune activiste des réseaux sociaux est illégale et arbitraire». D’ailleurs, pour la Plateforme, il était évident que sauf mauvaise foi, on devrait déboucher à l’arrêt des procédures autrement dit à un non-lieu lors de ce passage par devant le Commissaire du Gouvernement près du Tribunal Militaire de Yaoundé. Puisqu’elle estime qu’en le renvoyant au SED pour complément d’enquête après son premier déferrement par devant lui, la veille (30 juillet 2024), il s’agissait simplement de vérifier si les règles d’arrestations ont été respectées. Ce qui n’était pas le cas. «Il faut que ce genre d’abus s’arrête», ont lancé les membres de cette Plateforme. Et Me Alice Kom d’indiquer que : «Cela ne va pas nous empêcher à regarder si les règles de droits ont été respectées comme il se doit dans un Etat de droit».
Le cas Steeve Akam dit Ramon Cotta préoccupe
En citant les dispositions de la Constitution, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, le Pacte International relatif aux Droits Civil et Politiques qui disposent tous que : «nul ne peut être inquiété pour ses opinions… », la Plateforme en a profité pour s’offusquer aussi de l’arrestation et l’extradition de Steeve Akam dit «Ramon Cotta» qu’elle affirme être en violation avec le droit international, en l’occurrence la Convention de Genève du 28 juillet 1958. Surtout qu’elle souligne que : «Ceux qui l’ont arrêté et déporté n’avaient pas qualité pour le faire». A ce titre Me Alice déclare : «Nous allons continuer à réclamer leur libération sans condition. Parce que les personnes qui les ont arrêtées n’avaient aucune compétence. Ni individuellement ni sous le couvert des forces de sécurité. C’est la violation des libertés fondamentales». Et de s’indigner du fait que le Cameroun glisse allégrement dans une dérive totalitaire où n’importe quel quidam peut venir nous arrêter maintenant dans des conditions alambiquées et vous déporter sans avoir à rendre compte. «L’heure est grave. Les avocats de la Plateforme vont se constituer dès demain pour défendre Steeve Akam», a annoncé Maximilienne Ngo Mbe. Tout comme, elle dit aussi envisager une plainte contre le Cameroun et le Gabon devant les instances compétentes internationales.
Pis encore, la Plateforme s’est outrée du fait que pour des simples opinions, des personnes sont arrêtées comme de vulgaires terroristes et traduites sans ménagement devant les tribunaux militaires. «Ça doit s’arrêter ! On n’a pas à emmener un civil dans les tribunaux militaires surtout lorsque celui-ci n’a jamais mené une activité délictueuse avec port d’arme. Ce n’est pas acceptable. Parce qu’il y a des directives et des principes sur le droit à un procès équitable et l’assistance judiciaire en Afrique, qui est un instrument que les Etats ont ratifié et qui proscrivent qu’on juge des civils dans les tribunaux militaires», a relevé Philippe Nanga, Coordonnateur de l’ONG Un Monde Avenir. Pourtant le Cameroun avait pris l’engagement de réviser la loi portant lutte contre le terroriste et la loi sur la cybercriminalité lors de son passage devant la Commission périodique de l’ONU. «C’est autant de violations flagrantes qui ont motivé la création de cette Plateforme pour l’émergence d’un Etat de droit. C’est pour dire qu’on ne s’arrêtera pas aux deux cas actuels parce que la justice est le ferment de tout un Etat de droit», a souligné Me Fenelon Mahop Sen. Une bonne initiative au moment où plusieurs observateurs avertis soutiennent que le Cameroun est devenu un pays risqué pour tout le monde. Surtout en cette période préélectorale où on s’achemine aux échéances électorales cruciales de 2025.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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