COMEDIE CITOYENNE
La caravane citoyenne de l’Ong Un Monde Avenir a mis le cap le jeudi 28 juin 2024 dans le quartier Bilongue dans l’Arrondissement de Douala 3è pour la neuvième prestation itinérante du projet Comédie Citoyenne qui est à sa deuxième phase. Il permet de sensibiliser, d’éduquer et de promouvoir la masse critique sur la culture à la citoyenneté. Mais aussi de forger des jeunes talents à l’art théâtral.
La caravane de Comédie Citoyenne de l’ONG Un Monde Avenir était au quartier Bilongué dans l’Arrondissement de Douala 3è dans le cadre de la deuxième escale de la phase 2 du projet. L’intrigue a porté sur les revendications pacifiques des populations pour faire valoir leur citoyenneté chaque fois qu’elles se rendent compte que leurs droits à l’accès à un service public de base sont bafoués. On peut citer entre autre : la non approvisionnement en eau potable, la non fourniture en énergie électrique, la mauvaise fourniture en connexion de télécommunication, l’accès à l’éducation des jeunes et des enfants vivant avec un handicap, la forte dégradation de la voirie urbaine ou des axes interurbains, une inflation des prix des denrées de première nécessité qui entraine la vie chère, la mauvaise exécution d’un projet de construction d’une infrastructure allouée à une communauté,… L’auteur et metteur en scène, Juda le Magnifique et les jeunes volontaires de moins de 18 ans, habitants ce quartier et ses environs, qu’il a encadré pendant moins de quatre séances pour leur donner les prérequis de l’art théâtral sont partis d’une coupure de l’énergie électrique pendant qu’un jeune coiffeur était en train de rasé un client pour porter la revendication citoyenne.
Une intrigue toujours à vocation citoyenne
Exprimant tous les deux leur ras-le-bol après cette coupure, ils vont faire le constat que c’est une situation récurrente et persistante qui dure depuis des mois sans que les autorités compétentes s’y penchent. En trainant des préjudices socio-économiques énormes. A l’instar des enfants qui ne peuvent plus réviser sereinement leurs leçons le soir à la maison, les ménagères et commerçants et commerçantes qui enregistrent d’énormes perte en terme de produits avariés. Une sensibilisation des habitants du quartier va être organisée pour arriver à une forte mobilisation. Ce sera toutefois sans compter avec la frilosité et la réticence des principales victimes de cette coupure de l’énergie électrique. Mais au bout du compte, une déclaration de manifestation publique sera adressée à l’autorité compétente, et une marche dans les artères de la ville sera organiser le jour et sur l’itinéraire indiqué avec pour point de chute, le domicile du Gouverneur afin de faire entendre leurs exaspérations. Seulement, comme il fallait s’y attendre, les autorités vont déployer les Force de Maintien de l’Ordre pour mater et disperser les manifestants. Et huit manifestants seront interpellés.
Au Groupement de Gendarmerie, le Commandant ne voudra rien entendre, malgré la présentation du récépissé de déclaration. Arguant malgré tout que le Sous-préfet territorialement compétent n’a pas délivré l’autorisation. C’est alors que le leader du mouvement de revendication va s’évertuer à démontrer que selon la loi camerounaise régissant les manifestations publiques et les conventions internationales signées, au Cameroun, la manifestation publique est sous le régime de la déclaration et pas de l’autorisation. Même l’intervention des Organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH) n’arriveront pas à faire entendre raison au Commandant qui s’arcboutait simplement sur le fait que de la menace à l’ordre public qui est un autre prétexte au Cameroun pour outrepasser les lois de la République lorsque le système au pouvoir décide briser tout élan de revendication pacifique et citoyenne. Finalement, c’est la requête aux fins d’intervention, introduite par les ODDH auprès du Gouverneur qui va sur instruction recommandée aboutir à la demande de libération sans condition des manifestants. Avec la promesse du Gouverneur de saisir la société concessionnaire du service publique de l’énergie électrique afin de remédier à la situation dans les jours à venir.
La phase 2 se déporte hors de Douala
Ce rendez-vous de prestation théâtrale en plein air dénommée : «Comédie Citoyenne» qu’organise l’Ong Un Monde Avenir avec le soutien de l’Agence France de Développement (AFD) s’est déroulée devant les habitants de Bilongue enthousiastes, en présence du Chef de quartier qu’accompagnaient les chefs de Blocs. Au-delà la culture citoyenne ainsi inculquée au public, il ne fait pas de doute que les jeunes volontaires s’en tirent aussi avec une expérience enrichissante : «Merci encore à l’Ong Un Monde Avenir. Ça a été une expérience formidable qui nous a permis de sortir de notre zone de confort et de se froter à certaines réalités», déclarera la comédienne Nina Elsa et d’ajouter : «Votre vision et votre combat est louable, nous sommes heureux de l’accompagnement que vous offrez ainsi à la jeunesse en particulier et aux citoyens en générale». La précédente étape, la caravane de Comédie Citoyenne, était, il y a un mois au quartier Mabanda par Bonabéri dans l’Arrondissement de Douala 4è, et avait pour intrigue le combat légal contre la falsification des résultats aux concours d’Etat en faveur des enfants familles des pontes du pouvoir ou des jeunes filles ayant cédé au droit de cuissage.
Au regard de l’émulation que ce projet suscite depuis sa phase 1 au cours de laquelle sept (07) prestations théâtrales ont été organisées de manière itinérante dans les différents arrondissement de la ville de Douala. Pas toujours sans difficulté, puisque les éléments des Forces de Maintien de l’Ordre (FMO) ont souvent de leur propre chef ou sur ordre des autorités administratives empêché ou tenté d’empêcher le déroulement de son organisation. Toutefois, partout où, elle s’est déroulée avec les jeunes acteurs desdits quartiers cela a été un franc succès. Même les chefs de quartiers souvent très sceptiques au départ finissent par s’en émouvoir et réclamer un second passage de la caravane. Non sans tarir d’éloges cette initiative. Qui, a chacune de ses étapes est un scénario bâti au tour d’une thématique citoyenne différente portant sur les violations des droits que vivent régulièrement les populations dans l’accès aux services de base. Avec comme spécificité que le sketch est joué par les jeunes recrutés dans le quartier d’accueil. Après cette deuxième sortie dans le cadre de la phase 2, la responsable de la mise en œuvre du projet, Aichetou Makouet a annoncé qu’il sera déporté dans les prochains mois dans les villes d’Edéa et de Nkongsamba.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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