DROITS HUMAINS
Le Groupe de travail conduit par l’Ong Un Monde Avenir poursuit dans sa collecte des cas de violations et violences sur l’ensemble du territoire national. Après le rapport bilan de l’année 2022, il vient rendre publique le rapport périodique sur la situation des violations de droits de l’Homme au Cameroun comptant pour le premier trimestre sur les droits humains 2023.
Avant toute chose, l’Ong Un Monde Avenir (1MA) a tenu a préciser que le suivi des cas de violations des droits de l’Homme se fait dans un premier temps, au niveau de la surveillance systématique des zones à risque ou exposées aux violations. Et dans un deuxième temps, au niveau de la collecte des informations soit par des personnes (victimes, familles de victimes, témoins) qui sollicitent soit l’Ong 1MA ou les organisations partenaires, soit l’équipe de collecte disséminée sur le terrain. C’est ainsi qu’entre les mois de janvier, février et mars 2023, il a été enregistré des cas de violences sur le genre, des féminicïdes, des violations des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels, des exactions attribuables aux Groupes armés non-gouvernementaux, des cas de droit à un procès équitable. De manière chiffré, il y a eu au total 257 meurtres ont été enregistrés soit 200 meurtres perpétrés par les civils, soit 21 meurtres perpétrés par les Groupe armés non gouvernementaux (GANG), 36 meurtres par les Forces de Défense et Sécurité (FDS). Mais il ressort qu’une dizaine de femmes ont été tuées en l’espace d’un mois. Ce qui augmente de manière inexorable le nombre de femmes qui ont perdu la vie suite aux violences exercées sur elles par leurs époux ou concubins.
Des chiffres croissants qui conduisent au constat qu’«il est fort aise de remarquer que la situation des droits humains au Cameroun s’aggrave». Et pour cause : «Au fur et à mesure que le temps passe, les cas de violences et des violations des droits humains augmentent tandis que la situation économique se détériore » fait remarquer le rapport. Non sans déplorer qu’«Aujourd’hui, on assiste à une forte banalisation des violations». Ce d’autant plus que les informations recueillies par l’équipe de collecte montre que dans l’espace public la grande criminalité, le meurtre, les violences basées sur le genre et le tribalisme ont atteint des proportions inquiétantes. « Ce qui montre à suffisance que le Cameroun tend à devenir une société de violence généralisée », souligne le rapport. Pour l’étayer, le rapport indique que cela est dû aux confrontations incessantes entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Groupes armés non gouvernementaux (GANG). Boko Haram a fortement repris les attaques contre les populations civiles et les Forces de défense et de sécurité. Les éléments de la secte islamiste Boko Haram ont recouru aux engins explosifs improvisés (EEI) dans des exactions. Ces derniers ont fait des incursions dans des villages, où des pillages. Des enlèvements de personnes ont impacté négativement le quotidien des populations dans les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari. Trois soldats du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) ont été tués à Amchidé (Kolofata) par les éléments de la secte terroriste Boko haram.
Renforcement de l'appareil répressif
Du côté des régions anglophones, de nombreux affrontements se sont multipliés entre les Forces de Défense et de Sécurité et les Groupes armés non gouvernementaux de la fraction du NSAG dans la localité de Muea, à Buea. Deux étudiants de l'Université de Buea ont été soupçonnés d’être les auteurs des explosions qui ont causé des blessures à plusieurs personnes pendant la course de l’espoir de février 2023. L’un est mort après leur arrestation. Cinq travailleurs de la CDC ont été tués par les GANG alors qu’ils revenaient du travail dans le véhicule de transport en commun du personnel. Les GANG opposés à la tenue des élections sénatoriales dans les régions en crise du Nord-ouest et du Sud-ouest ont tué deux délégués d’Arrondissement d’ELECAM dans le Nord-Ouest. Un enseignant du lycée de Kaélé a subi des tortures, des traitements inhumains et dégradants des éléments du BIR jusqu’à ce que mort s’en suive. Au moins 160 personnes ont été arrêtées par les éléments du BIR dans plusieurs localités de la Commune de Konyé dans le Sud-Ouest. Ils ont été maintenus en détention dans les casernes militaires. Les familles des jeunes retenus et plongées dans l'angoisse ont maintenu des manifestations pour réclamer la libération immédiate de leurs fils dans la période indiquée. Au regard de tous ces éléments collectés, le rapport indique qu’«il est fort aisé de remarquer que la situation des droits humains au Cameroun s’aggrave». Et pour cause, au fur et à mesure que le temps passe, les cas de violences et des violations des droits humains augmentent tandis que la situation économique se détériore. « Les informations recueillies dans l’espace public montrent que la grande criminalité, le meurtre, les violences basées sur le genre et le tribalisme ont atteint des proportions inquiétantes», fait remarquer le rapport.
Pour le Coordonnateur d’Un Monde Avenir, Philippe Nanga, « Ce qui montre à suffisance que le Cameroun tend à devenir une société de violence généralisée ». Et déplore qu’«en lieu et place d’une véritable réponse l’Etat mise sur le renforcement de son appareil répressif pour rétablir son autorité menacée ». Les cas des personnes en situation de détention abusive en attente de jugement montrent à suffisance ce climat délétère. Le Groupe de travail sur les détentions arbitraires du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a estimé que la détention, depuis trois ans, des militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) dans le cadre des manifestations politiques de septembre 2020 est illégale. Dans la foulée, le Groupe de travail international a exigé leur libération en vain depuis plus de six (6) mois, délai imparti au Cameroun, pour lui rendre compte des mesures prises pour exécuter ces recommandations. Non sans constater pour s’en offusquer que le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest persiste alors que des initiatives ont été prises par le Canada, pays ami du Cameroun, pour réunir les principaux acteurs de la crise autour d’une table de négociations. Et s’étonner que : « Cette opportunité de règlement pacifique du conflit au Nord-ouest et Sud-ouest est malheureusement rejetée par le gouvernement camerounais ».
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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