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LA SOCIÉTÉ CIVILE DEMANDE AU PRÉFET DU MFOUNDI DE RAPPORTER SON ACTE

RESTRICTION DE SEJOUR


Après la sortie du Ministre de l’Administration Territoriale au lendemain de la conférence semestrielle des Gouverneurs des régions, le Préfet du Mfoundi a signé le 16 juillet 2024 un arrêté qui fait reculer gravement les libertés fondamentales et l’Etat de droit au Cameroun. Les organisations de la société civile de défense des droits humains et le Syndicat National des Journalistes du Cameroun ont signé des déclarations pour dénoncer cette dérive administrative qui veut se perpétuer alors qu’on s’achemine vers une année 2025 aux joutes électorales décisives pour l’avenir du pays.


Le Préfet du département du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, a signé le 16 juillet 2024, un arrêté menaçant d’interdiction de séjour dans ce département toute personne qui «appelle au soulèvement contre les institutions de la République ; outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne (par tout moyen de communication suivi dans le département) ; entreprend des manœuvres pouvant entraîner de graves troubles à l’ordre public». Cet acte qui « fait du Mfoundi une république dans la République » sinon frise la mise dudit département dans un état d’urgence ou un état d'exception déguisé. Une décision embarrassante même pour le système au pouvoir qu’elle est prise en toute illégalité tout marquant un recul alarmant vis-à-vis des libertés fondamentales et de l’Etat de droit que même le Ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi dans un communiqué signé le 18 juillet 2024 pour désamorcer la levée de bouclier de la majorité de Camerounais, et intitulé : «Propos injurieux contre les institutions : le gouvernement condamne» a d’emblée préciser que : «Le Cameroun se veut une démocratie et un Etat de droit». Tout en voulant justifier qu’en sa qualité de porte-parole du Gouvernement, il peut comprendre la sortie embarrassante par la «Montée des propos injurieux contre les institutions de la République et ceux qui les incarnent dans l’espace public». Se contentant de souligner que : «Le gouvernement de la République désavoue et condamne avec force ces écarts de langage que certains de nos concitoyens se permettent impunément, sous le couvert de la démocratie, faisant fi aussi bien de la bienséance que des lois et règlements de la République». Mais surtout sans marquer son soutien aux mesures d’un état autocratique et dictatorial prise par le Préfet du Mfoundi.

Ce dernier lui-même ayant certainement pris conscience qu’il était allé très loin a dans une interview explicative accordé au quotidien gouvernemental, parle plutôt de la nécessité de prévenir des troubles à l’ordre à public, notamment en cette année pré-électorale. Tout en maintenant sa décision, souligne «qu’il s’agirait d’une mesure préventive». Pas suffisant pour atténuer la colère du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) qui dans une déclaration signé le 18 juillet 2024 «condamne cette décision qui fait penser à une époque longtemps révolue». Toute en prenant à témoin l'opinion nationale et internationale de cette volonté administrative de musellement de la presse. Après avoir constaté que cet administrateur civil principal fait un grossier procès d'intention et viole de manière flagrante la liberté d'expression et d'opinion. Non sans souligner que : «Cet arrêté prend à contrepied le Président de la République qui avait indiqué que les Camerounais ne doivent pas aller au maquis pour s'exprimer». Des organisations de la société civile (OSC) camerounaise dans sa déclaration Action Civile 237 N°013/24 sur l’Arrêté du Préfet du Mfoundi, elles affirment de manière péremptoire ces «menaces inacceptables». En ce que : «Un Citoyen Camerounais ne peut être interdit de séjour dans un département du Cameroun». La vingtaine des leaders des OSC s’étonnent que dans son arrêté, ledit Préfet énumère deux visas : - La Constitution et - la loi n°90/054 du 19 décembre 1990, portant sur le Maintien de l'ordre. Qui ne lui donne pas ce pouvoir. Donc qu’aucun des deux ne donne qualité à une autorité administrative de rang préfectoral à pouvoir interdire le séjour d'un citoyen Camerounais au Cameroun en dehors des périodes marquées par les états d’urgence ou état d’exception.



Par conséquence, la société civile camerounaise «demande au peuple camerounais de ne pas céder à la tentation [Ndlr mieux à la provocation] tout en restant ferme sur sa souveraineté, en disant non à tout acte politico-administratif qui viserait à mettre en mal ses libertés acquises de haute lutte». Tout en affirmant avec fermeté tout son soutien à la détermination des Camerounais qui se positionnent comme des acteurs prêts à défendre leur liberté sans faire la moindre concession, dès l'instant où ces libertés ont été chèrement acquises par des luttes ayant laissé sur le tapis des centaines d'autres Camerounais. A cet effet, elle dit condamner avec la dernière énergie cette tentative de restriction spécieuse de l'espace civique Camerounais ; demander à M. le Préfet du Mfoundi de rapporter cet acte réglementaire qui, à la limite, fait de Mfoundi une république dans la République ; appeler à l'ensemble des autorités administratives du Cameroun que leur mission est de veiller au respect de la loi et non d'en créer des lois pour lesquelles elles vont demander une application ; exiger du Chef de l'État afin que, par sa position hiérarchique, il rappelle à l'ordre l'ensemble des autorités qui se donnent des libertés sur les lois de la République et sur les libertés des citoyens. Surtout que la société civile considère que les motifs évoqués par le Préfet du Mfoundi sont notamment l’outrage aux institutions d’une part et l’appel au soulèvement d’autre, part, ont déjà été prévus par le législateur dans le Code pénal camerounais et qu’il ne revient aucunement au pouvoir exécutif, encore moins une autorité administrative de s’immiscer dans le champ de compétence du pouvoir législatif. Curieusement aucun acteurs ni politique ni des médias ni de la société civile n’a encore attaqué cette arrêté en annulation devant les juridictions compétentes comme c’est le cas sous d’autres cieux.





Mathieu Nathanaël NJOG



Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun


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