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LE DROIT À LA SANTÉ AU REGARD DE L’OFFRE DES SOINS OBSTÉTRIQUES ET NÉONATALES

75 ANS DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE


Le Bureau régional pour l’Afrique Centrale du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme a organisé à Douala du 2 au 3 mars 2023 un atelier de validation de l’évaluation de la prise en compte de l’approche basée sur les droits de l’Homme en tenant compte de l’offre de service de santé maternelle au Cameroun.



A la faveur de la célébration cette année 2023 du 75è anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) adoptée le 10 décembre 1948, le Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale a organisé du 2 au 3 mars 2023 à Douala, un atelier de validation de l’évaluation de la prise en compte de l’Approche Basée sur les Droits de l’Homme (ABDH) dans l’offre de service de santé maternelle dans les formations sanitaires de quatre Réseaux de Soins Obstétriques et Néonataux d’Urgence (SONU) des régions de l’Est et du Nord du Cameroun en contexte de COVID-19. «Il avait pour but de valider l’évaluation qui a été faite au Cameroun visant à apprécier le respect des Droits Humains dans la prise en compte de la santé maternelle et infantile», indique Dr Foguito, participant. En effet, il était question de présenter les résultats préliminaires de la collecte et recueillir le feedback des professionnels de la santé et autres acteurs. «Il en ressort que les populations bénéficiaires des services de santé n’ont pas une appréciation de leurs droits, mais également ceux qui étaient supposés garantir ses droits ne les connaissaient pas. La plus part du temps, lorsqu’on demandait dans un Centre de santé à une femme si ses droits sont respectés en tant que femme enceinte ou femme qui a un bébé, elle disait oui. Parce que pour elle, les droits sont liés aux droits civils et politiques. Cela fait qu’elle n’avait pas une bonne appréciation de leurs droits. En fait, elle oublie que parce qu’il n’y a pas de femme accoucheuse, de médecin, d’aide-soignante, dans la case de santé de son village, de médicaments, c’est une violation de ses droits », explique Dr Foguito.

L’évaluation du travail du groupe de coordination multipartite du projet a permis de noter : - Les lacunes et défis contraignant des efforts pour garantir un accès universel et équitable à des services, des biens et des ressources de santé sexuelle et reproductive abordables, acceptables et de qualité, en particulier pour les femmes et les groupes défavorisés et marginalisés. « Ces lacunes sont liées aux défis relatifs à la disponibilité des soins et services ; la stigmatisation et l’ostracisme des femmes atteintes de fistules obstétricales ; l’absence d’information statistique sur les femmes et filles vulnérables au niveau des FOSA, plusieurs produits et médicaments essentiels ne sont pas disponibles ; l’insuffisance d’infrastructure et d’équipements sanitaires », peut-on lire dans le rapport. – Les attentes des femmes et filles en âge de procréer vis-à-vis des acteurs et professionnels de la santé, des leaders communautaires et des administrations nationales qui ont un rôle important à jouer dans la réalisation de leur droit à la santé maternelle. Les principales sources et défis de financement des FOSA enquêtées, à savoir le Financement basé sur la performance (PBF); paiements par les usagers ; Gouvernement (BIP, subventions) ; Partenaires bilatéraux; dons individuels ; communes; et partenaires multilatéraux. - Et d’effectuer les recommandations y afférentes, ainsi que celles pour veiller à un niveau minimum d’accès aux soins et services de santé maternelle. «Parce que l’Etat du Cameroun est supposé garantir l’accès à ses services ou à ses personnes-là, de même que la disponibilité de ses expertises à ses populations qui paient les taxes et les impôts», rappelle Dr Foguito.



Surtout que l’état des lieux est préoccupant. Le Cameroun est classé au 8è rang des pays ayant le ratio de mortalité maternelle le plus élevé du monde. Entre 2004 et 2011, la mortalité maternelle était passée de 782 décès pour 100 000 naissances vivantes. Des chiffres qui ont diminué de 40% pour atteindre 406 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 2012 et 2018. Toutefois, il a été démontré qu’un obstacle majeur à la réalisation du droit à la santé maternelle au Cameroun concerne le projet d’amélioration de la disponibilité, l’accessibilité, l’acceptabilité, et la qualité des soins et des services de santé maternelle pour les femmes et les filles en âge de procréer, en particulier celles qui risquent d’être laissées pour compte dans les régions cibles. Ceci est dû à plusieurs facteurs : - l’attention insuffisante portée aux déterminants sociaux de la santé et au manque d’équipements et d’infrastructures minimaux essentiels ; - les contraintes politiques ; - les défis de gouvernances ; - le sous-investissement à la distribution inégale des ressources financières ; - et la forte dépendance du Cameroun à la coopération internationale pour le financement des programmes de santé maternelle. Par ailleurs, il a été donné de constater que le budget alloué au secteur de la santé a varié de 3,8% à 5,9% au cours des la dernière décennie. Malheureusement, il est très inférieur au 15% que le gouvernement s’est engagé à allouer à ce secteur en tant que signataire de la Déclaration d’Abuja de 2001 et inférieur au budget de la santé de la plupart des pays africains, y compris les pays dont le PIB est inférieur. Pour sa part, la Banque Mondiale a évoqué des dépenses publiques insuffisantes pour les programmes de santé maternelle et des écarts dans l’allocation des ressources financières entre les régions qui disposent de types d’établissements de santé plus sophistiqués telle que dans la région du Sud et les région les plus pauvres telles que les régions du Nord et de l’Extrême-Nord qui disposent de moins d’établissements plus basiques et moins de financement.

De même, il est révélé que les programmes de santé maternelle, infantile, et adolescente représentent le deuxième plus grand part de l’aide internationale. En 2015, on estime 22 milliards FCFA ont été consacrés à ces programmes, soit 33,8% des contributions des partenaires techniques et financières. 25 milliards FCFA, soit 38,4% de ces contributions ont été consacrées à, la promotion à la santé et la lutte contre les maladies, tandis que 18,1 milliards FCFA, soit environ 27,8% de ce budget ont été utilisé pour la viabilisation des districts sanitaires. Mettant en évidence la dépendance du gouvernement vis-à-vis des financements extérieurs pour la santé maternelle et son incapacité à, puiser dans les ressources nationales disponibles pour financer les projets de santé maternelle. Des lacunes qui ont été aggravées par l’apparition de la pandémie du Covid-19 au Cameroun qui non seulement a affecté le système de santé mais également eu un impact sur la disponibilité, l’utilisation et la qualité des soins et des services de santé maternelle dans les formations sanitaires. Or le gouvernement s’est fixé pour objectif de réduire le taux de mortalité maternelle à 70 cas pour 100 000 naissances vivantes et a adopté de nombreuses politiques, stratégies et plans en matière de santé maternelle pour atteindre cet objectif. En 2017, le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies a suggéré au gouvernement camerounais d’augmenter ses allocations budgétaires pour les soins de santé primaires afin de les rendre à la fois accessibles et abordables pour mettre en œuvre les programmes stratégiques prévus, notamment la stratégie sectorielle de santé 2016-2030 compte tenu des taux élevés de mortalité maternelle et néonatale, et de malnutrition infantile. Lors du dernier examen périodique universel de 2018, il a été recommandé que le gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour réduire la mortalité maternelle. « Vous savez que cette année, nous célébrons le 75è anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, c’est aussi l’occasion que nous avons saisi pour publier et parler de ce rapport pour que les autorités nationales, les partenaires au développement et les organisations de la société civile et toutes les populations puissent à travers ce rapport prendre conscience de leurs droits. Vous savez que les femmes et les enfants constituent les personnes les plus vulnérables de notre société. Nous voulons que les droits de ses populations vulnérables soient respectés », conclue souligne Mme Ndebi représentante Cameroun du CNUDH-AC.








Mathieu Nathanaël NJOG




Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


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