PLAN DE FINANCEMENT 2025
Le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze qu’accompagnait le Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Economie, de Planification et de l’Aménagement du Territoire, Paul Tazong était à Douala le 13 février 2025 pour présenter à la communauté des affaires et les institutions de régulation, le Plan de Financement de l’Etat pour l’exercice 2025. Il va nécessiter de l’Etat de recourir à des émissions des titres publics d’un montant 380 milliards de FCFA sur les marchés des capitaux.

Devenue une tradition, la capitale économique a accueilli à nouveau la cérémonie de présentation du Plan de Financement de l’Etat pour l’Exercice 2025 que le Ministre des Finances (MINFI), Louis Paul Motaze avec à ses côtés le Ministre Délégué auprès le Ministre de l’Economie, du Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), Paul Tazong, est venu dévoiler aux investisseurs. Il fait suite au décret présidentiel N°2025/025 du 28 janvier 2025, à travers lequel le Chef de l’Etat, Paul Biya donne l’habilitation à recourir à des émissions des titres publics d'un montant de 380 milliards de FCFA sur le marché des capitaux, destinées au financement des projets de développement inscrit dans la Loi de finances de l’exercice 2025. Ces ressources devraient permettre à l'État de poursuivre et d'achever de nombreux projets dans les secteurs routiers, miniers énergétiques et sociaux dans la poursuite de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de développement à l’Horizon 2020-2030 (SND 20-30), de l’implémentation de la politique de l’import-substitution, la poursuite de la préparation et de la réalisation des grands projets de deuxième génération. Sans être exhaustif, Paul Tazong va énumérer quelques-uns : - L’achèvement du barrage de retenu devant alimenté le projet hydroélectrique de Lom Pangar achevé et fonctionnel, qui nécessite une enveloppement budgétaire de 20 milliards de FCFA ; - Le projet du Complexe industrialo-portuaire de Kribi dont la première phase a été achevé et la phase 2 réalisée à 50% nécessite un besoin de financement de 130 milliards de FCFA pour l’achever ; - Le barrage de Nachtigal dont la finalisation du projet, notamment dans la construction de la ligne de transport d’énergie de 65 Km a un besoin de financement estimé à 400 milliards de FCFA ; - Le projet d’alimentation d’eau de Yaoundé et ses environs (PAEPYS), est achevé à 95%, mais dont les besoins s’élèvent à 20 milliards FCFA pour le finaliser ; - Le projet d’aménagement de l’entrée Est de Douala d’un coût total de 87 milliards de FCFA, est exécuté à 83%, et pour son achèvement le besoin de financement est estimé à 15 milliards de FCFA.

Le Cameroun parmi les 10 pays les moins endettés au monde
On peut s’apercevoir que les besoins de financement sont bien loin que les 380 milliards de FCFA qu’il faudra aller chercher sur les marchés des capitaux. Le Ministre des Finances se veut serein d’une part à la capacité du Cameroun de lever ses fonds au regard d’« une qualité de signature renforcée, gage de crédibilité et de stabilité pour les investisseurs », et d’autre part un niveau d’endettement maitrisé à 42% du PIB, bien en deçà de la limite 70% fixée par la CEMAC, « confirmant la soutenabilité de notre dette et notre capacité à honorer nos engagements financiers avec responsabilité. A ce propos, la Banque Mondiale prévoit une diminution de la dette publique qui devrait atteindre 36,3% du PIB d'ici 2025 », a déclaré Louis Paul Motaze. Le Directeur général de la SCB, Alexandre Beziard va s’étonner que le Cameroun qui est « un Etat précautionneux au regard de son niveau d’endettement, ce qui le place parmi les dix pays les moins endettés du monde, mais curieusement ne le relève pas suffisamment pour l’attractivité des investisseurs ». Ce qui peut justifier que l'année 2024 aura été celle de tous les défis, mais aussi celle de nombreux succès. Conformément à la stratégie nationale de diversification des instruments de financement, la Cameroun été présents en 2024 aussi bien sur le marché monétaire de la BEAC que sur le marché financier international. Ainsi, conformément aux autorisations de la loi de finances de l’année suscitée, les émissions des titres du Trésor public sur le marché des capitaux ont permis la mobilisation d’une ressource de 1 180,5 milliards de FCFA, soit une augmentation en valeur relative de 20,4% par rapport à l'année 2023, témoignant de la crédibilité accordée par les marchés de capitaux à la signature de l’Etat. En complément de ces opérations menées sur le marché domestique et afin de réduire les pressions sur la trésorerie des fournisseurs de l’Etat, le collectif budgétaire de milieu d’année a également permis la mobilisation sur le marché financier international d’une somme de 335 milliards de FCFA destinée à l’apurement des restes à payer budgétaires des exercices antérieurs.

Vers la diversification des instruments financier
Sur la même période, en matière de dépenses, 884,5 milliards de FCFA ont été remboursés à bonne échéance aux investisseurs-détenteurs de titres de créances publiques, soit une hausse en valeur relative de 24,11% par rapport à 2023. De même, 79 milliards de FCFA ont été payés dans le cadre des fonds de contreparties des projets à financements conjoints et 47,4 milliards de FCFA ont été destinés au remboursement des crédits de TVA. Autant d’arguments qui traduisent une trajectoire budgétaire assainie, renforçant la crédibilité de la signature du Cameroun sur les marchés financiers. En somme, le Cameroun a honoré toutes ses échéances de remboursement à bonne date. « Ces résultats, au-delà des chiffres bruts, témoignent d'une confiance grandissante dans la signature du Cameroun et de l'attractivité de nos instruments financiers », a précisé Louis Paul Motaze. Toutefois conscient que l’environnement mondial est marqué par des incertitudes persistantes : tensions géopolitiques, instabilité des marchés des capitaux, pression inflationniste, raréfaction des financements concessionnels... Au Cameroun, cela a entrainé de sérieuses répercussions sur les marchés à capitaux avec comme principaux obstacles : - L’accès restreint aux marchés internationaux, entraînant une dépendance aux devises étrangères et aux importations ; - la capacité limitée des banques locales à financer la dette publique en raison de contraintes prudentielles ; - La mobilisation insuffisante de l’épargne nationale, accentuée par l’absence d’un marché secondaire performant ; et – La menace de crise de la dette publique à moyen terme en l’absence de diversification des sources de financement. Pour apporter une réponse efficiente, le Ministère des Finances a décidé de marquer le programme de financement 2025 par : - Une diversification des instruments financiers, pour mieux répondre aux attentes des investisseurs ; - Un allongement des maturités, permettant une gestion plus efficace de son portefeuille ; - Une stratégie de refinancement optimisée, afin de mieux répartir le profil de dette et d'assurer une soutenabilité à long terme ; et - La mise en place d’émissions spécifiques pour financer des actifs identifiés. Cette approche permettrait de renforcer l’adhésion des petits investisseurs et même de la diaspora. À titre d’illustration, une émission obligataire dédiée à la construction du pont à Fotokol permettrait aux souscripteurs de voir concrètement l’impact de leur investissement, favorisant ainsi une participation accrue des fils et filles de la localité. Et de conclure : « Ce marché est le nôtre. Il est l'instrument par lequel nous construisons le Cameroun de demain. Chaque titre émis est une pierre posée sur l'édifice de notre développement. Chaque investisseur qui place sa confiance en nos instruments est un bâtisseur de notre avenir collectif ».
Mathieu Nathanaël NJOG
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Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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