CEMAC
La Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances a organisé en partenariat avec les cabinets Financia Capital et Bridge, les 17 et 18 octobre 2023 le Colloque international assurances et marchés financiers. Présidé par le Ministre des Finances, représenté par Raphaël Abouem, il a essentiellement porté sur la problématique de l’introduction de l’industrie des assurances sur le marché financier de l’Afrique centrale.
Depuis que le marché financier d’Afrique Central a été créé, il n’est pas encore au niveau des autres marchés financiers sur le continent. Pourtant, tous les acteurs sont convaincus que le potentiel est énorme et loin d’être épuisé. Les compagnies d’assurances ont un rôle déterminant pour permettre à la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (BVMAC) d’effectuer le saut qualitatif souhaité. Le régulateur du marché interafricain des assurances et le régulateur du marché financier de l’Afrique centrale en ont pris conscient et veulent créer une synergie gagnante. « Nous sommes au stade des fondations du marché financier et nous avons la faveur de venir ici vous présenter notre projet de construction. Les assureurs sont dans une position d’équilibre dans le marché financier. C’est avec vous qu’on va le faire. Si vous souhaitez que ce soit un bâtiment solide au regard de votre position d’équilibre, nous sommes tout ouïe», a déclaré Mme Nkembe Jacqueline epse Adiaba, Présidente de la Commission de Surveillance du marché financier d’Afrique centrale (COSUMAF). C’est dans cette optique que la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA) a organisé du 17 au 18 à Douala, le Colloque International des Assurances et des marchés d’Assurances pour susciter le débat sur la problématique des investissements, des financements et des placements des compagnies d’assurances sur le marché financier en zone CEMAC.
La contribution des assureurs reste faible
L’état des lieux des investissements et des placements des compagnies d’assurances sur le marché financier sous-régional est évocateur. Les chiffres révèlent que les placements réalisés par l’ensemble des sociétés d’assurance opérant dans l’espace CIMA s’élèvent à 2 747,94 milliards de FCFA en 2020 contre 2 506,78 milliards de FCFA en 2019, soit une progression de 9,6%. En assurances vie et capitalisation, ils s’élèvent à 1 770,67 milliards de FCFA en 2020 contre 1 582,13 milliards de FCFA en 2019, soit une hausse de 11,9%. En général, les placements sont constitués de 50,3% de valeurs mobilières, 35,1% de dépôts bancaires, 14,0% d’actifs immobiliers et de 0,6% d’avances sur contrats vie. Il ressort alors qu’il y a beaucoup d’argent dans les placements à long terme. Et beaucoup plus en vie qu’en non vie. En même temps, on voit que le niveau de ses placements est somme toute faible, avec un taux moyen de 3,5%. Montrant à suffire qu’il y a des pistes de financement à optimiser. A cet effet, le Secrétaire général de la CIMA, Blaise Abel Ezo’o Engolo, a souligné que la Bourse offre aux Compagnies d’assurances des opportunités sur deux aspects. «Il y en a pour qui, c’est une opportunité vitale. Celles qui ont besoin des capitaux pour leur propre survie. Et celles qui peuvent ouvrir leur capital pour recueillir de l’argent en Bourse».
L’Association des Sociétés d’Assurance du Cameroun (ASAC) indique que ces chiffres montrent qu’il y a une masse d’argent, qui sert à couvrir les engagements qui sont placés par les compagnies d’assurances. Mais s’interroge sur la capacité de ces placements à être optimisée ? Et de constater à partir de là que les pistes d’investissements, de financements et de placements s’ouvre aux compagnies d’assurances. Mais alors, il faut savoir comment s’y prendre ? Le Président de l’ASAC, Thierry Kepeden d’affirmer péremptoire : «A notre tour, j’exhorte toutes les Compagnies qui pourraient être dans le besoin, à ne pas se priver d’utiliser le canal de la bourse autant que possible». Parce qu’il estime que si les dirigeants des six Etats membres ont œuvré pour unifier les bourses pour qu’elle fonctionne mieux, il revient de la responsabilité des sociétés d’assurances en général et du Cameroun en particulier qui a 2 800 milliards de FCFA à la CIMA, soit 1 800 milliards de FCFA en vie, et 900 milliards de FCFA en non vie de jouer un rôle déterminant pour booster le marché financier mais aussi lever des financements nécessaires pour leur développement. Surtout que le catalogue de placements utilisés actuellement par les sociétés d’assurance date de 30 ans. Par conséquence, il est temps de l’enrichir, de l’adapter aux nouveaux outils financiers, aux acteurs et aux possibilités qu’il peut offrir aux investisseurs institutionnels.
Le Marché financier paré pour les attentes
En réponse, la présidente de la COSUMAF, Mme Jacqueline Nkembe epse Adiaba de confier que les textes ont été aménagés pour répondre aux attentes : «Nous avons élargi le pouvoir financier en ce sens qu’au-delà des valeurs mobilières qui étaient le cœur de notre mission nous avons introduit des instruments financiers à terme». Preuve s’il en était besoin qu’en tant qu’investisseur institutionnel, l’industrie de l’assurance a une mission régalienne dans le jeu d’équilibre du marché financier. «Il n’y a pas de marché financier sans le cœur du marché financier, comme on dit chez nous, le cœur du ballot que sont les émetteurs et les investisseurs. Alors, les compagnies d’assurances sont ce cœur du ballot». Malheureusement, les sociétés d’assurances membres de la CIMA détiennent moins de 15% des actifs du marché financier sous-régional. Une contribution faible qui a des incidences sur la BVMAC qui a levé depuis la fusion jusqu’au 31 décembre 2022, la somme de 1 409,66 milliards de FCFA, 619,55 milliards de FCFA de capitalisation boursière, plus de 375 milliards FCFA d’actifs sous gestion, 881,05 milliards de FCFA comme encours de la dette, 1,47 milliards FCFA d’actions transigées, 14 908 actions transigées et 532 897 d’obligations transigées. Encore très faibles. Le président de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF), Cesar Ekomie estime que l’éxigence du relèvement du capital social minimum des sociétés anonymes d’assurances et du fonds d’établissement des sociétés d’assurances mutuelles au 31 décembre 2024 pour passe respectivement de 1 à 5 milliards de FCFA et de 800 millions à 3 milliards de FCFA peut incontestablement trouver par leur introduction à la bourse «une solution sinon une opportunité idoine pour des sociétés d’assurances à condition cependant de lever les contraintes et inconvénients».
L’introduction en bourse, un passage obligatoire
Ce d’autant plus qu’«il peut ouvrir des perspectives de levée de fonds sous d’autres formes que celles auxquelles les assureurs de la zone CIMA recourent traditionnellement pour le relèvement de leur capital social». Et l’expert Serge Yanic Nana, Président de l’Association des Sociétés de Bourse d’Afrique Centrale, de lever quelques équivoques pour démontrer que l’entrée en bourse a, certes, des exigences et des contraintes, mais qu’elle peut se faire dans la préservation des intérêts des propriétaire historiques qui peuvent en plus gagner de l’argent. «Aujourd’hui vous avez la possibilité d’augmenter vos capitaux et dans cet exercice-là, vous avez la possibilité de récupérer une partie du travail que vous avez fait dans les dix, quinze dernières années. Une sorte de rémunération sur l’historique ». Et prenant l’exemple de LA REGIONALE, il va montrer comment leur entrée en bourse a permis de battre le record du délai de passage de microfinance en banque. Parce que cela a permis d’éviter les contraintes prudentielles Et au bout de l’opération, elle compte aujourd’hui, 2 500 actionnaires qui représentent aussi à la base 2 500 clients. Le Secrétaire général de la CIMA, Blaise Abel Ezo’o Engolo, va clamer que : «L’entrée en bourse est un critère de rentabilité, de performance ».
Surtout qu’il est urgent de revoir les catalogues de placements des sociétés d’assurances en zone CEMA qui date de 30 ans. «Le temps n’est-il pas venu de l’enrichir de l’adapter aux nouveaux outils financiers, aux acteurs et aux possibilités qu’il peut offrir aux investisseurs institutionnels que nous sommes ?», lance en guise de remise en question collective, Thierry Kepeden. Parce qu’aujourd’hui, tous se lancent dans le catalogue de placement classiques (en termes d’immeubles, prêts, actions,…). Or l’environnement sous régionale amène à faire face à un sérieux problème de rentabilité de l’immobilier. Auquel il faut ajouter les emprunts obligataires qui sont certes défiscalisés, mais dans l’ensemble ne donne toujours pas un rendement optimisé. Les chiffres en témoignent. Le taux moyen de rendement des placements des sociétés d’assurance dans le catalogue actuel est de 3,5% en assurances non vie en 2020 contre 3,9% en assurances non vie en 2019. Dans la branche vie et capitalisation ce taux est de 2,9% en 2020 contre 2,8% en 2019. Les produits financiers nets s’élèvent dans l’ensemble à 82,07 milliards de FCFA en 2020 contre 75,65 milliards de FCFA en 2019, soit une hausse de 8,5%. En assurances non vie, les produits financiers s’élèvent à 33,23 milliards de FCFA en 2020 contre 34,05 milliards de FCFA en 2019, soit une régression de 2,4%. En assurances vie et capitalisation, ils s’élèvent à 48,84 milliards de FCFA en 2020 contre 41,60 milliards de FCFA en 2019, soit une hausse de 17,4%.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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