FUSION GICAM-ECAM
L’Assemblée générale extraordinaire du Groupement Inter-patronal du Cameroun tenue le 11 juillet 2023 s’est déroulée sous très forte présence des forces de sécurité et curieusement a été interdite à la presse. Après des débats très houleux, la phase consacrée au scrutin a vu la victoire du « Oui » à la fusion-création avec Entreprise du Cameroun. La volonté de la majorité aura prévalu, mais des regrets persistent.
C’est dépité que les partisans du « Mouvement Sauvons le GICAM » ont quitté sur la pointe des pieds les assises vers 15 heures 30 minutes, lorsque le dépouillement du vote donnait allègrement la victoire au «OUI». Avec au final, les résultats qui donnaient sur 329 votants, 241 voix soit 73,25% des suffrages valablement exprimés pour le « OUI », 86 voix soit 26,75% suffrages expriméspour le « NON », et 02 bulletins nuls. Sonnant ainsi l’issue d’une Assemblée générale extraordinaire consacrée au vote ou non de la Fusion-Création entre le GICAM et ECAM. Des travaux placés sous très haute tension, même s’ils vont enregistrer une très faible participation pour une organisation patronale la plus puissante qui revendique plus de 1000 membres. Certains indicateurs faisaient planer la peur de voir ses assises ne pas aller jusqu’à leurs termes. Au regard des batailles féroces que les différentes factions, se sont livrées depuis le 30 avril 2023, aussi bien sur le plan argumentaire que sur le plan judiciaire. Dans cette ambiance délétère et pour parer à toute éventualité, le président en exercice du GICAM, Célestin Tawamba a pris des mesures sécuritaires draconiennes. Le siège du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) était pris d’assaut depuis les premières heures de la matinée de ce 11 juillet 2023 par des escouades des forces de maintien de l’ordre (Police) et des forces de sécurité à l’instar de la Sécurité Militaire (SEMIL) en tenue civile d’apparat qui avait essaimé le hall arrière où des tentes ont été dressées pour accueillir cette Assemblée générale extraordinaire (AGE). Evitant dit-on pour des raisons superstitieuses ou de rupture de ban avec André Siaka, dont la salle de conférence porte le nom. Celle qui a accueilli jusqu’ici toutes les grands rendez-vous du GICAM. A cela s’est ajouté un dispositif de filtration qui a consisté à interdire tout accès à la presse sans exclusive et à toute autre personne non membre du Groupement.
Les travaux de cette AGE se sont déroulés en deux phases. La première a été consacrée aux échanges. Avec dans un premier temps une belle chandelle donnée à l’exécutif sortant pour faire sa propagande sur le bien-fondé de son projet de fusion-création et le rapport du commissaire de la fusion qui a consisté à présenter l’évaluation du patrimoine des deux organisations. Partial ! Il a osé, sans sourciller minoré l’évaluation du terrain d’une superficie de 1 323m2 sur lequel est bâti l’immeuble siège du GICAM en plein Bonanjo au coût historique de 125 millions de Fcfa contre 1,5 milliard FCFA qui est le coût réel de la mercuriale. Et dans un second temps il était question des débats. Un moment électrique qui a failli dégénérer. Tawamba a refusé certains adhérents la parole et a même voulu expulser d’autres de la salle en vain, puisqu’il a fait face à la résistance des autres membres. Ce d’autant plus que les joutes verbales étaient très violentes. Les partisans du « Mouvement Sauvons le GICAM », manifestement opposés à la fusion-création, mais favorable à la fusion-absorption ont saisi cette occasion pour monter au créneau afin de démonter un par un les arguments présentés. Les interventions étaient épiques et ont souvent volé très bas entre les deux camps. Les partisans du « NON » ont mis en exergue toutes les violations des procédures dans le processus de fusion, la disproportion des acquis des deux organisations et relevé « la supercherie » dans le projet de fusion présenté par le président en exercice, Célestin Tawamba, qui devrait être frappé par la limitation du mandat au terme de ce deuxième mandat qui s’achève en décembre prochain. En guise de réplique, il n’aura que cette échappatoire : «J’agis comme un chef d’Etat dans un processus de ratification d’un traité ».
La deuxième phase a été essentiellement consacrée au scrutin. Entamée vers 14 heures, elle a démarré sur une appréhension d’une neutralisation des deux camps. Surtout que les partisans du « NON » vont bénéficier de certains soutiens de poids à l’instar Mme Kate Fotso Et Mamie Nyanga qui a fait craindre qu’elles fassent basculer le vote. Mais c’était qu’une fausse appréhension puisque le résultat des urnes a été sans appel. 73,25% pour le « OUI » à la fusion-création et 23,75% pour le « NON » à cette fusion. Si l’exécutif du GICAM, certes divisé depuis le déclenchement du processus de la fusion-création GICAM-ECAM, est ressorti triomphal de cette AGE, il reste que les perdants n’entendent pas jeter l’éponge. Sur la page facebook du « Mouvement Sauvons le GICAM », on peut lire après le résultat du scrutin : « Ce n'est pas une défaite,... Nous vous aurons à l'usure - tao gang ». Avant de revenir à la charge quelques heures plus tard : « Le GICAM ne mourra pas ! Tawamba n’aura pas de troisième mandat ». C’est dire que les gagnants doivent avoir le triomphe modeste, car ils n’ont gagné que la bataille, mais pas encore la guerre. Puisqu’il y a encore plusieurs procédures judiciaires en instance qui devront après avoir été débouté dans le forme devant le juge de référé du Tribunal de Première Instance de Douala-Bonanjo, aller dans un procès au fond. Même si Sévérin Tchounkeu qui a été l’un des maillons forts de cette faction a déclaré qu’il désistait de toutes ses procédures judiciaires.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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