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LE PLAN DE SOUTIEN À L’IMPORT-SUBSTITUTION QUESTIONNÉ PAR LES ACTEURS

CAMEROON DEVELOPPMENT FORUM


La Commercial BanK a organisé le 3 novembre 2022 la 3è édition du Cameroun Developpment Forum sur le thème : «Le financement de l’agro-industrie comme levier de la stratégie de substitution aux importations». Une plateforme d’échanges, de partage et de networking où les clients ont enrichi leurs relations d’affaires et ont aiguisé leur culture à la citoyenne économique.



L’auditorium de Krystal Palace Hôtel a servi de cadre à la tenue de la 3è édition du Cameroun Developpment Forum (CDF) organisé par la Commercial Bank le 3 novembre 2022. Il a réuni un panel composé des dirigeants de la Banque, conduit par le DG Léandre Djummo ; les Experts financiers, à l’instar de Nikolaos Milianitis, Chef de Représentation régionale pour l’Afrique Centrale à la Banque Européenne D’investissement (BEI) qui a exposé sur« Le rôle des banques dans le financement des projets de l’agro-industrie » et Babissakana, Chairman and CEO du Cabinet Prescriptor qui a présenté l’«Etat des lieux, enjeux et opportunités de financement du secteur de l’agro-industrie », et M. Tchoffo un investisseur du secteur agro-industriel qui a porté la voix de ses pairs. Très couru par les Opérateurs économiques faisant pour les uns dans l’importation des produits de grandes consommations, la transformation des matières premières importées et pour les autres dans l’agro-industriel ont eu un intense moment de partage et d’échanges d’expériences, d’opportunités et des difficultés qui ont permis d'envisager l'optimisation des investissements du secteur agro-industriel et créer des synergies gagnantes pour développer ce secteur d’activité à la fois générateur de croissance et d’emplois. L’expert financier, Babissakana a rappelé que les principaux produits cibles de l’import-substitution que sont dans l’ordre d’importance : le riz, le poisson congelé, le blé, le lait en poudre ou concentré, et le maïs représentent environ 70% des importations des produits alimentaires en 2019 contre 66% en 2016. La facture de leurs importations est passée de 486,7 milliards de FCFA en 2015 à environ 542 milliards de FCFA en 2019, et contribue à 43% au déficit global du commerce extérieur en 2017. Depuis l’année 2000, les quantités importées sont en nette croissance. Ainsi jusqu’en 2007, elles se situaient autour de 280 000 tonnes, mais à partir de 2008, on a relevé une augmentation significative de ces quantités qui se situaient en 2019 à 857 940 tonnes pour une dépense d’environ 142,9 milliards de FCFA.


Des chiffres et statistiques globaux et détaillés sur chaque produits cibles qui ont permis aux participants de voir le déficit qu'il y a comblé en urgence par l'import-substitution qui est la solution idoine pour équilibrer la balance commerciale. A cet effet, il a présenté les efforts du gouvernement pour éviter les situation catastrophiques. des efforts contenus dans le cadre du plan gouvernemental de soutien à la production et à la transformation des produits de grande consommation. où il ressort que l'Etat a alloué une dotation de 30 milliards de FCFA en 2021 et 40 milliards de FCFA en 2022 auxquels se sont ajoutés des mesures fiscalo-douanières, des mesures liées à l’acquisition des intrants notamment les semences et des équipements, le renforcement des capacités techniques, organisationnelles et managériales des acteurs ; aux mécanismes de régulation du marché. Mais aussi des mesures qui portent sur la régulation des approvisionnements et la régulation de la distribution. On peut citer plus concrètement quelques mise en oeuvre effective du plan de substitution aux importations à l’instar de la Loi n° 2020/018 du 17 décembre 2020 portant loi de finances 2021 dont l’article 5 consacre le soutien aux secteurs de l’agriculture, de pêche et de l’élevage à travers l’exonération de tous les droits et taxes de douane pour certains biens d’équipement. Ou encore, la Loi n° 2021/026 du 16 décembre 2021 portant loi de finances 2022 dont l’article 5 consacre le renforcement du soutien aux secteurs de l’agriculture, de pêche et de l’élevage à travers les constructions préfabriquées et la mise à disposition des semences.




Regard critique

Toutefois, l’expert Babissakana dans une analyse critique, relève les limites du plan actuel de l’import-substitution et de la Stratégie National de Développement 2030 (SND30). Singulièrement deux principales faiblesses : - Les clauses 93, 94 et 95 de la SND30 qui spécifient le concept d’articulation et de couplage de l’import-substitution avec l’exportation. Déplorant qu’elles continuent à avoir une pondération dominante de l’exportation, sachant que les marchés régionaux et internationaux sont les plus vastes et les plus profonds. Et - l’impertinence de la sélection des produits de grande consommation. Ce d’autant plus que les «produits de grande consommation» ont été circonscrits aux produits agro-alimentaires ou ne se limitent pas uniquement aux produits alimentaires. Puisqu’il va citer incontestablement les produits pétroliers comme étant des produits de très grande consommation. Non sans préciser que la composante structurelle la plus importante du déficit commercial du Cameroun a sa source dans l’importation soit du pétrole brut soit les produits pétroliers. C’est pourquoi la SND30 prévoit le « plan Gaz pour Véhicule (GNV) » pour diviser par sept (7) le coût de consommation en carburants. A cela, les échanges vont évoquer comme obstacles à l’implémentation de l’import-substitution les questions du foncier qui sont un réel frein pour les potentiels investisseurs, le déficit d’accompagnement des banques, la culture de rente des fonctionnaires qui préfèrent financer les projets agropastoraux qui restent dans les mallettes et sur les papiers A4 afin de bénéficier des rétrocommissions, la trop grande prégnance de la stratégie gouvernementale sur les subventions aux importateurs qui permettent d'aller acheter la matière première en Asie et en Amérique latine où les producteurs bénéficient des subventions importantes au détriment des producteurs locaux. Conséquence le blé revient à 400 FCFA/Kg contre la farine de manioc qui revient à 700 FCFA/Kg. Ou encore, des facilités qui sont accordés aux porteurs des projets financés par les bailleurs de fonds qui accordent des intérêts de 02% contre 15% que les banques locales proposent aux investisseurs. Mieux encore, il a été rappelé que l’import-substitution n’est pas nouveau au Cameroun. Dans les années 80, les importateurs avaient l’obligation avant tout de racheter toute la production locale avant d’être autorisés à importer le gap.




C’est pourquoi, les participants ont peur que si le plan de soutien à l’import-substitution est fait comme c’est le cas qu’il soit voué à l'échec. «J'ai peur que l'import-substitution ne se fera pas, si oui pas avec nous qui sommes dans la salle. L'erreur que le gouvernement fait c'est de maximiser sur la subvention des importateurs», soulignera un opérateur économique. Qui ajoutera que le Grand-Nord peut résoudre la question de la production du riz en 5 ans et ainsi inversé le niveau de pauvreté qui est de 12% parce que les régions du septentrion seules représentent 50% du taux de pauvreté au Cameroun. Comme quelques pistes de solution, il a proposé qu’il soit tenu compte dans la stratégie de la politique agricole et industrielle spécifique à chaque région. Le Secrétaire général du Groupement des Meuniers a tenue à lever tout équivoque : «La question n’est pas que les meuniers importent beaucoup de blé, c’est de savoir si la production locale des produits de substitution sont disponibles et peuvent satisfaire les 5% de pourcentage d’introduction sollicité dans la fabrication du pain, pâtes,… Car, il faut savoir que 230 000 tonnes de blés sont broyées par jour au Cameroun ». Tout en se félicitant des clés de compréhension donné pour l’accès au financement bancaire des bailleurs de fonds, les participants ont souhaité que les banques en général et la CBC Bank en particulier s’ouvre davantage sur le marché agricole afin de donner la priorité au développement de la production et à la promotion de la compétitivité des filières agricoles stratégique pour favoriser le « Made in Cameroun ». Ce à quoi le Directeur général de la Commercial Bank ; Léandre Djummo a annoncé la mise en place imminent d’un bureau chargé du secteur agricole grâce au partenariat de la BAD et de l’Etat du Cameroun.



Mathieu Nathanaël NJOG


Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


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