AÉROPORTS DU CAMEROUN
Après une interpellation fructueuse des autorités gouvernementales sur la qualité des prestations de la Compagnie aérienne Air France/KLM sur la desserte Paris-Yaoundé-Paris, le porte-parole de la communauté des affaires, Célestin Tawamba a remis cela en faisant une nouvelle dénonciation au vitriol dans le secteur de l’aéroportuaire. En réponse, le Directeur Général des Aéroports du Cameroun, Thomas Owona Assoumou estime que le constat n’est pas tout à fait faux, mais qu’il est excessif et annonce une remédiation avec le démarrage des travaux de rénovation annoncé à partir du premier trimestre de 2025.
Dans une lettre épistolaire parvenue au DG des Aéroports du Cameroun (ADC), le 19 novembre 2024, Célestin Tawamba, Président du GECAM, dénonce l’état de délabrement des infrastructures aéroportuaires et des services offerts qui n’augure pas des lendemains meilleurs dans l’attractivité, la compétitivité, et la performance attendu sur le climat des affaires. « Depuis plusieurs années nous avons constaté avec une inquiétude un délabrement flagrant des infrastructures aéroportuaires, tant au niveau des terminaux que des équipements destinés aux passagers. Les conditions d’accueil, d’orientation, de sécurité et approximatives ne répondent malheureusement pas aux normes internationales attendues dans un pays comme le nôtre », indique Célestin Tawamba. Cet état des lieux peu reluisant tient ajoute-t-il : « du manque d’entretien et la vétusté des installations qui ne permettent pas aux compagnies aériennes de proposer un service de qualité à leurs passagers ; l’inefficacité du système de gestion des bagages ; les attentes interminables ; ainsi que l’absence des infrastructures modernes et adaptées ». Toute chose qui influe sur la compétitivité de notre économie. Ce d’autant plus que le transport aérien est un moteur pour le commerce international, les investissements étrangers, ainsi que pour l’attractivité du tourisme.
Ping-pong courtois et malicieux
En réplique à ces griefs qui, le DG des ADC, Thomas Owona Assoumou, va apporter des éclairages sur chacune des préoccupations relevées, non estimer que son interlocuteur a été excessif. Sur le délabrement flagrant, le manque d’entretien des infrastructures et équipements, la qualité des services aéroportuaires, il va indiquer que les aéroports internationaux de Yaoundé-Nsimalen, Garoua et Maroua-Salak disposent d’une infrastructure relativement récente, qui ne posent pas de problèmes majeurs d’entretien et de maintenance. Néanmoins, il rapporte que des actions sont menées au quotidien pour améliorer la sécurité et le confort des passagers afin de garantir l’exploitation des aéroports. Ceci, conformément aux normes de l’aviation civile internationale. Soulignant qu’il a été réalisé récemment dans les aéroports de Garoua, Maroua-Salak et même Ngaoundéré, des travaux d’aménagement des salons, de réfections des toilettes, de climatisation des salles d’embarquement, des constructions de forages modernes et de renouvellement du marquage de l’aire de manœuvre, l’acquisition de nouvelles banques d’enregistrement. A cela s’ajoute, aussi la réhabilitation des escalators et l’aménagement d’un espace de détente climatisé pour les passagers à l’Aéroport international de Garoua, ainsi que le renouvellement de 10 ascenseurs et la réhabilitation des chambres froides à l’Aéroport international de Yaoundé-Nsimalen.
Cependant, le DG des ADC rappelle en guise d’aveu que l’Aéroport International de Douala mis en service depuis 1977, présente un état de vieillissement et obsolète de ses bâtiments. Toutefois, fait savoir que les ADC ne ménagent aucun effort pour le maintenir dans les conditions d’exploitation conformes aux normes internationales. D’ailleurs, qu’avec un financement de l’Agence Française de Développement (AFD), des travaux de rénovation sont prévus pour démarrer dès le premier semestre de l’année 2025. Qu’à cela ne tienne, il précise pour se satisfaire que les différents audits externes des organismes tel que l’OACI qui ont été réalisés sur cette plateforme, il y a quelques mois n’ont pas révélé d’insuffisances significatives pouvant entraver le fonctionnement normal de l’Aéroport International de Douala. Mieux encore, aucune compagnie aérienne jusqu’ici n’a arrêté son exploitation au Cameroun du fait de l’état des infrastructures et de la qualité de services. Bien au contraire souligne-t-il : « La desserte s’est renforcée par l’arrivée de nouvelles compagnies et l’accroissement des fréquences des vols de certaines compagnies déjà installées ».
Impérieuse nécessité de palier à tous les manquements
Toutefois, on souvient qu’en 2016, l’Airlines Opérations Commitee (AOC), le regroupement des Compagnies aériennes desservant l’Aéroport International de Douala avait dans un mouvement d’humeur pacifique adressé une lettre ouverte demandant la rénovation complète de cet aéroport dont aucun aspect ne répondait plus aux normes. Ce qui avait eu l’avantage de pousser le Gouvernement à obtenir un appui financier de l’AFD d’un montant de 30,2 milliards FCFA pour les travaux en rapport avec le plan triennal d’urgence (2016-2018) devant conduire à la rénovation et la modernisation du combinat aéroportuaire de Douala. Même si cela avait permis dans la perspective de la CAN 2021 d’acquérir et de mettre en fonction des nouveaux équipements, à l’instar de 04 Aerobus pour le transbordement des passagers, 10 tracteurs de manutentions, 02 loaders de sept tonnes et 01 loader de quatorze tonnes, l’installation des nouvelles chaises dans les salles d’embarquement, l’agrandissement du salon d’honneur pour augmenter sa capacité d’accueil, des équipements de sureté (06 Rayons X et 6 portiques dernières générations pour la protection du site, filtrage de bagages et filtrage d’entrée dans les salles d’embarquement), 02 parifs, 04 portiques de désinfections contre le Covid-19, des présentoirs des mesures barrières, et la contractualisation de 59 taxis. Dans la réalité du terrain, les usagers restent toujours sur leur faim, car chaque jour révèle son lot de manquements.
On se souvient que des pluies diluviennes avaient en 2022 inondé la salle de livraison des bagages de l’aérogare passagers et en 2023 c’était le hall de l’aéroport. Et Il y a encore quelques mois de cela, les usagers relevaient l’absence de connexion Wifi gratuit. Pour le DG des ADC, ces travaux de 2016 entraient dans la première phase d’un programme de modernisation de l’aéroport international de Douala qui a abouti dans sa première phase, à la réhabilitation des chaussées aéronautiques. Enumérant aussi quelques efforts fournis il y a quelques semaines pour mettre cet aéroport aux normes exigibles, il va citer plusieurs autres travaux qui viennent d’être exécutés dans cet aéroport. Allant de la rénovation des salons, la réfection des toilettes, la construction de deux (02) forages modernes pour l’alimentation continue de l’aéroport en eau potable, la réhabilitation de l’éclairage des voiries, le renouvellement des mâts d’éclairage sur l’esplanade, la réhabilitation télescopique, la réfection de l’étanchéité de la toiture, le bitumage des voies de service, l’acquisition des bus de transbordement. Dans tous les cas, il y a une impérieuse nécessité de palier à tous les manquements encore existants. Ce d’autant plus que les aéroports sont à la fois les portes d’entrée et les vitrines d’un pays. Et singulièrement l’Aéroport International de Douala, en ce qu’il est le hub du Cameroun, plus encore, au regard de ce que son niveau de commodités ne lui donne pas jusqu’ici fière allure.
Mathieu Nathanaël NJOG
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Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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