AFFAIRE HERVE BOPDA
Depuis deux semaines, une affaire rocambolesque de mœurs défraie l’actualité. Révélée par le lanceur d’alerte, Nzui Manto, avec les révélations cocasses et outrageantes de viols, harcèlements sexuels, proxénétisme, pédérastie, séquestration, perpétré apparemment voici une décennie par un Camerounais, Hervé Bopda, 45 ans, sans être inquiété a mis en grogne la quasi-totalité de la population qui s’étonnait que malgré tout, il soit encore en liberté. Son arrestation dans la nuit du 30 au 31 janvier 2024 est un soulagement général.
Les révélations du lanceur d’alerte, Nzui Manto à travers les plateformes des réseaux sociaux (WhatsApp, Facebook, Instagram, Twiter,…) sur la kyrielle de dénonciations des victimes du présumé prédateur sexuel, Hervé Bopda, 45 ans a mis en émoi la toile avec les publications des audio et des récits écrits sur fond de témoignages des anonymes qui décrivent dans les détails les différents modes opératoires de leur bourreau jusqu’aux horreurs qu’il leur a fait subir. Il ressort des allégations graves des actes de violations des droits humains à l’instar des viols, des harcèlements sexuels, proxénétisme, pédérastie, séquestrations, enlèvement et menace à main armé. Pis encore, certaines victimes, qui se recrutent au sein de la gente féminine et même des jeunes hommes l’accusent d’être dans une opération de propagation à grande échelle du VIH/SIDA. Ce que l’accusé a démenti en publiant lui aussi deux examens médicaux faits dans une clinique et dans un hôpital militaire le déclarant «séronégatif». Des dénonciations choquantes qui se sont répandues comme une trainée de poudre au point de susciter une levée de bouclier au sein de l’opinion publique ahurie devant l’inertie des pouvoirs publics. Laissant prospérer des rumeurs selon laquelle, Hervé Bopda bénéficierait des complicités et des protections des autorités tapis dans l’ombre au sein des pouvoirs publics.
Fils de feu Bopda Emmanuel, promoteur des quincailleries « Afrique construction», Hervé Bopda qu’on présente comme un opérateur économique et serait en effet un «jetsepteur» résidant à Douala, qui a été rapatrié d’Angleterre depuis 2012 quelques années avant le décédé de son père. Celui dont certaines vidéos montrent des hommes en tenue (militaire, Garde présidentielle,…) en train de lui donner des honneurs militaires très réservées, aurait pour champ d’opération les villes de Douala, Yaoundé, Limbe et Kribi. Selon le lanceur d’alerte, Nzui Manto, il aurait enregistré plus de 1000 témoignages et aurait seulement choisis de diffuser une centaine. Et d’organiser un direct sur ses différentes pages digitales qui aura mobilisé près de 20 000 internautes assoiffés d’en savoir plus. Face à la gravité des accusations, et le fait qu’aucun Procureur de la République n’ait cru bon de s’autosaisir, Un collectif des avocats conduit par Me Dominique Frousse a décidé de se constituer pour défendre les victimes. Elle va enregistrer plus de 200 témoignages des victimes parmi lesquels une seule acceptait de se constituer à visage découvert. Ce qui, avouait-elle rendait difficile de déclencher la procédure.
Profitant du refus des nombreuses victimes de garder l’anonymat, Hervé Bopda va passer à l’offensive et saisir le Tribunal de Première Instance (TPI) de Douala-Bonanjo d’une plainte contre Kayresse Fotso et la député Nourane Foster et d’autres lanceurs d’alerte qui l’ont de manière péremptoire condamnée sur les réseaux sociaux d’une plainte pour «diffamation de nom par voie de communication électronique, complicité et menace de mort». Cette sortie va avoir un effet boomerang puisqu’une dizaine de victimes vont finir par accepter de se constituer partie civile. A la suite, l’Ordre des Avocats du Cameroun et un Collectif de 22 femmes leaders de la société civile vont chacune faire des sorties pour saisir respectivement le Procureur de République près TPI de Yaoundé et le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal Militaire de Douala pour que ces derniers ouvrent chacune une procédure judiciaire. La Commission des droits de l’Homme du Cameroun (CHDC) va dans un communiqué invité « les autorités compétentes à mener promptement- mais avec la sérénité et l’impartialité requise des investigations sur ces allégations, et à prendre les mesures qu’imposent la loi, au vu des résultats des enquêtes».
L’élimination des Lions comme un déclencheur
Au final, la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF), Mme Abena Ondoa née Obama Marie-Thérèse va faire la sortie gouvernementale très attendue le 27 janvier 2024. Elle va se dire «attentive des suites judiciaires», tout en appelant «les victimes à briser le silence pour rompre la chaine de la violence et fournir aux autorités judiciaires des éléments nécessaires à la conduite des procédures destinées à établir la matérialité des faits, et le cas échéant à condamner les auteurs de ces crimes odieux». Comme dans les cas précédents, cette sortie a eu le mérite de déclencher l’ouverture de la procédure judiciaire. C’est ainsi que le 30 janvier 2024, les éléments de la Légion de Gendarmerie du Littoral vont faire une descente à domicile connu au quartier Bonapriso où la moisson sera infructueuse puisqu’il ne pas être arrêté. Certaines langues laissant croire qu’il se serait échappé par une porte dérobée à l’arrivée des Gendarmes. Dans la nuit du 30 au 31 janvier, les éléments de la DRPJ du Littoral vont aller le capturer dans un domicile à Bonabéri où il s’était réfugié pour échapper à la chasse qui était lancé contre lui par les policiers et gendarmes.
Un coup de filet qui sonne pour l’opinion publique comme un soulagement général. Depuis lors, l'appel du MINPROFF a trouvé un écho favorable avec une avalanche de personnes qui sont allées se constituer partie civile avec dépôt de plaintes. Surtout que quelques heures plus tôt, il a circulé sur la toile un communiqué de la famille demandant comme une prémonition que soit pris en compte la présomption d’innocence de leur fils et frère. Venant s’ajouter à une plainte des conseils d’Hervé Bopda contre le lanceur d’alerte Nzui Manto dont ils n’ont aucune adresse connu pour le notifier. Une procédure dilatoire qui visait à demander à la presse de ne plus traiter cette information sous peine de poursuite judiciaire. Mais l’opinion publique se demande si le parcours des Lions indomptables était en dépendait. Ce d’autant plus que l’ouverture de cette procédure judiciaire avec la mise en branle des Forces de Maintien de l’Ordre pour son arrestation a lieu au lendemain de l’élimination des Lions Indomptables aux 1/8è de finale de la CAN TOTAL ENERGIES Côte d’Ivoire 2023.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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