ELECTRICITE
Depuis le début du mois de décembre la capitale économique est plongée dans les rationnements rotatifs de l’énergie électrique. Ces coupures électriques perturbent sérieusement le rendement des entreprises et la vie dans les domiciles. Suscitant la grogne sourde des populations dont on avait annoncé le dénouement du quiproquo entre Enéo et Globeleq, la société qui gère les centrales de Dibamba et de Kribi.
L’espoir des populations des régions du Centre, Sud, Littoral, Nord-Ouest, Sud-Ouest et de l’Ouest de ne pas connaitre des délestages d’une ampleur considérable pouvant causer des dérèglements importants dans leur fonctionnement s’est évaporé. Depuis le début du mois de décembre 2023, la société concessionnaire du service public de la distribution et de la commercialisation de l’énergie électrique, Eneo Cameroun opère des rationnements rotatifs de la fourniture de l’énergie électrique par quartiers dans certaines villes et localités des régions du Centre, Sud, Littoral, Nord-Ouest, Sud-Ouest et de l’Ouest. La durée prévisionnelle des rotations est de six (06) heures en moyenne. Un désagrément qui perturbe fortement le fonctionnement, la production et aura un incident sur les performances de toutes les activités économiques dans ces six régions du Cameroun. Suivant la territorialité, Douala et Yaoundé concentrent 58 % des entreprises en activité au Cameroun. Et la capitale économique, Douala en abrite au moins 34 %. Sans omettre les familles qui paient aussi un lourd tribut. C’est dire si les conséquences sont énormes sur le plan socio-économique.
Pour la plupart, le mois de décembre est celui de la très grande activité. Elles sont obligées de recourir aux énergies de substitution tels que les groupe-électrogènes pour palier à ce déficit qui grève énormément sur leurs charges financières. Notamment par l’achat quotidien du carburant. Car, aucun quartier n’échappe à ces coupures régulières et intempestives qui menacent même d’endommager les appareils électriques et machines de production par des retours surprises et des coupures intempestives. «Vous voyez seulement les entreprises, mais dans les domiciles aussi nous souffrons énormément de ces délestages. C’est la période des compositions de fin du premier trimestre, les élèves n’arrivent pas à réviser normalement. Nous les mères de famille devront attendre plus de six heures pour engager la cuisson, sans oublier que les aliments que nous conservons dans les réfrigérateurs se détériorent et même ceux qu’on essaie de récupérer représentent une menace grave pour notre santé», témoigne Maman Nadine à Akwa-Bonakouamouang. A cela s’ajoute une insécurité grandissante dans les quartiers où ce rationnement a lieu pendant une partie de la nuit si ce n’est toute la nuit.
Conséquences socio-économique.
Chez les opérateurs économiques, la grogne est forte. Leurs activités sont sérieusement perturbées. Singulièrement chez les TPE, ME et PME. Ceux qui n’ont pas de groupe-électrogène sont obligés d’observer un arrêt de travail dans l’attente du retour à l’énergie électrique. Et souvent c’est la journée qui est ainsi entièrement perdue. «Vous vous imaginez que nos charges salariales ne diminuent pas, et les employés n’entendent pas, ne pas percevoir leur salaire en ce mois des fêtes de fin d’année. Mais pendant ce temps, nos activités sont plombées voire quasiment à l’arrêt par ses coupures intempestives d’énergies électriques. Certains d’entre nous ont été obligés de s’acheter un groupe-électrogène de faible puissance pour permettre de faire fonctionner quelques machines», confie Djomo, patron d’imprimerie. Et d’ajouter : «En plus, nous enregistrons l’endommagement des machines avec des pannes telles que les bougies, les cartes électriques,… qui sont régulièrement grillées par ses coupures ou ses retours à l’improviste de l’énergie électrique». Et Adamou, commerçant au marché Congo de Douala de poursuivre : «Ce sont ces délestages qui sont souvent la cause des incendies qu’on enregistre dans nos marchés du fait des court-circuits qu’ils peuvent occasionner».
Pourtant, il avait été annoncé en novembre que la menace d’arrêt des centrales de Kribi et Dibamba par Globeleq, brandie le 31 octobre 2023, avait été levée après que l’Etat ait débloqué 5,7 milliards FCFA pour éponger une partie des arriérés d’Enéo qui doit verser normalement 8,2 milliards FCFA chaque mois. A la surprise générale, Globeleq va en fin novembre brandir une nouvelle menace d’arrêt dès le 1er décembre des deux centrales dont elle a la charge de la gestion. Ce qui représentait respectivement un retrait de 216 MW et 88 MW, soit un total de 304 MW du circuit de distribution. Un gap que ne peuvent entièrement combler les barrages de Songloulou (388 MW), Edéa (276 MW) et Memvé’élé (211 MW), soit 875 MW pour une demande qui est portée à plus de 2 000 MW. Pendant ce temps Enéo dit réclamer à l’Etat une ardoise de près de 168 milliards FCFA qui lui permettrait à son tour d’apurer sa dette auprès de Globeleq qui s'élèvent à 100,7 milliards FCFA. Pour l’instant personne ne peut dire avec exactitude la durée de cette situation. Elle «pourrait baisser ou augmenter en fonction de l’évolution de la situation», indique Enéo dans son communiqué laconique. Mais entendant, l’Etat cherche à mobiliser auprès du Trésor Public, 40 milliards FCFA supplémentaires pour éviter cette situation désagréables que vivent six (06) des dix (10) régions du Cameroun. Pour la Fondation Camerounaise des Consommateurs (FOCACO) : «Voilà plus d'une décennie que le Président de la République a annoncé la fin d'un calvaire des populations au sujet de l'électricité. La réalité est toute autre malgré les nombreuses années écoulées».
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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