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« LES EFFORTS DU GOUVERNEMENT POUR EMPÊCHER QUE L’INFLATION SOIT DÉMULTIPLIÉE DÉMESURÉMENT »

REGARD CROISE AVEC CYRIL EDOU ALO'O


Le Directeur Général du Budget nous donne quelques éclairage sur les contours et les enjeux du lancement de l'exécution du budget 2023


Qu’elles sont les objectifs visés par la loi de finances 2023 dont le lancement vient d’être effectué à Douala ?

Je voudrais déjà dire qu’aujourd’hui le 16 janvier 2023, le Ministre des Finances a procédé au lancement du budget de l’exercice 2023 à partir de la région du Littoral. Et ce lancement se passe actuellement sur toute l’étendue du territoire national. C’est une manière pour le gouvernement de donner le coup d’envoi officiel de l’exécution du budget 2023 qui est orienté vers l’amélioration de la compétitivité et de la productivité de l’économie ; la lutte contre l’inflation, la préservation des couches sociales contre la vie chère, la poursuite de la mise en œuvre de la Couverture Santé Universelle, ainsi que la veille sanitaire dans le cadre de la lutte contre les épidémies et les pandémies, la poursuite de la reconstruction des régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, ainsi que densifier la mise en oeuvre de la décentralisation afin de donner aux Collectivités Territoriales Décentralisées, les moyens d’apporter une contribution déterminante à la relance de notre économie.

Les populations sont susceptibles quant à l’exécution de cette loi de finances 2023 qu’elles considèrent comme un goulot d’étranglement. Qu’elles sont les mesures d’accompagnement ?

S’agissant du train de vie des ménages, le gouvernement fait beaucoup de choses pour préserver la stabilité économique de notre pays. Le Président de la République dans son adresse à la nation, a dit que nous avons subvention le carburant à la pompe pour 700 milliards FCFA. Je voudrais vous rappeler que lorsque vous achetez une bouteille de gaz, qui coûte 6 500 FCFA il faut savoir que le prix réel de cette bouteille de gaz domestique coûte 13 500 FCFA. La différence soit 7 000 FCFA est payés par le gouvernement c’est-à-dire par le budget de l’Etat. Lorsque vous payez un litre de super qui coûte 630 FCFA, il faut savoir que le prix réel est 1 350 FCFA, la différence de 720 FCFA est payée par le budget de l’Etat. Vous avez suivi ce qui se passe en RCA où les Centrafricains paient plein pot. Par ailleurs, je rappelle que le gouvernement a donné un appui substantiel de plus de 30 milliards FCFA aux meuniers, qui sont les industries qui fabriquent la farine et les produits dérivés comme le pain ceci pour que la baquette de pain n’augmente pas. Vous savez que le gouvernement maintien les exonérations de toutes les taxes à l’importation sur le riz et le poisson ? Cela veut dire que si on taxait ces produits comme on taxe tous les autres produits, alors on aurait un niveau d’inflation plus élevé. J’ajoute que le gouvernement a dû renoncer aux valeurs mercuriales et sacrifier la mercuriale à la Douane pour ne pas renchérir le coût du fret. Tout cela aide à soutenir les efforts du gouvernement pour empêcher que l’inflation soit démesurément démultipliée. Par la suite, le gouvernement travaille pour l’import-substitution. C’est-à-dire soutenir les secteurs de production afin de permettre à nos industries de transformer la matière première locale pour alimenter notre marché. Sans être exhaustif, voilà quelques mesures que le gouvernement prend pour essayer de contenir l’inflation. Ce sont là quelques mesures qui sont concrètent. C’est dire que les lois de finances qui sont votés comme celle de 2023 vont dans le sens de préserver les populations afin qu’elles ne ressentent pas l’inflation telle qu’on aurait dû la ressentir. Ça, ce sont les efforts du gouvernement qu’il faut apprécier.

Est-ce ce qui explique que les taxes ont connu une augmentation de 50 à 100% ?

Pour subventionner ces différents secteurs sensibles, et permettre de réaliser les grands projets d’investissement réclamés par les populations à l’instar de la reconstruction du Nord-Ouest et Sud-Ouest, et la poursuite des projets d’infrastructures dans le Littoral, comme a annoncé par le Ministre des Finances, il faut des ressources. C’est pourquoi, on a choisi les secteurs dans lesquels on a effectué l’élargissement de l’assiette fiscale. Ce qui va permettre de rechercher 350 milliards FCFA pour subventionner cet efforts. Prenons l’exemple du timbre aéroport, mais si quelqu’un paie un billet d’avion c’est qu’il a les moyens. Nous lui demandons en revanche une contribution. Si quelqu’un a la capacité d’entretenir une voiture c’est qu’il a les moyens et par ricochet il est attendu de lui d’apporter une petite contribution en fonction du gabarit de la voiture. Je pense que c’est logique et cohérent, nous n’allons jamais sauter lorsqu’on nous demande de payer une facture. Il faut aussi comprendre qu’a côté des charges, il faut aussi des ressources. Si vous regardez bien ces taux sont bien ciblés. Au Sénégal le timbre est à 2 000 FCFA à 2500 FCFA. Au Cameroun c’est passé à 1 500 FCFA. Voyez-vous lorsqu’on revalorise certains tarifs à l’instar des services consulaires comme l’augmentation du prix du passeport tout le monde s’est plaint, mais aujourd’hui les gens sont contents d’établir le passeport en 24 voire 48 heures. C’est dire que parfois aussi c’est pour améliorer la qualité de service. C’est dire, et je crois que les taux qui ont été proposés n’étaient pas injustes

Ce budget est-il soutenable et réaliste ?

Les reformes qui sont mises en œuvre dans la loi de finances 2023, vise à créer la stabilité budgétaire. Pour cela nous avons veillé à ce qu’il doit avoir des niveaux de déficits qui soient soutenables et pour cela notre budget ne crée pas la dette. Nous avons un budget qui a été construit sur un déficit de 0,9% alors que nous avions la possibilité d’aller à 5%. Le déficit c’est quoi ? C’est la part du budget qui va nécessiter l’emprunt en français facile qui va vous obliger à aller emprunter. Plus votre déficit est élevé plus vous allez emprunter cette part de déficit pour financer votre budget. Le nôtre est de moins de 1% dans le budget actuel. Cela veut dire que nous avons extrêmement serré les dépenses pour que nous soyons obligés d’aller emprunter. Emprunter seulement 0,9% pour financer ce budget, c’est soutenable. Tout cela vise à garantir la stabilité de nos finances publiques à court, à moyen et à long termes.

Une mission du FMI est au Cameroun. Ça craint pour l’avenir ?

Comme l’a dit le Ministre des Finances, le budget de l’Etat pour l’année 2023 doit permettre au Gouvernement de veiller d’une part au respect des engagements pris dans le cadre du Programme Economique et Financier (PEF) conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI) pour la période 2021-2023 pour lequel effectivement une mission de revue séjourne actuellement dans notre pays; et d’autre part, à la mise en œuvre satisfaisante des mesures structurelles contenues dans la feuille de route des Programmes d’appuis budgétaires négociés avec les autres partenaires (BM, UE, BAD et AFD). Le rôle du FMI est de veiller à la stabilité financière internationale. Lorsqu’elle vient dans un pays elle s’occupe de la viabilité extérieure, plus précisément la monnaie. A cet effet, elle veille à ce que nous ayons une économie nationale et sous-régionale qui préserve ses réserves d’échanges. Si nous avons une stabilité extérieure qui dérape la monnaie va être attaquée et on arrivera à des décisions telles que la dévaluation et autres, telles que cela va perturber le pouvoir d’achat des populations. C’est dire que nous faisons des gestions budgétaires qui permettent de préserver la stabilité extérieure. Ça c’est quelque chose que le FMI suit parce que s’il y a des perturbations monétaires dans la zone cela va perturber tout le système monétaire dans la zone et même au niveau internationale. Nous avons également la question de la dette parce que si nous avons une mauvaise dette ou une dette insoutenable nous allons être insolvables et ça ce n’est pas de nature à garantir le respect de votre économie. Ce sont les questions que nous discutons avec le FMI sur le niveau de notre endettement et la qualité de cet endettement.




Propos recueillis par

Mathieu Nathanaël NJOG




Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


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