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LES « RATS » ET LES « TRAITRES » REGAGNENT ET CONTRÔLENT LE NAVIRE

FUSION GICAM - ECAM


La cérémonie de signature du « Traité de fusion » entre le Groupement Interpatronal du Cameroun et Entreprises du Cameroun a eu lieu le 5 avril 2023 à Douala, en présence du Gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua. Un clair obscure continue de planer sur les contours de cette fusion, tout comme les absences de part et d’autres des piliers de ces deux organisations laissent dubitatives sur la portée que les parties veulent donner à cet acte qualifié d’historique.




Il a fallu du temps pour que la faction Protais Ayangma qui avait quitté avec fracas le Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) en 2007 à la suite de ce qu’il a qualifié « d’un rendez-vous manqué avec la démocratie associative » pour aller créer Entreprises du Cameroun (ECAM), fasse chemin inverse, 15 ans après. Alors que tous les signaux lui donnaient potentiel successeur d’André Siaka (son ami) qui avait décidé de quitter les commandes de cette organisation qu’il avait présidé aux destinées pendant 15 ans, Protais Ayangma avait vu les officines obscures qui tiennent dans l’ombre cette organisation lui préférer Olivier Behlé, une candidature fabriquée de toute pièce pour créer la rupture. Et qui ne va présider à son corps défendant qu’un seul mandat pour qu’enfin feu André Fotso, celui à qui le siège était réservé vienne prendre les commandes de 2009 à 2016. C’est dans le même registre que Célestin Tawamba qui était dans la charrette de ceux qui avaient quitté le navire pour aller créer ECAM va être ramené à la surprise générale pour s’emparer de la présidence du GICAM. Avant lui, une autre funding mother, Mireille Fomekong était aussi déjà passé de l’autre côté. Un coup dur à l’époque qui va pousser Protais Ayangama de les appeler de manière goguenarde : «Les traitres».

C’était prévisible mais truffée d’embûches

Avec l’élection de Célestin Tawamba à la tête du GICAM, les observateurs avertis présageaient déjà que les divergences majeures entre le GICAM et les funding fathers d’ECAM disparaitraient progressivement pour un retour à la maison-mère. Ils y voyaient alors un homme fédérateur pour les deux parties. Le 17 juin 2017, lors de sa prise de fonction, Célestin K. Tawamba tendait la main à l’unité aux membres des deux organisations, lorsqu’il déclarait : « L’exigence de rassemblement nous imposera de ne ménager aucun effort pour réunir et fédérer tous les patronats au sein de la maison commune qu’est le GICAM. D’ores et déjà nous tendons officiellement la main à ceux qui, pour une raison ou une autre, ont tourné le dos à notre Groupement ». Et Protais Ayangma affirmera d’ailleurs que : « De fait le président Tawamba et nous partagions le même logiciel relativement à la vision, au rôle, et au fonctionnement d’une organisation patronale. Avancer séparé n’avait dès lors plus de sens ». C’est dire qu’il ne restait plus que la méthode pour y parvenir. Et le 17 janvier 2019, ECAM et GICAM ont décidé de mettre en place une instance de concertation, sur la dénomination de : « Coordination patronale ».



Alors que le président du GICAM se contente d’égrener les victoires de cette instance, le président d’ECAM va reconnaitre sans ambages que : «Depuis 2019, nous habitions la même maison et faisions chambre à part. Nous rêvions aller plus loin, parler d’une même voix, certes, faire chambre commune pour rassembler plus, fédérer toutes les énergies… ». En somme, c’était la rampe de cette unicité qui a été officialisée le 5 avril 2023 à Douala. « Si l’union qu’avait consacrée la Coordination patronale a fait notre force, alors, assurément la fusion fera notre puissance », lancera Célestin Tawamba. Et de poursuivre : « Cette fusion est l’acte fondateur d’une nouvelle ère patronale ». Visiblement, même si les deux présidents ont clamé avoir obtenu le vote à l’unanimité de leur Conseil d’administration respectif, il reste que des indicateurs laissent entrevoir de profondes fissures à l’instar des absences remarquables lors de cette cérémonie dans les deux organisations. C’est le cas, du tout puissant membre du Conseil des sages du GICAM, André Siaka dont le président Célestin Tawamba n’a cité à aucune fois dans son discours, lui préférant à un autre membre du Conseil des sages, René Bayen. Et de Périal Nyodog, le tout puissant, 1er Vice-président d’ECAM dont le siège et le chevalet étaient placés avant de le voir retirer et remplacer au début de la cérémonie par le 2è vice-président, Théodore Fansi.

Une fusion absorption ou un retour enrichi ?

Il se susurre que de part et d’autre, les réfractaires à cette fusion ont soit peur de se voir absorber, soit de voir leur identité dévoyée. La preuve, pendant que Protais Ayangma souligne que « Nous lancions ECAM… avec une plateforme idéologique fédérative et un ADN tournant autour du patriotisme assumé », son ami, frère et allié d’hier, Célestin Tawamba va témoigner sa gratitude au président Protais Ayangma, avec lequel il a en partage « le même ADN, relative à la vision et aux missions du patronat », précisera-t-il. Faisant ainsi craindre le gros des membres des deux organisations qui n’ont pas été consultés à travers leur Assemblée générale. « A dessein », souligne sous anonymat des membres des deux organisations. Pour essayer des calmer les craintes, les signataires du clament que le « Traité de fusion » envisage de donner naissance à une « Centrale patronale unifiée». Ce qui va contribuer à entretenir le voile sur cette fusion. Etait-ce : une fusion absorption ? Une fusion acquisition ? Ou fusion par constitution d’une nouvelle organisation ? Protais Ayangma de répondre : «C’est une fusion entre ECAM et le GICAM. Il ne s’agit pas d’une absorption, ni d’une fusion absorption… » Et d’ajouter : « Ce n’est pas tout à fait un retour simple, c’est un retour enrichi. ». Qui peut comprendre, comprenne.



Le moins que l’on aura appris c’est que cette Centrale patronale unifiée, c’est qu’elle pour aura vocation a rassemblé le secteur privé dans son ensemble, les différentes branches et filières, ainsi que les différents syndicats patronaux. Pour l’instant, le personnel exécutif des deux organisations servira au sein d’une nouvelle structure unifiée plus performante, dotée de structure organique repensée et plus à l’écoute des nouveaux enjeux. Les adhérents, qui ne sont d’autres que les entreprises, et de façon général le secteur privé, sauront à travers cette fusion, tirer le meilleur partie d’une centrale patronale plus représentative, conséquemment plus résonnante et plus influence avec des instances décisionnelles plus élargies. Mais aussi et surtout avec une adhérence uniforme conforme aux exigences modernes de démocratie associative. Quant aux pouvoirs publics et aux partenaires, il sera plus aisé d’interagir avec un principal et incontournable interlocuteur, comme c’est le cas d’ailleurs dans d’autres pays, évitant ainsi des dissonances qui fragilisaient les plaidoyers qui étaient souvent portés. Au final, Célestin Tawamba préfère qu’on retienne que « La signature du Traité de fusion entre ECAM et GICAM nous oblige à inventer un patronat nouveau, moderne et plus à même à l’écoute de nos attentes. Nous aborderons les prochaines étapes avec une démarche inclusive, et fédératrice, de toutes les contributions… ». Parce qu’il indique que : « La fusion d’ECAM et GICAM n’est pas une finalité en soi, loin de là. Tout en la saluant parce qu’elle aura su braver des obstacles, y compris psychologiques. Il ne s’agit que d’une étape sur le chemin de la densification de la représentation des entreprises, auprès des partenaires et des pouvoirs publics ».




Mathieu Nathanaël NJOG






Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


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