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LES TABOUS DE L’ACCÈS AU CRÉDIT ET AU FINANCEMENT DES PME LEVÉS

BUSINESS DEVELOPMENT FORUM


La Commercial Bank a organisé le 30 novembre 2023 à Douala, la 5è édition du Business Development Forum sous le thème : «Accès au crédit et au financement des PME». Un networking pour outiller les patrons des PMEs et PMIs sur ces principales préoccupations qui sous-tendent leur relation avec la banque.

Le problème de financement (accès au crédit, coût de financement) est selon les chefs d’entreprises le 3è obstacle à l’entreprenariat avec un taux de 30,7%, après la fiscalité avec un taux de 53,5% et les tracasseries administratives avec un taux de 34,2%. Une situation renforcée par la crise sanitaire de 2000 avec le Covid-19 et les crises sécuritaires. Au point de plonger la sous-région Afrique centrale dans un environnement inflationniste qui a accentué les difficultés des entreprises en matière de trésorerie et d’accès aux financements. Pour juguler cette inflation, la tendance de la Banque centrale est à la hausse des taux directeurs et au relèvement des niveaux de production de liquidité. Contraignant les banques commerciales à plus de prudence dans le financement des PME/PMI. L’asphyxie provoquée par cette situation a entrainé de nombreux impayés dans les crédits contractés. Et pour cause, il manque un environnement institutionnel favorable qui entraine des blocages.

Pour permettre de comprendre les enjeux de l’environnement réglementaire liés au financement de la PME ; d’outiller les promoteurs à une meilleure compréhension des mécanismes d’accès aux financements ; donner la parole aux différents acteurs et experts du secteur bancaire et de l’économie afin de rechercher ensemble des pistes de solutions ; de permettre aux clients de la banque et les acteurs impliqués de comprendre le contexte de crédit et financement au Cameroun ; de mettre la lumière sur les outils permettant la structuration des rapports banque/client afin de faciliter le financement ; de maitriser les aspects juridiques qui gouvernent l’accès au financement ; et échanger sur les opportunités de financement pour les PMEs/PMIs, la Commerciale Banque (CB), pour la 5è édition du Business Development Forum (BDF) organisée le 20 novembre 2023 à Douala, a choisi pour thème : «Accès au crédit et au financement des PMEs».

Un potentiel économique pas capitalisé

Le président de la Commission économique et Développement du GICAM, Emmanuel Wafo va présenter la situation économique des TPE, PE, et ME. Rappelant que selon les chiffres officiels, les entreprises recensées sur le territoire national par le MINPMEESA , 349 722 sont des PMEs/PMIs soit 99,8 % des entreprises existantes, utilisent 72,6% des emplois créés, et produisent seulement 34% du chiffre d’affaires des entreprises. «Cette situation justifie que leur poids économique reste modeste», déclarera-t-il. Et d’ajouter que leur durée de vie est très courte. 08 PMEs sur 10 (soit 78,3%) ont moins de sept (7) ans d’existance et 60% des PMEs meurent avant 5 ans. Et pour cause, les sources de financement des PMEs ne sont pas solides. Elles proviennent à 81,7% de l’épargne, 15,2% des tontines, 3,6% des prêts bancaires, 2,7% des prêts EMF, 4,2% de dons 0 ,5% de subventions (associés, héritage, recours au marchés financiers,…) et 4,3% d’autres. Au 30 avril 2023, le montant total des crédits contractés par les PMEs est 1063,4 milliards FCFa sur un l’ensemble de crédits d’un montant 4895,1 milliards FCFA. Pour une moyenne de taux effectif global pratiqué de 10,52% aux PMEs et 5,56% aux Grandes Entreprises.

Les patrons des PMEs vont s’offusquer par les forts taux d’intérêts qui les sont pratiqués. En guise de reponse, le DGA de la Commerciale Bank, Jean Elisé Gouater, va préciser que : «Les taux sont liés aux risques. Autant le risque sera élevé autant les taux seront élevé. Lorsque le risque n’est pas grand, le taux sera moindre». Et d’ajouter que : «La fidélité à un banquier est un élever qui permet de faire des prêts à des taux réducteurs». Non sans rappeler que les patrons des PMEs ne donnent pas suffisamment de garanties exigibles par la réglementation en vigueur. Malheureusement, l’environnement des affaires est truffé au Cameroun par un déficit d’éducation des hommes d’affaires. Les statistiques indiquent que l’expérience moyenne des promoteurs des PMEs est de 5,5 ans, 19,9% sont sans diplôme et 60,5% d’entre eux ont un niveau d’instruction inférieur au BACC. «Pour moi, le levier important, c’est cette éducation des chefs d’entreprises et des dirigeants d’entreprises à se former à la pratique et surtout aux règles de bonne gouvernance qui sont attendues par les banques pour être en capacité de pouvoir bénéficier de leurs financements», soulignera Emmanuel Wafo.

Déficit de fonds de capital-risque

Toutefois, l’expert en banque et finance, Babissakana, CEO et Chairman de du Cabinet Prescriptor de préciser que : «Les banquiers ne sont pas là pour vous faire des faveurs ou des legs». En revanche, l’Etat devrait mettre en place des mécanismes de financement des entreprises. Tout en faisant le tour d’horizon des instruments du capital-investissement étatiques existant comme la SNI, BCPME, Fonds 2FC-CVAEP, FOGAJEUNE, … qui devraient accompagner les porteurs de projets et assurent le capital-risque devant les banquiers, il soutient avec emphase que «Le Cameroun a un vide dans ce domaine-là. Ce qui empêche d’avoir des jeunes entreprises qui vont vite grandir ou rapidement croître. On va seulement avoir des jeunes entreprises qui vont végéter et tourner en rond ». Et de poursuivre : «L’absence de ces structures spécialisées est ce qu’on appelle les blocages structurels». Puisque ce sont «des instruments qui sont faits pour apporter des garanties pas des financements dans le sens de la couverture des risques».

Le DG de la Commerciale Bank, Léandre Djummo de conclure : «Malheureusement tous ces organismes mis en place par l’Etat pour faciliter les financements des entreprises sont des coquilles vides puisque les financements ne suivent pas et dans la plupart des cas les caisses ont été vidées depuis des lustres et toujours pas renflouées». Ce qui explique qu’elles ne soient ni agressives ni offensives pour la création des nouvelles entreprises. Une note d’espoir reste la convention de garantie d’un montant de 200 milliards de FCFA signée en août 2023 par le Ministère des Finances (MINFI) avec l’Association Professionnelle des Etablissements de Crédit du Cameroun (APECCAM) et l’Association Nationale des Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANENCAM), pour les prêts bancaires au profit des entreprises publiques et privées. Dans une démarche de charme, il va réitérer : «Vous avez été informés de la disponibilité de la Commerciale Bank de vous accompagner et de ne pas vous abandonner dans les moments difficiles».









Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


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