DOUALA
Les populations sont désemparées devant la grande difficile mobilité urbaine dans la cité capitale économique. Un état d’esprit entretenu par l’état de décrépitude des voiries urbaines, mais pis encore, par le retard d’exécution ou le niveau de dégradation rapides des travaux d’entretien et d’aménagement effectués sur les différents axes des routiers sous financement soit propre, soit des partenaires au développement, soit du BIP, soit du MINTP, soit du MINHDU, soit des crédits transférés.
C’est une lapalissade que de dire que la voirie urbaine de Douala est en état de délabrement avancée. Il n’y a pas un seul axe routier de la capitale économique où la mobilité urbaine est très aisée. Pour cause, le réseau viaire de la ville de Douala, qui s’étend sur environ 5 000 Km, soit environ 715 Km de routes revêtues (Béton bitumineux et Pavés) et 4 285 Km des routes en terre, est jonché des nids de poules, des crevasses, des lacs de cratères, des bourbiers, des chantiers d’entretien ou d’aménagement des routes à l’abandon. Cet état peu reluisant des voiries urbaines de la capitale économique rend la circulation difficile et certaines zones inaccessibles. Une situation qui ne cesse de susciter au sein de la population en général et des automobilistes en particuliers un élan de mécontentement et de réprobation à l’égard des élus municipaux. Le calvaire des usagers sur la nouvelle route Akwa-Nord (Bonabo – Carrefour Maetur ; TPI Ndokoto – Carrefour Zacheman ; Bepanda Tonnerre – Collège BAO ; - Total Logbaba – Mairie Douala 3è ; - Entrée de la Gare ferroviaire de Bessengue ; Entrée Bepanda ; Sic Cacao ; Carrefour Ange Raphaël ; PK 11 – PK 14 ; Marché PK 14 – PK 21, Cité des Palmiers, la liste est loin d’être exhaustive, a fini par les convaincre que c’est la résultante de «l’incompétence» et de «l’inertie» des autorités municipales (Maire de la Ville et les Maires des cinq Communes d’Arrondissement de sa partie continentale). Le tout coloré par des immondices qui pavoisent les différents artères. Or dans ces Collectivités Territoriales Décentralisées, les services compétents confient que «Le réseau de la voirie urbaine de Douala a plus de 40 ans d’âge. Par conséquence, il nécessite une réfection complète. Comme pour toutes infrastructure, il ne faut penser que lorsqu’on construit une route c’est pour une éternité».
Les élus municipaux à la barre
Mais pour les usagers, c’est le manque d’anticipation et de réactivité qui font défaut. «Avant que ces petits creux sur la chaussée ne deviennent des lacs de cratères et par la suite des bourbiers en saisons de pluies, donnant à ces parties de la ville l’allure d’une cité pilonnée par des explosions des obus en période de guerre, c’est parce que la Communauté Urbaine de Douala (CUD) et les Mairies d’arrondissement ont laissé la situation pourrir». Dans ces CTD on évoque soit un manque de moyens financiers du fait des décaissements homéopathiques du Trésor public, soit par un déficit criard des engins logistiques appropriés pour effectuer ses travaux en régie. Or, les experts soutiennent que « plus la chaussée est dégradée, plus elle demande un important effort financier pour sa réfection ». Et d’ajouter : «Un réseau routier en bon état est au cœur d'une saine économie». C’est pourquoi, la Communauté Urbaine de Douala (CUD) a créé la Régie Autonome des Routes et des Construction (2RC) depuis 2022 et dont on annonce qu’elle sera opérationnelle à partir du premier trimestre 2024. En attendant l’acquisition des engins et du matériel nécessaires à son fonctionnement objet de la 2e Convention de prêt CUD-UBA d'un montant de 7 milliards FCFA signé le mercredi 17 août 2022. La Commune d’Arrondissement de Douala 3è s’est dotée des engins appropriés et devrait créer une régie interne dans les prochains jours. Même le Conseil régional du Littoral a pris une délibération priorisant l’acquisition d’une logistique nécessaire pour les travaux de construction et d’entretien routier.
Pour autant, depuis trois ans que les nouveaux exécutifs de la Mairie de la Ville de Douala et des Mairies d’Arrondissement ont pris fonction, la CUD mène chaque année sur fonds propre une campagne d’entretien des infrastructures routiers, de drainages et d’éclairage publique, qui permet de mener des travaux d’entretien de traitement de 50 à 60 000 m2 de points d’impacts avec le grave-bitume et le béton-bitumineux sur plusieurs axes de la ville. Des travaux auxquels viennent se greffer des chantiers d’aménagement et de constructions des routes sur financement du BIP, du PDVIR, du PLANUT, des crédits transférés du MINHDU. Malheureusement, la qualité des travaux approximatifs effectués par les sociétés contractantes avec le laxisme des Cabinet de contrôles ne permettent pas aux infrastructures une durée de vie allant au-delà de la livraison. Conséquence, les populations qui espéraient voir leur calvaire achever, n’ont que leur exaspération pour exprimer leur déception. Interpellé lors du derniers Conseil de la communauté d’octobre dernier, le Maire de la Ville de Douala, Roger Mbassa Ndinè a rassuré les Grands conseillers de ce que «Les entreprise qui ont effectué les travaux qui se sont par la suite dégradés ne seront pas payés tant qu’elles ne reviennent pas faire des corrections nécessaires ».
La question de transfert des compétences aux CTD
A cela vient s’ajouter les chantiers entamés avec les implantations et la construction du réseau viaire qui ont eu le chic de susciter des grands espoirs et finalement sont abandonnés par les sociétés contractantes depuis des mois et souvent sans perspective de reprise. « Lorsque les entreprises adjudicatrices des marchés ont des soucis financiers, elles sont aux arrêts dans les chantiers. Cela nous embarrasse, mais nous ne pouvons rien y faire », déclare Roger Tchangang, Directeur des Grand Travaux. Or la Ministre de l’Habitat et du Développement Urbain (MINHDU), Mme Célestine Ketcha épse Courtès qui était en visite des chantiers dans la ville de Douala a décrié cette situation des lenteurs dans l’exécution des travaux. «Lorsqu’on me dit que c’est parce qu’on n’a pas payé l’avance des démarrages, je suis outré parce que lorsqu’une entreprise soumissionne, c’est parce qu’elle a prouvé sa capacité financière à préfinancer au moins 40 à 50% du marché. Parce que dans tous les cas, ils seront payés». Mais aussi, elle a indiqué que ce n’est pas simplement la responsabilité des entreprises, mais aussi des Maires qui bloquent l’exécution des projets programmés dans le BIP. Et d’interpeller tous les acteurs de la chaîne. «Il faut arrêter de jouer avec l’amélioration du cadre de vie des populations dont j’ai la responsabilité pour le compte du chef de l’Etat». Et à la Direction des grands travaux, on explique que : « Certaines populations croient qu’elles sont abandonnées, mais à la vérité c’est difficile d’être mobilisés partout au même moment. C’est pourquoi le Maire de la Ville de Douala demande toujours l’indulgence aux populations».
Une autre grande incongruité constatée et que le Chef de l’Etat devrait rapidement régler, est la question des transferts des compétentes comme le dispose la Loi portant Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées. Afin qu’elle passe des 15% fictifs actuel à 100% de manières réel et concret. Puisqu'on apprendra les problèmes d'entretien du réseau de la voirie urbaine se posent avec acuité et souvent sous l'impuissance de la Mairie de.la ville parce qu'il y a des tronçons routiers qui incombent prioritairement pour tous les travaux à des institutions bien précises. Les routes régionales et les pénétrantes des routes qui débouchent sur les nationales sont de la compétence du Ministre des Travaux Publics (MINTP). C’est ainsi que la CUD s’est vu refuser la reprise en main de la construction du tronçon PK 14 – PK 21 sur la route nationale PK 14 – Bonepoupa dont le marché était exécuté depuis 2016 par la société tchadienne Encobat BTP dont la contrat vient d’être résilié. Maintenant les riverains et les 30 000 étudiants dans le désarroi. C’est aussi le cas des travaux à effectuer sur le 2è pont du Wouri qui a un énorme problème d’évacuation des eaux de pluie au point de rendre la circulation difficile ou encore les travaux de réinstallations du système de l’éclairage publique sur ledit pont qui a été vandalisé moins de six après la fin des travaux. Il y a aussi les marchés de construction des routes sur financement du Plan National d’Urgence Triennal (PLANUT) qui sont sous l’autorité du MINHDU.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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