MARCHE DE LA GARE DE NEW-BELL
Depuis le 21 avril 2023, les Commerçants du marché de l’ancienne Gare ferroviaire de New-Bell multiplient des manifestations publiques pour faire entendre leurs voix à l’opinion publique nationale et internationale. Ils sont victimes de destruction, expulsion et arnaque sur les étals où ils sont installés depuis 1980 par les agents de la Commune d’Arrondissement de Douala 2è, dans l’optique de la réalisation projet de modernisation des espaces marchands sur ce domaine.
Des centaines des commerçants et commerçantes sont descendus pour une énième fois le lundi 2 octobre 2023 sur le site du marché de l’ancienne Gare Ferroviaire de New-Bell à Douala pour protester avec pancartes aux messages évocateurs : «Remettez nous nos Boutiques », «Nous avons été casés : - sans notification, sans recasement, sans recensement… », «Monsieur le Président du RDPC vos camarades sont morts », «Madame Chantal Biya, venez à notre secours ». Ils entendent maintenir cette pression jusqu’à ce qu’ils se font entendre. Depuis plus d’un an pour certains et quelques mois pour les autres, ils sont dans la rue. Incapables de survenir à leurs obligations familiales (ration, scolarité,…). Ils dénoncent la forfaiture dont ils sont victimes de la part de la Maire de la Commune d’Arrondissement de Douala 2è, Mme Denise Fampou. C’est alors qu’avec le soutien de la société civile, notamment la Plateforme des Organisations pour la Promotion du Droit au Logement Décent (PLAFODAL), dont la mission est de participer à l’amélioration du cadre de vie des populations et d’éradiquer la pratique des évictions forcées au Cameroun, ils ont tenté des démarches conciliantes auxquelles la magistrale municipale de cette commune n’a pas cru bon d’accéder aux multiples sollicitations rencontres. Ils se sont alors résolus d’engager une action en justice. Depuis le 21 août 2023, Me Dominique Frousse a déposé une plainte auprès du Procureur de la République près du Tribunal de Première Instance (TPI) de Douala-Bonanjo pour les faits de : « Abus de fonction, menaces sans condition et complicité de destruction et de trouble de jouissance ».
Les commerçants (es) soutiennent qu’ils occupent le site qui s’étend tout le long des rails allant de face pharmacie des rails à l’ancienne gare de New-Bell. Un domaine sur lequel, ils ont été progressivement installés par l’ex-Régie des Chemin de Fer du Cameroun (REGIFERCAM) propriétaire du site pour les uns, la Communauté Urbaine de Douala (CUD) et la Société COMOMEC pour les autres et par le Préfet du Wouri de l’époque, Mathius Binyam. Par conséquence, ce site n’appartient pas à la Commune d’Arrondissement de Douala 2è (CAD 2). Mais qu’elle n’a pas été leur surprise de découvrir un Communiqué N°030/CAD2/SG/ST/2022 signé le 13 décembre 2022 par Mme le Maire Denise Fampou, intimant aux commerçants de libérer manu militari ledit site avant le 15 janvier 2023 sous peine de se voir déguerpir de force. Pendant qu’ils multipliaient des actions en direction de la Mairie pour engager un dialogue, ils se sont fait extorquer des sommes sous des fallacieux prétextes avant de constater ahuris que nuitamment les agents de la CAD2 armés de gourdins et escortant des agents lourds ont démoli sans ménagement leurs commerces (boutiques, magasins, comptoirs). Réduisant à néant des décennies de sacrifices et d’efforts des familles sans la moindre compassion. Puisqu’aucune indemnisation préalable aux victimes des expropriations n’a été versée comme le stipule la loi.
Pourtant, pour la réalisation de ce projet de reconstruction de neuf (9) marchés dans cette Commune, la Mairie de Douala 2è a obtenu un financement de plus de 4 milliards FCFA. Mais curieusement, alors que cette Mairie savait son projet muri, les services compétents vont exiger en juillet 2022 aux trente (30) commerçants victimes de la première phase du projet de s’acquitter de six (6) mois de droit de place comme de coutume au compte bancaire de la Mairie logé à UBA. Arguant qu’il avait déjà consommé la moitié de l’exercice annuel. Curieusement en septembre 2022, la Maire Denise Fampou va rappeler les commerçants à compléter le paiement de leurs droits de place à 12 mois avec des pénalités afin de garantir leurs commerces en dépit du fait que la quasi-totalité avait déménagé soit pour la maison, soit sur un autre site, le temps que les travaux de construction engagée avec un opérateur privé soient achevés. Après s’être assuré que tous les commerçants se sont exécutés de cette collecte plus ou moins illégal ces fonds communaux, des agents communaux des services compétents chargés de gérer les espaces marchands vont informer les commerçants que les comptoirs qui seront construits sont réservés à la somme de 500 000 FCFA et le versement ne se fait plus à la banque comme il est de coutume dans le mécanisme de sécurisation des recettes, mais directement dans les services de la Mairie contre un reçu qui ne porte aucune mention du motif de paiement. C’est pourquoi, outre la procédure judiciaire engagée, la société civile qui accompagne ces commerçants désabusés a interpellé l’Etat du Cameroun, les parlementaires, le FEICOM, la CONAC et le Contrôle Supérieur de l’Etat pour enquêter sur cette escroquerie à ciel ouvert afin de faire toute la lumière et établir les responsabilités.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
Laisser un commentaire et Abonnez-vous .
Comments