DOUALA, VILLE POUBELLE
Les artères de la capitale économique sont essaimées par des immondices des ordures ménagères que la société chargée d’assure le service public de ramassage et d’assainissement, Hysacam, n’a plus enlevées depuis près d’un mois. Cette situation met en exergue les problèmes financiers de non-paiement des prestations, de défaillances techniques et structurelles. La Mairie de ville de Douala crée la Régie Urbaine de Propreté comme solution palliative. Mais un expert en environnement propose une autre solution
Les artères de la capitale économique sont essaimées par des immondices des ordures ménagères que la société chargée d’assure le service public de ramassage et d’assainissement, Hysacam, n’a plus enlevées depuis près d’un mois. Cette situation met en exergue les problèmes financiers de non-paiement des prestations, de défaillances techniques et structurelles. La Mairie de ville de Douala crée la Régie Urbaine de Propreté comme solution palliative. Mais un expert en environnement propose une autre solution.
Les populations de la ville de Douala sont aux abois. En plus d’une voirie urbaine en état de délabrement très avancé, elles doivent affronter des immenses tas d’immondices qui ont débordé les bacs pour les endroits où il en existe encore pour s’épancher sur la chaussée, tout réduisant la surface de circulations, non sans être envahies par des odeurs fétides. Les habitations environnantes se plaignent d’un envahissement des moustiques et des bestioles qui ont fait perdre le sommeil aux occupants. Mais aussi entrainés une prolifération des problèmes de santé avec des éruptions de fièvres de plus en plus récurrents. Cette décoration spéciale et ubuesque de la cité capitale économique par des monticules d’ordures ménagères coïncide avec la rareté des opérations de collecte et d’enlèvement des ordures que les camions de la société d’Hygiène et de Salubrité du Cameroun (Hysacam) assuraient avec plus ou moins de bonheur.
Le modèle dépassé d’Hysacam
Au niveau de la décharge d’Hysacam situé au Génie militaire à PK 10, on peut observer une sorte de saturation. Des pelles-excavatrices essaient d’étaler les ordures pour permettre à la dizaine de camions stationnés à l’entrée de pouvoir déchargé. «La décharge est pleine du fait que le système de brulis qui permettaient de réduire en cendre les ordures est non opérationnel en cette saison pluvieuse. Les ordures ménagères viennent mouillées et le site de la décharge est humide, ce qui ne permet pas d’allumer le feu », confie Joseph, un agent écologiste faisant dans le tri des ordures. A Hysacam, des confidences font état du non-paiement des prestations dues. Ce qui a conduit la réduction de leurs prestations au service minimum dans les différentes grandes villes du Cameroun. A l’instar de Douala et de Yaoundé. En effet, pour des besoins de péréquation, le Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain (MINHDU) avait décidé pour l’exercice 2023 de centraliser le paiement des prestations de la collecte et du ramassage des ordures ménagères dans toutes les grandes villes érigées en Communauté Urbaine.
Une décision déplorée par certains Maires de ces grandes villes. Notamment celui de Douala qui avait sollicité une dérogation spéciale. Qui avait souhaité continué de voire la CUD verser les 60% des paiements contre 40% du MINHDU versés annuellement à Hysacam. Même les experts avaient décrié cette centralisation des compétences qui fait entorse au processus de décentralisation. Alors que les élus locaux réclament à cor et à cri de voir passer le transfert de compétences de 15% actuellement appliquées à 100%. Pour Didier Yimkoua, environnementaliste, au-delà de la question du retard de paiement des factures des prestations qui est un facteur aggravant, qui sont évoqués pour justifier l'amoncellement des immondices dans tous les rues et carrefours de Yaoundé et Douala, embuées des effluves pestilentielles, il met en débat la question des performances du prestataire (Hysacam) qui ne sont pas honorables.
Option achat des ordures ménagères
En dépit du fait que la Communauté Urbaine de Douala (CUD) annonce que 226 303 tonnes de déchets ont été collectées au cours du 1er semestre de l’année 2023 avec 216 334 tonnes enlevées par Hysacam dans la collecte classique et 9 969 tonnes dans la pré-collecte, Didier Yimkoua indique que cela représente « un taux d'enlèvement qui oscille entre 40 et 45% voire 55%. Pendant ce temps le reste abandonné dans la nature, dans les drains et les caniveaux qu’elles vont obstruer». Et de déclarer que : «Le modèle opérationnel en vigueur est dépassé». Le Maire de la Ville de Douala, Roger Mbassa Ndinè a créé une Régie Urbaine de Propreté (RUP) qui devrait devenir opérationnel dans les prochains jours. Le Conseil de la communauté a salué cette décision qu’il voit comme « une solution palliative pour débarrasser les populations des immondices qui s’amoncellent dans toute la cité capitale». L’environnementaliste Didier Yimkoua espère que cette Régie ne va pas reproduire le modèle ancien qui est déjà désuète et inefficace. Il propose «l'option achat des ordures ménagères à 25 Fcfa/Kg ». Ce qui reviendrait à 5 657 575 000 FCFA repartis aux populations pour le 1er semestre. Ce qui pourrait être incitatif et participatif.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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