GECAM
L’Assemblée générale constitutive de la nouvelle centrale patronale issue de la fusion « aux forceps » du GICAM et de ECAM s’est tenue le 14 décembre 2023 dans la salle de conférence André Siaka de la première organisation patronale citée. La présence de deux membres du gouvernement témoigne de l’onction que le duo Célestin Tawamba et Protais Ayangma a reçu d’une faction du gouvernement dans un processus qualifié de vicié au regard des procédures qui sont encore pendantes devant les tribunaux.
A l’Issue de l’Assemblée générale constitutive du Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM), nouvelle centrale patronale issue de la fusion création «aux forceps» entre le GICAM et ECAM, du 14 décembre 2023 à Douala, le triomphe de Célestin Tawamba reste très modeste. Car tout n’est pas encore accompli même si le processus semble avoir abouti après de longs mois de batailles au sein des membres du GICAM, divisés entre les partisans de la fusion création et les partisans de la fusion absorption. Une bataille qui est loin d’avoir livré son épilogue puisque les procédures judiciaires restent encore pendantes devant les juridictions. En attendant que ces procédures livrent leurs verdicts, la nouvelle centrale patronale, le GECAM est né à l’occasion d’une assise très courue par les chefs d’entreprises, invités pour faire foule, mais aussi largement boycottée par les membres du GICAM. A la surprise de plus d’un observateur averti, la présence de deux membres du gouvernement, le Ministre des Finances, Louis Paul Motazé et le Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, peut être perçu comme l’onction du gouvernement à une des factions en conflit. Donnant ainsi raison à ceux qui y voyaient des soutiens de l’ombre dans la perspective des prochaines joutes pour la présidentielle de 2025.
Le pari cornélien
Pour autant, il reste que GECAM, au-delà de sa survie, de sa position du patrimoine du GICAM, relève le défi du rassemblement de tous les acteurs de l’économie camerounaise dont le rapport 2022 du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Economie Sociale et Artisanale (MINPMESA) évalue à un total de 325 652 entreprises recensées au Cameroun pour 99,8% étant des PMEs. C’est-à-dire que plus de 324 000 entreprises ne sont ni membres du GICAM ni de ECAM. Difficile alors pour la nouvelle centrale patronale unifiée d’atteindre les objectifs escomptés : - fédérer les adhérents des deux entités, - être plus forte, - être une puissante machine de solution,… Ce d’autant plus que sa survie est en pointillée. A en croire nos sources qui se recrutent au sein du mouvement «Sauvons le GICAM» qui s’est battu en vain pour empêcher la tenue de cette constitutive, ils ont perdu la bataille pas la guerre. Leurs rangs ne cessent de grossir par tous ceux qui ont été trompés par les assassins du GICAM afin de mener le combat ultime pour la restauration du GICAM et de la non braderie de son patrimoine chèrement acquis. Car nous confie-t-on : «L'émotion était à la grande désolation après la découverte de l’identité visuelle de la nouvelle organisation patronale camerounaise».
Parce que les opposants la dissolution du GICAM disent «n'avoir aperçu qu'une fumisterie qui a consisté à faire avaler le GICAM par ECAM pour devenir GECAM». Pour ces derniers, il ne fait pas de doute que : « Le GICAM a payé très cher ce projet. Dans lequel, il abandonne son aura d'antan, cède au franc symbolique son immeuble siège, son poids économique, son influence pour céder le pas à la division, tout en délaissant les majors de l'économie camerounaise qui ont fait sa fierté depuis plus de 60 ans d’existence». Il ne cesse de rappeler que lorsque Célestin Tawamabe et Protais Ayangma décident matérialiser l’entame de ce processus de fusion par la signature du traité de fusion le 5 avril 2023, le GICAM enregistrait plus de 1000 adhérents, dont 27 associations professionnelles. Et cumulait un peu plus de 8.434 milliards FCFA de chiffre d’affaires. Totalisant 185.426 employés qui représentaient une masse salariale de 895 milliards FCFA. En ces entreprises s’acquittent depuis 2020, auprès de l’État, d’un volume moyen de taxes et impôts équivalent à 1 525 milliards FCFA. Soit 73,8% des recettes fiscales de l’État, et 39,7% du budget national. Pendant que, ECAM créée en 2009 et en hivernation depuis 2014, réclamait 400 membres majoritairement des PMEs dont on connait les énormes problèmes de survie. Et qui n’a pas pu faire valoir son poids économique ni son patrimoine.
Le gouvernement s’est-il officiellement positionné ?
Ce qui fait dire aux contestataires que cette fusion création entre une centrale patronale qu’est le GICAM et une organisation patronale qu’est ECAM est une supercherie. Malgré ces récriminations, le duo Tawamba-Ayangma se dit confiant et serein en l’avenir du GECAM. Surtout qu’il semble bénéficier de l’onction du gouvernement ou d’une des factions. Ainsi, pour poursuivre leur processus comme sur une roue libre, des structures de transition placée sous une co-gestion qui sera assurée pour une durée de trois mois par les présidents sortant du GICAM et de ECAM. Elle sera sous la supervision d’un Comité de surveillance et recours ad hoc créé et placée sous la présidence de Me Etah Bessong, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun. Il est constitué des membres désignés et issues des conseils d’administrations de chacune des entités patronales unifiées. A l’instar de Mme Nelly Bakang et M. Olivier Ndontsop du GICAM ; Mme Vanessa Happy et M. Pierre Alaka Alaka, de ECAM. Ces structures devront gérer les affaires courantes jusqu’à l’organisation d’une Assemblée générale élective qui conduira la mise sur pied du nouveau exécutif du GECAM. «Plus simple agrégation des affectifs, il est question de transformer et de reformer l’organisation pour faire face à cette exigence d’un Patronat moderne, unifié et donc fort. Où les Petites et Moyennes Entreprises et les Grandes Entreprises seront toutes unies pour en faire un levier puissant de développement de notre économie », répond Célestin Tawamba à ses détracteurs.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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