Eneo Cameroon
La session extraordinaire du Conseil d’administration tenue à Yaoundé, le 26 juin 2023, a procédé à la nomination d’un nouveau Directeur général en la personne d’Amine Homman Ludiye. Le Marocain remplace le Belge dit-on démissionnaire.
Contraint à la démission, le Belge Patrick Eeckelers, Directeur Général d’Enéo Cameroun de janvier 2022 va quitter le sol camerounais la même nuit qu’il va signifier sa démission à son employeur et obligé la convocation express d’une session extraordinaire du Conseil d’administration. Tenue le lundi 26 juin 2023, à Yaoundé et présidée par le PCA Séraphin Magloire Fouda, par ailleurs, Secrétaire général des services du Premier ministre, elle s’est achevée sur la nomination d’un nouveau Directeur général, le Marocain Amine Homman Ludiye, précédemment Directeur général Adjoint chargé de la production depuis 2021. Après avoir raté le poste en janvier 2021 lorsque l’ancien DG d’Eneo Cameroon, Eric Mansuy qu’il secondait avait été remplacé par l’ingénieur électromécanicien belge, Patrick Eeckelers, qui avait rejoint le Conseil d’administration quelques mois plus tôt, Amine Homman Ludiye s’était contenté de ronger son frein. Et lorsqu’il a lui aussi été désigné en novembre 2022 au Conseil d’administration d’Eneo Cameroon, en remplacement de Patrick Eeckelers pour représenter le Fonds d’investissement britannique, Actis détenteur de 51% des actions du concessionnaire du service publique de la distribution et de la commercialisation de l’électricité au Cameroun, Eneo Cameroon, contre 44% détenues par l’État du Cameroun, et à 5% par le personnel, il savait désormais le costume taillé à sa mesure.
C’était qu’une question temps. Surtout que les 18 mois de rênes de Patrick Eeckelers aux commandes d’Eneo Cameroon ont été très électrisés par des surtensions et des court-circuits à répétition. Quelques mois après sa prise de fonction, il va rencontrer une farouche contestation interne. La restructuration de l’organigramme qui aboutira à la suppression de plusieurs postes qu’il estime budgétivore à l’instar de celui de l’Inspection général va entrainer une forte opposition qui va lui valoir une convocation et une garde à vue à la police judiciaire à Yaoundé. Une humiliation pour cet expatrié qui a le statut de diplomate. Malgré le soutien qu’il va obtenir de la Cameroon Power Holding, filiale camerounais de Fonds d’Investissement Britanique, Actis, actionnaire majoritaire d’Eneo Cameroon S.A, cela ne va pas faire tomber la fronde. Au mois de mai 2023, les employés montent au créneau pour dénoncer les nominations aux relents de l’instauration d’une forte hégémonie du népotisme et du tribalisme dans la gestion des ressources humaines. La Directrice des Ressources Humaines est mise à l’index. Il s’en suivra, la levée de boucliers des organisations de la société civile offusqués contre la qualité de service marquée par une récurrence des délestages et la tarification illégale des compteurs prépayés. A cela s’ajoute, la menace d’arrêt de prestations des entreprises sous-traitantes qui ne réclament pas moins de 10 milliards FCFA d’arriérés de paiements.
Le rubicond est la tension toujours en cours entre Eneo et le Gouvernement Camerounais, concernant le désaccord sur le montant de la dette publique. Dette que conteste le Gouvernement, mais qu’Eneo estime à 186 milliards de FCFA. Il faudra alors au nouveau DG et son équipe, aille chercher les 210 milliards FCFA derrière lesquels Eneo Cameroon court depuis des années auprès des institutions de Bretton Wood pour réaliser des investissements nécessaires pour satisfaire les attentes des populations. Un prêt que ses prédécesseurs n’ont toujours pas pu lever auprès de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé. Pour cela, il faut satisfaire aux exigences de la SFI qui portent sur la gouvernance, le climat social et la crédibilité de l’entreprise auprès des populations. Un investissement qui pourra alors rendre Eneo Cameroon plus attractif pour éventuelle cession à un nouveau repreneur.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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