SECURITE ROUTIERE
Le Directeur des Transports Routiers représentant le Ministre des Transports a présidé le 14 juin 2024 à Douala, le séminaire d’opérationnalisation de la solution intelligente de vidéo-surveillance dénommée : Ym@ne Driver pour l’étendre au transport de marchandises et de produits dangereux. Les acteurs cibles ont affirmé leur adhésion en dépit de quelques réserves. L’objectif dit-on est d’atteindre : Zéro accident grave et zéro mort sur les routes.
Le Président du Réseau des Transporteurs, M. Vokeng a salué l’avènement de ce dispositif et sollicité qu’on en face un instrument de sécurité contraignant pour tous les bailleurs fret et tous les transporteurs. Citant la société Total Cameroun en exemple qui l’utilise pour tous ses véhicules et l’exige à tous ses prestataires. Suite à la recrudescence des accidents de la circulation sur les axes routiers Yaoundé-Bafoussam et Douala-Yaoundé, le Ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè a lancé le 28 septembre 2021 la phase pilote du système de surveillance et de suivi centralisé du transport interurbain de personnes, baptisé la solution «Ym@ne Driver». Un projet de la société BeS@fe née du partenariat public-privé entre le Ministère des Transports et le Consortium CAMTRACK/MTN Cameroon. Rendu opérationnelle en septembre 2022, afin d’éliminer les causes humaines comme facteurs des accidents de la route, elle semble salutaire pour la sécurité des voyageurs sur les axes routiers.
Puisque, dans sa phase de test, 400 véhicules ont été équipés de ce dispositif dont 100 étaient des bus des compagnies de transport routier interurbain de personnes et, 300, des camions de transport des produits dangereux. «Aucun de ces véhicules n’a été impliqué dans un accident de la circulation routière ou, du moins, même pas une crevaison n’y a été enregistrée durant cette phase pilote», avait affirmé le Ministre des Transports lors de la restitution des résultats de la phase pilote en décembre 2021. Et pour cause, avec ce dispositif, les pratiques telles que l’excès de vitesse, la conduite en état de fatigue ou d’ébriété, la surcharge des véhicules, le transport routier clandestin, la conduite sans permis de conduire, le défaut de visite technique automobile, les mauvais dépassements, les chevauchements de la ligne continue et bien d’autres, seront inscrits dans le passé des facteurs de risque d’accidents au Cameroun.
C’est pour étendre cette solution au transport des marchandises que le Directeur des Transports Routiers, Divine Mbamome Nkendong a présidé le 14 juin 2024 à Douala, un séminaire sur l’«Opérationnalisation de la solution intelligente de vidéo-surveillance pour la sécurité du transport de marchandises et de produits dangereux» à l’intention des Bailleurs Fret, des entreprises de transports des marchandises et des hydrocarbures, des Agences de transports, des sociétés d’assurance, des syndicats du secteur des transports, des organisations de promotion de la sécurité routière,… «Lorsqu’on prend la parole pour parler de sécurité routière, le discours ne doit pas être fantaisiste parce que la réalité est immuable», déclarera-t-il à l’entame de son propos. Avant de donner les chiffres poignants qui appellent tous les acteurs du secteur des transports à une prise de conscience urgente et à l’adoption rapide du dispositif «Ym@ne Driver».
Le transport marchandise et des hydrocarbures ciblé
Il indiquera qu’au Cameroun, il est enregistré par jour au moins 46 cas d’accidents de circulation. Environ 35 impliquent les gros porteurs. Et presque 100% de ces accidents de la circulation impliquent des conducteurs qui ont en moyenne une ancienneté de vingt (20) ans dans la conduite. A cause de l’expression répandue de : «Je maitrise». Le nombre de personne tuées par an dans les accidents de circulation est égal à huit (8) crashes d’avions. Last but not de least. En 2011, les accidents de la circulation ont coûté à l’économie camerounaise 100 milliards de FCFA. Lors de l’évaluation de la dernière révision de la stratégie de la sécurité routière en 2022, il en est ressorti que les accidents de la circulation coûtent en moyenne à l’économie camerounaise 800 milliards de FCFA par an. Auxquels il faut ajouter des coûts qui sont non mesurables. De l’argent qui pourrait permettre d’investir dans les infrastructures sociales de base à l’instar de la construction des établissements scolaires, des hôpitaux de référence, des routes, des complexes sportifs,...
Rappelant par ailleurs que sur le plan familial, la mort d’un chef de famille plonge ses enfants dans l’équivalent de 22 ans de misère. Et d’ajouter que lorsqu’un membre de famille est atteint d’incapacité physique ou psychique du fait d’un accident de circulation, il faut mobiliser trois autres membres de famille. Cela fait au total quatre (4) personnes qui sont retirés de la force de production humaine du pays. Non sans souligner que le Cameroun enregistre en moyenne par an 4 000 personnes qui sont handicapés de manière permanente par les accidents de circulation. Avant d’indiquer que, c’est la première cause de mortalité des jeunes camerounais scolarisés de moins de 25 ans. Énumérant quelques causes, Divine Nkendong va affirmer qu’au Cameroun la première cause des accidents de la circulation est : L’excès de vitesse. La deuxième est la consommation des drogues et des alcools.... Pour les jeunes de moins de 35 ans les accidents de la circulation sont causés par la manipulation du téléphone au volant.
Les responsables des sociétés de transport, les responsables des services décentralisés du MINTRANSPORT et ceux des Centres de visite technique ne sont pas en reste. Citant quelques exemples de complicités, il a dénoncé le fait que certaines sociétés de transport envoient un seul bus ou camion dans le Centre de visite technique avec le nombre de plaques d’immatriculation équivalent au nombre de véhicules que compte leur flotte. Chaque fois que le même véhicule passe au contrôle on change simplement de plaques. Mais précisera-t-il, avec l’aide de l’Intelligence numérique (IA), l’ADN de chaque véhicule qui passe permet de prélever certains paramètres uniques de ces véhicules et ces mauvaises pratiques sont automatiquement détectés et les contrevenants sanctionnés. «Toutes les personnes complices de ce comportement frauduleux, tout comme le chef d’entreprise qui oblige les conducteurs de travailler sans repos, sont passibles du délit complicité d’assassinat et d’activité dangereuse», précise Divine Mbamome Nkendong.
Des résultats encourageants
A la Direction des Transports Routiers, on souligne que : «Les indicateurs à notre possession et confirmé par l’OMS indique que si rien n’est fait, les accidents de la circulation seront les premières causes de mortalité pour les Camerounais de moins de 45 ans». Pour adresser ce phénomène, l’ONU a déclaré la nouvelle décennie : Save System Approche (SSA). Elle a été adoptée et prescrite à tous les pays. Au centre de ce dispositif, il met l’utilisation de l’IA pour assister l’homme dans la gestion des risques d’accidents de circulation. Les chiffres pays montrent que l’homme et ses faiblesses est responsable à 70% des accidents de la circulation survenus sur les axes routiers, les véhicules à 20% et les infrastructures routières à 10%. Ce qui justifie la mise sur pied la solution «Ym@ne Driver» qui permet d’envoyer des alertes aux chauffeurs en infraction et d’immobiliser le véhicule de manière à ce que l’on puisse éviter les accidents de circulation. Et surtout aspirer à stabiliser le nombre des accidents de la circulation sur nos axes routiers, voire de les réduire de 50%.
D’ailleurs, le témoignage du DG de Touristique Express, Mohamadou Abdoulaye incite à tous les autres acteurs à s’arrimer. Ayant souscrit à ce projet à la suite des deux accidents de la circulation mortelle (du 9 mai et 9 août 2023) qui a coûté la vie à 25 personnes et handicapés plusieurs autres personnes aussi bien au sein de son personnel que des usagers, les résultats sont encourageants. «Il a permis au regard des statistiques de partir en septembre 2023 à une moyenne mensuelle de 143 cas de non port de ceinture de sécurité à 02 cas enregistrés au mois de mai 2024. Certes justifiés. Le téléphone au volant a été pratiquement éradiqué parce qu’au mois de mai 2024 il n’a pas été enregistré de cas de téléphone au volant. Aujourd’hui ce sont les excès de vitesse qu’on cherche à maitriser. Nous sommes en train de travailler avec le partenaire pour équiper les autres véhicule de la flotte».
Il va poursuivre : «En terme d’accident de la circulation entre septembre 2022 et mai 2023, Touristique Express avait enregistré pratiquement 32 cas d’accidents. Aujourd’hui pour la même période nous sommes à huit (08) cas d’accident où CAMTRACK, le gestionnaire du dispositif a précisé que sept (07) n’étaient pas de la responsabilité de l’Agence». Et de clôturer : «C’est un outil que nous avons acquis de manière administrative, mais aujourd’hui qui fait partie de notre outil d’exploitation. Et fait partie de notre crédo en matière de sécurité qu’on offre à nos passagers». Et le DG de Camtrack, Hilaire Tinen, de conclure : «Cette solution innovante fait ses preuves depuis une dizaine d’années au Cameroun». Seulement, les Sociétés de transport relèvent que le coût de l’investissement est énorme et la contrepartie promise par la réduction des polices d’assurances souscrites ne suivent toujours pas.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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