DOUALA
Les menaces de catastrophes naturelles dans la ville de Douala sont essentiellement liées aux inondations et aux éboulements de terrain. Leur fréquence va croissante depuis les années 1980. Cette forte occurrence des risques naturels est liée à une urbanisation incontrôlée qui a conduit à l’installation par des constructions précaires ou définitif des populations sur des sites dites inconstructibles parce exposés aux aléas naturels.
La ville de Douala est une cité balnéaire avec un port qui est la principale porte maritime du Cameroun depuis l’époque coloniale. Capitale économique, elle constitue un pôle des activités génératrices de revenus formelles et informelles pourvoyeur d’emplois plus ou moins décents. Cette prospérité économique depuis l’époque coloniale a conduit à un afflux massif des populations à la recherche de meilleures conditions de vie, la population passe d’un effectif estimé à 15 000 personnes dans les années 1884 pour atteindre plus de 3 000 000 personnes aujourd’hui. Cela entraine par ricochet un regroupement des habitations construites par vagues concentriques autour des groupes ethniques ou tribales situés le long des axes routiers, aux abords des drains et des terrains marécageux où il a été effectué des remblais ou des terrains accidentés au point d’occuper en pionnier des espaces impropres à l’habitat.
Exposant les habitants à des risques de catastrophes naturels liés aux inondations et aux éboulements de terrain. Deux aspects peuvent expliquer cette situation : la configuration du relief qui favorise une structure accrue des vallées inondables, des espaces à mangrove et des zones marécageuses ; les pentes instables du fait d’un sol friable qui sont très accidentées. Avec la particularité que les populations se sont installées sur les zones basses, sur les plateaux situés à l’arrière-plan du bassin sédimentaire qui sont situées en périphéries de la ville de Douala où on observe actuellement une forte urbanisation. Ces quartiers précaires sont les plus exposés. Et le danger est permanent pendant la saison des pluies dont l’arrivée est considérée comme l’élément majeur dans le déclenchement des catastrophes naturelles. Les inondations représentent 67% des causes des catastrophes naturels dans les quartiers concernés.
Ces sont les quartiers marécageux que sont Youpwe et Bois des singes dans le 1er Arrondissement ; Nkolmintag dans le 2è Arrondissement ; Boko, Cité Berge et Mbanga Pongo dans le dans le 3è Arrondissement ; Mabanda à Bonabéri dans le 4è Arrondissement ; Maképé Missoké et Akwa-Nord dans le 5e Arrondissement. Les quartiers des cinq communes continentales traversées par les drains de Tongo, Kondi,… Et les quartiers Logbessou, Beedi, Ndogbong, Sodikombo dans le 5er Arrondissement Dibom, Soboum, Tergal, Nyalla, Japoma et Ngoma dans le 3e Arrondissement, où on retrouve les 11 ravins dont les érosions et les glissements de terrain entrainent plusieurs éboulements contribuant au dysfonctionnement de l’équilibre environnemental et par ricochet à la récurrence des catastrophes naturelles. Cette situation a obligé la Communauté Urbaine de Douala (CUD) à s’engager résolument vers la construction d’une ville durable à travers des projets d’aménagement à long terme.
Cette politique urbaine vise à la mise sur pied des plans locaux d’urbanisme intégrant l’atténuation des dégâts des inondations dans la planification urbaine et les projets d’aménagement urbain dans les zones à risque (projet éboulement et projet ville durable) qui ont permis de construire déjà près de 60 Km de drains sur les 250 Km qui traversent la ville de Douala, ainsi de mener des travaux de la stabilisation des ravins instables. S’il est vrai que ces projets ont conduit selon certains habitants à la régression de la zone d’impact aux risques naturels, il reste que les causes sont inhérentes d’une part dans la non application du plan d’urbanisation et du plan d’occupation du sol récemment actualisé, le laxisme des autorités municipales qui brillent par la tolérance administratives pour des raisons électorales, et d’autre part à un incivisme atavique des populations qui se servent des caniveaux et drains comme dépotoirs d’ordures ménagères et autres déchets. Le contraste est que ces populations déguerpies au forceps reviennent se réinstaller dans les sites affectés au lendemain d’une catastrophe naturelle, malgré les pertes humaines enregistrées.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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