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VERS UN TSUNAMI DANS UNE ÉNIÈME OPÉRATION DE LIBÉRATION DES EMPRISES

DOMAINE AÉROPORTUAIRE DE DOUALA


Le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République a adressé en date du 30 novembre 2023 une correspondance incisive au Ministre des Domaines, du Cadastres et des Affaires Foncières, pour lui répercuter les hautes instructions du Président de la République sur la situation préoccupante du domaine de l’Aéroport International de Douala. Avec en prime, l’annulation de tous les titres fonciers situés à l’intérieur dudit domaine aéroportuaire.


Au cours de la mission d’audit des inspecteurs de l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) du 09 au 20  d’octobre 2023, les inspecteurs de l’OACI ont évalué la capacité du Cameroun à assurer une supervision nationale adéquate de ses activités de sûreté de l'aviation civile et le niveau de conformité aux normes et pratiques recommandées. Au terme, un rapport préliminaire de l’OACI a été produit. Dans lequel, on y retrouve les points positifs sur le système de sûreté de l'aviation civile au Cameroun et des réserves sur les aspects à améliorer. Autrement dit, la photographie des infrastructures, des procédures, des compagnies aériennes et des mécanismes de mise en œuvre dans les aéroports du Cameroun ont été minutieusement scrutés. Donnant ainsi lieu à la tenue de la deuxième session ordinaire du Comité national de Sûreté (CNS) de l'Aviation civile pour l'année 2023 qui s’est tenue le 13 décembre 2023 à l'Ecole de Formation de la Cameroon Civil Aviation Authority (CCAA) à Nsimalen. Présidée par le Ministre des Transports (MINT), Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè, assisté de la Directrice générale de l’Autorité Civile Nationale (CCAA), Mme Paule Avomo Assoumou épse Koki, elle était consacrée à l’examen du rapport d’audit menée par les inspecteurs de l’OACI au mois d’octobre dernier sur du niveau de sûreté  de nos aéroports.



L’épée de Damoclès de l’OACI

L’objectif était d’interpeller les acteurs à veiller à la mise en œuvre toujours plus tangible des mesures de sûreté sur les aéroports et au respect des instructions qui ont été formulées dans le rapport préliminaire de l’audit. Parmi les instructions contenues, il est revenu la question de la proximité des habitations dans le domaine aéroportuaire. Plus précisément aux alentours du JET pétrolier et le long de la barrière allant dans le prolongement de l’emprise de la piste d’atterrissage. Ce qui a obligé la DG de la CCAA de saisir la Présidence de la République pour tirer la sonnette d’alerte sur la résistance qu’oppose des autochtones et des propriétaires détenteurs des titres fonciers qui se recrutent au sein de l’appareil gouvernemental, administrative, politique et financier sur les opérations de libération des emprises du domaine aéroportuaire menées jusqu’ici. Mettant ainsi en mal le rapport final de l’audit de l’OACI qui peut déboucher dans les prochains jours à une non certification des aéroports internationaux du Cameroun. Ce qui placerait ces aéroports dans la zone rouge. Pourtant les autorités gouvernementales aient déjà pris des multiples mesures pour lever toutes les réserves évoquées par l’OACI. Notamment, quatre opérations de déguerpissements forcés menées depuis avril 2018 à septembre 2023 sous la houlette des différents préfets du département du Wouri. Jetant à chaque fois dans la rue des centaines de familles victime des démolitions systématiques et sans ménagement de toutes les constructions (maisons, commerces, ateliers, champs) jugées illégalement et situé sur les emprises du domaine aéroportuaire.

La dernière en date remonte à septembre 2023. Elle avait été précédée d’une opération d’accompagnement des familles victimes d’un montant de 200 millions FCFA. Malgré tout, des résistances sont enregistrées laissant transparaitre des disparités, des discriminations et des injustices. Faisant croire que seuls les domiciles et constructions des pauvres sont visées et celles des personnes nanties sont esquivées. Et curieusement, des immeubles ne cessent de pousser comme des champignons et des constructions continuent à monter à des hauteurs menaçant la sécurité aéronautique. Une situation que les organisations de la société civile ne cessent de dénoncer au point de laisser prospérer des rumeurs selon lesquelles, ces casses visent uniquement à permettre à libérer des espaces domaniaux au profit de certaines pontes du pouvoir et de certains prédateurs fonciers qui multiplient des acquisitions de parcelles constructibles sur des sites stratégiques. «Je doute que cette très instruction soit donnée par le Président de la République qui sait qu’une annulation de titre foncier ne se passe pas de manière aussi cavalière dans un pays de droit. Mais en filigrane nous pouvons dire que cela va permettre de rétablir les injustices où plusieurs maisons des personnes nanties n’ont été pas été détruites comme-ci les décisions de déguerpissement sont à double vitesse», déclare Jean Baptiste Bontsebe, Président de la Plafodal.



Vers une récupération du périmètre originel

Ces résistances ont le soutien de la communauté autochtone de Bonaloka qui clame urbi orbi avoir obtenu sur les emprises aéroportuaires querellées des titres fonciers issus d’une rétrocession de la Présidence de la République datant de près de 40 ans. Une attitude récalcitrante, qui a conduit certains déguerpis à revenir se réinstaller sur les mêmes emprises en matériaux provisoires. Par ailleurs, certains observateurs avertis font remarquer que cette correspondance du 30 novembre 2023 du Ministre Etat, SG/PR, Ferdinand Ngoh Ngoh au Mindcaf, Eyébé Ayissi du fait qu’elle n’ait pas circonscrit la zone concernée ouvre la voie à un tsunami de démolitions sans précédent. Puisqu’en l’appliquant sur le périmètre aéroportuaire originel, ne seront plus simplement concernés les quartiers Newtown aéroport 1 et 4, mais également les quartiers nouveaux qui sont nés de l’érection des immeubles huppés appartenant à une caste des fortunés et autorités, mais aussi à des obtentions des titres de propriétés par des personnes nanties dans la zone de l’ancien aéroport devenue la Base aérienne 201 de Douala qui part du lieu-dit Carrefour armée de l’air jusqu’au domaine faisant face au Grand Mall pour regagner l’aéroport actuel. Une restitution qui permettrait à la Société des Aéroports du Cameroun (ADC) et la CCAA de réaliser l’ambition programme de rénovation, de modernisation et de transformation de la plateforme aéroportuaire de Douala vieux de plus de 46 ans pour lui permettre la construction des ouvrages dont les structures, infrastructures et superstructures devraient en faire un référence sur le continent.











Mathieu Nathanaël NJOG



Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun


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