AFFAIRE BAKASSI
La vérité c'est comme les fesses, on est obligé de s'assoir avec.
Que l’on le veille au non, qu’on les aime ou pas, Paul Biya et Maurice Kamto ont été les principaux artisans de la victoire judiciaire et diplomatique camerounaise à Bakassi. La patience du président Biya a été déterminante selon le président Obasanjo : «I pay a well deserved tribute to my brother président Paul Biya for his commitment and patience». Maurice Kamto, lui-même avait loué le rôle du président Biya qui, avec son homologue nigérian, avait cerné avec succès les pourtours et les enjeux réels du conflit, notamment la souveraineté sur la péninsule pour le Cameroun et le sort des populations concernées pour le Nigeria. En outre, les deux chefs d’États avaient su reconstruire la confiance et donner la chance à une solution durable du différend.
N'en déplaise aux révisionnistes, le président Biya sait qui a fait quoi dans la victoire du Cameroun à Bakassi. C’est Maurice Kamto qu’il a choisi pour conduire le processus à son terme au ministère de la justice. L’histoire retiendra que c’est la signature de Maurice Kamto qui figure dans le document consacrant le retrait et le transfert d'autorité dans la péninsule de Bakassi. A la présidence de la République, on sait qui a fait quoi, notamment les nombreux autres acteurs tels que Akamba Robert, Adalbert Owona, Ahmadou Ali, Laurent Esso, Me Doula Moutome, Guy Roger Eba’a, Joseph Marie Bipoum Woum, Paul Mobi Etia, Michel Zoua, Kemdem Forbinake, Fai Yengo Francis, Jean-Pierre Meloupou et bien d’autres.
Parmi les avocats venus du Cameroun, de France, d’Allemagne et de Grande Bretagne, selon le défunt Paul Mobi Etia, alors directeur général de l’Institut National de Cartographie et membre de l’équipe du Cameroun à la Haye, le professeur Maurice Kamto émergea du lot et fit la différence. Il le décrit en ces termes : « doté d’un courage exceptionnel, il a été très dynamique. Chaque fois qu’il plaidait, nous le félicitions après. Il nous a fait gagner beaucoup, notamment sur la frontière maritime. Parce que même les avocats français étaient sceptiques, ils nous avaient dit de laisser tomber cet aspect. Kamto a dit non, et des nuits durant, nous avons produit des documents cartographiques et autres. Ça a été extraordinaire. On était convaincu qu’on allait gagner, mais ce n’était pas donné ».
Je trouve extrêmement abject que le révisionnisme actuel sur l’affaire Bakassi intervienne au lendemain de la mort d’un des principaux acteurs de l’ombre de la victoire diplomatique du Cameroun : l’ambassadeur Jean Marc Mpay. Alors chargé d’affaire de la mission permanente de la République du Cameroun auprès des Nations Unies, son action fut déterminante dans le volet diplomatique de la victoire du Cameroun. Alors que le Nigeria avait réussi, sous Boutros Boutros Ghali à bloquer la réaction du Conseil de sécurité, l’activisme de Jean Marc Mpay, d’Aliou Moussa et de Pascaline Boum avait réussi à faire bouger les choses. La ténacité des ces trois mousquetaires de la diplomatie camerounaise avait poussé Madeleine Albright, la présidente du Conseil de sécurité se propose de boucler le dossier Bakassi avant la fin de son mandat en février 1996. Au lieu de récompenser enfin Aliou Moussa et Pascaline Boum, le révisionnisme actuel favorise l'imposture.
L’ennemi de la vérité ce n'est pas seulement le mensonge, mais aussi les opinions qui étouffent les vérités qui dérangent.
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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