DOMAINE PORTUAIRE D'ESSENGUE
Dans son vaste programme de rénovation et de modernisation du domaine public portuaire, la Direction générale du Port Autonome de Douala a entamé à Essengue, un vaste chantier de construction de 10 kilomètres de voies de contournement, de voies de desserte et une aire de stationnement de 2 hectares afin de décongestionner l'espace portuaire. Des travaux effectués par une PME camerounaise avec une logistique et une technologie importées.
Après la forte polémique suscitée par l’expropriation des populations installées sur le domaine public portuaire d’Essengue depuis plus d’un demi-siècle, et malgré les accusations des victimes des déguerpissements qui soupçonnaient les dirigeants du Port Autonome de Douala (PAD) de vouloir récupérer le site pour des fins autres que ceux annoncés, le vaste processus de normalisation de toutes ses activités, de rénovation, de modernisation et développement des infrastructures et superstructures de son combinat portuaire se poursuit allégrement. Aujourd’hui, le domaine public portuaire d’Essengue est un important chantier de construction des voies de contournement et de desserte, mais également une aire de stationnement de 2ha, salutaires pour les aconiers et les usagers. Et pour cause, cela va permettre de décongestionner l'espace portuaire. «Comme vous avez pu le constater nos voies traditionnels sont saturés par les camions qui ne savent pas où garer. Et cela a forcément un impact sur l’économie nationale et internationale», fait remarquer Joseph Bat, le Chef du Département Aménagement portuaire. Placé sur la supervision de la Direction de l’Aménagement Portuaire (DAP), et exécuté par une société camerounaise ESTIA Synergies du Groupe BSI, ce projet majeur qui ambitionne de contribuer à améliorer le trafic au niveau de la plate-forme portuaire est à la fin de sa première phase.
Celle-ci a consisté à faire des remblais ce qui a permis de reconstituer la plate-forme supérieure de terrassement de cette zone qui est essentiellement marécageuse. Ainsi les près de 70ha du domaine portuaire de la zone Essengue qui avaient été libérés présente un visage de plus en plus flamboyant et suscite l’attraction des opérateurs portuaires. Puisque l’ensemble du tracé est déjà dégagé sur un linéaire de 10 Km (soit 5Km de voie de contournement et 5Km de voie de desserte) avec une largeur de 12m au lieu des 7m classiques. Les installations des éléments de structures tels que les caniveaux, les dalots et les réseaux (Camwater, Camtel, Eneo, la fibre optique,…) sont achevées. C’est dire qu’il ne sera plus question à la fin des travaux de voir creuser des trancher sur cette route pour des besoins d’aménagements complémentaires, car la politique de la Direction générale du PAD, Maître d’ouvrage a été de faire un aménagement complet. Avec la pose des infrastructures connexes telles que l’installation simultanée des réseaux. Au stade actuel, il reste seulement, d’entamer le revêtement de la chaussée. Pour cette dernière phase, l’entreprise ESTIA Synergies a fait recours à deux technologies (israélienne et canadienne) compte tenu de la spécificité du sol qui est essentiellement marécageux.
Technologie qualitative et économique
Le patron de la société ESTIA Synergie, Christian Mbella Mbella, explique : «La particularité de cette technologie, c’est qu’elle permet de construire des chaussées avec le sol en place. Sans gravier, mais avec un adjuvant. Ce qui permet au final d’avoir des niveaux de résistance du niveau de trafic comme celui portuaire qui sont extrêmement élevés et avec des engins lourds», explique Et d’ajouter : «Il ne s’agit pas que de la technologie mais de toute la logistique de mise œuvre avec des engins spéciaux que nous avons fait venir pour réaliser cette technologie ». C’est la première fois que cela se fait au port de Douala-Bonabéri. En effet, depuis 2021, l’autorité portuaire a décidé que tous les projets de modernisation du combinat portuaire soient effectués avec les technologies innovantes. « La particularité de cette technologie est qu’elle évite de trop creuser le sol comme l’exigerait la zone portuaire qui est une zone de mangrove. Surtout que le sol est polymorphe et ne permet pas aux travaux classiques de mettre une assise de chaussée sur ce genre de sol. Et maintenant, on essaie de moins purger parce que sinon nous devrions aller dans les profondeurs un peu plus importantes de 2, 3 mètres et un peu plus pour trouver la plateforme nécessaire », détaille Joseph Bat.
Mais aussi, cette technologie a un avantage économique : « C’est pourquoi, il fallait une technologie extrêmement performante pour permettre de construire une chaussée autre que celle qui auraient nécessité des renforcements de sol plus élevés. Mais aussi à moindre coût. Ce d’autant plus que cette technologie génère quand même des économies considérables permet des économies qui peuvent aller entre 40 et 60% comparées à des solutions classiques et dans les mêmes conditions. Et l’autre gros avantage de cette technologie c’est sa rapidité de mise en œuvre », souligne Christian Mbella Mbella. Le délai était l’une condition forte du Maître d’ouvrage au regard du fait que la zone portuaire connait une intense activité qui représente une grosse partie de la richesse nationale. Les premiers essais de la structure chaussée avec une épaisseur de 50 cm de pouzzolane faite avec la technologie sol-ciment et une logistique spéciale pour répondre au trafic portuaire lourd ont été validés par le Ministère des Travaux Publics (MINTP), le LABOGENIE, l’ANOR, La Mission de contrôle, et la PAD. Tout ce qui reste, c’est de poser le revêtement qui sera en béton bitumé comme prévu. « Le chantier a une durée d’exécution de 24 mois. Nous sommes rendus à un taux d’exécution de 45%. Le rythme est plutôt satisfaisant», affirme Joseph Bat.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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