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ELOUNDOU ESSOMBA JOUE LA CARTE DE LA TRANSPARENCE POUR RASSURER LE PATRONAT

DELESTAGE 


Le Ministre de l’Eau et l’Energie était en visite de travail dans la ville de Douala du 21 au 23 février 2023. Il était accompagné des patrons de toutes les entreprises publiques et privées du secteur de l’électricité (ARSEL, EDC, ENEO, NHPC, KPDC, DPDC, SONATREL, et CAMWATER). Et a clôturé son séjour  par une rencontre d’échanges houleux avec des chefs d’entreprises dans la salle de conférence du Groupement des Entreprises du Cameroun sur la conjoncture de l’énergie électrique dans la capitale économique en particulier.



L’accès à l’électricité est un enjeu majeur pour insuffler une croissance économique durable. Il constitue une contrainte pour l’activité économique, la qualité du service public mais aussi, le bien-être social. Malheureusement dans le contexte actuel, marqué par des perturbations intempestives de la fourniture de l’énergie électrique dans le Réseau Interconnecté Sud (RIS), une grogne sourde des chefs d’entreprises et des populations ne cessait de gonfler. Une situation qui avait déjà obligé le Ministre de l’Eau et de l’Energie (MINEE) à adresser le 9 février 2024 une correspondance épistolaire qui mettait le Directeur Général d’ENEO face à ses responsabilités en cas d’un éventuel  soulèvement. «…Il est important de vous rappeler que ces délestages répétés pourraient donner lieu à des troubles sociaux, et pour lesquels votre responsabilité sera engagée », prévenait Gaston Eloundou Essomba. Malgré cela cette sortie, cette conjoncture électrique ne s’est pas améliorée. Obligeant  certaines grandes industries à se retirer du réseau pour réduire l’impact de ce déficit de production au niveau des ménages qui ne cessent de subir des délestages récurrentes à certaines heures de la journée. Au regard de cette situation préoccupante pour le Gouvernement, il était urgent pour le MINEE, Gaston Eloundou Essomba d’effectuer une visite de travail à Douala pour visiter certains chantiers visant à résorber cette conjoncture à moyen terme, mais aussi et surtout rencontrer les responsables des différents groupements sociaux professionnels pour avoir un échange franc sur cette situation qui est indubitablement à l’origine d’une certaine baisse de  productivité des industries et causant un manque à gagner à celles-ci.


Des solutions à court, moyens et long termes

Après avoir présenté la situation réelle de crise énergétique qui est la conséquence d’un déficit dans le Réseau interconnecté Sud allant à plus de 180 MW en pleine période de crue et encore plus accru en période d’étiage, le MINEE a donné les chiffres. Rappelant que « le parc de production d’électricité actuel est constitué de 62% de l’hydroélectricité, 14% du thermique au gaz, 22 % du thermique au fioul et 02% du solaire. Pour une capacité de production installée estimée à 1534 MW dont 1359 MW dans le RIS pour une disponibilité d’environ 1200 MW. Cette production est principalement assurée par les centrales hydroélectriques et les centrales thermiques». Or, l’offre et la demande dans le RIS, en situation normale, l’offre de production provenant de l’hydroélectricité associée au gaz et en prenant en compte le rendement des équipements est de l’ordre de 940 MW environ pour une demande en journée de 960 MW et en soirée 1140 MW. Ce qui permet d’observer un déficit 20MW en journée et 200 MW en soirée que même la mise à contribution de l’ensemble des centrales thermiques au fioul (172 MW) pour résorber le déficit en soirée n'est pas suffisant. A ce déficit de production, lorsqu’on ajoute les difficultés d’approvisionnement en combustibles des centrales thermiques qui doivent contribuer à stabiliser la fourniture en énergie électrique, il ne fait pas de doute qu’elles ne sauraient constituer une solution pérenne. Et le Ministre Gaston Eloundou Essomba de préciser que :« Même l’ensemble de leur production ne suffirait pas à résorber le déficit d’une part, et leur fonctionnement nécessite des arrêts réguliers pour les besoins d’entretien, d’autre part. De plus, leur fonctionnement est assujetti à un coût onéreux et aux difficultés d’approvisionnement en combustible. A titre d’exemple la consommation journalière de l’ensemble des centrales thermiques du RIS (Oyomabang, Dibamba, Mbalmayo, Logbaba, Limbé, Bamenda) est évaluée à environ 810 000 litres pour un coût de 550 millions de FCFA soit 16,5 milliards FCFA par mois ».

Il va démontrer que face à cette situation, le Gouvernement n’est pas resté insensible aux désagréments subis par les populations et les industries du fait de ces perturbations. Prenant des mesures urgentes telles que : - la mise à contribution de la pleine production de l’ensemble des capacités installées des centrales thermiques ; - des rationnements de l’énergie électrique en évitant au maximum les ménages et les zones sensibles ; - l’optimisation de la production des autres centrales hydroélectriques ; - la mise à contribution des industriels que vous êtes pour réduire la profondeur des délestages aux ménages. Toute chose que le Directeur Général d’ENEO, Amine Homman Ludiye a confirmé. Mais aussi le rachat d’une partie de la dette d’ENEO d’un montant de 30 milliards de FCFA en guise d’avance de trésorerie pour le règlement des impayés de certaines entités publiques. Et à moyen et à long terme, le MINEE, Eloundou Essomba a annoncé : - la mise en service courant le mois de mars du premier groupe du barrage de Nachtigal d’une capacité de 60 MW, qui permettra compenser en coût et en régularité l’approvisionnement des centrales thermiques, ce qui permettra d’observer un retour progressif à la normale dans le RIS. Mais aussi avec la mise en service progressive de ses sept groupes de renforcer l’offre en énergie dans le RIS à hauteur de 420 MW – La construction d’un barrage de réservoir sur le fleuve Ntem pour permettre au Barrage Memve’ele de donner la pleine mesure des capacités de sa production. Par ailleurs, pour moderniser et renforcer le réseau de transport et de distribution par lequel devra transiter ce flux d’énergie qui devrait porter la production nationale à 2000 MW, des chantiers de construction des ouvrages de transport sont programmés dans la ville de Douala pour renforcer les deux lignes 225KV existantes Mangombé-Logbaba et  Songloulou-Logbaba ; avec la future ligne 225KV Edéa (Béon) - Ngodi Bakoko. Cette ligne sera raccordée à la centrale de Nachtigal via la liaison Nyom 2 – Nkolkoumou – Béon - Edéa dont la mise en service prévisionnelle est prévue pour octobre 2024.

Du courroux à l’apaisement du patronat

Il est aussi déjà entamé la construction redondance de décongestionnement qui  va concrètement changer la physionomie du réseau électrique de la ville de Douala. Avec une boucle 90 KV entre Bekoko - Usine Maya - Bonaberie – Deido - Koumassi pour assurer la redondance et la sécurisation de l’alimentation en énergie électrique de la ville de Douala ; - des lignes 15kV  pour alimenter les industries situées à l’entrée Est de Douala ; - Ainsi que l’installation des postes neufs de Maya, Ndokoti Brasserie,  Azur Dibamba, Koumassi et Logbessou ; l’extension des postes de Deido, Ngodi Bakoko, Logbaba. «Ces projets qui seront réalisés entre 2024-2026, permettront d’augmenter les capacités de transformation des postes existants de 2898 à 3136,9 MWA afin de capter les nouvelles demandes industrielles exprimées à 450 MW», soulignera Eloundou Essomba. Et d’ajouter qu’«au-delà de la mise en œuvre des projets suscités, l’Etat poursuit le développement d’autres ouvrages de production encore plus ambitieux à l’instar de Kikot-Mbebé (500 MW) dont le démarrage des travaux est prévu pour 2026, Grand Eweng (1034 MW), et de Minkouma 300MW». A terme, tous ces ouvrages apporteront un surplus de production dans le RIS de 2000 MW pour une production nationale de 5000 MW à l’horizon 2032 pour être dans la logique que la Stratégie Nationale de Développement (SND30) a fixé au secteur de l’électricité un objectif de production de 5 000 MW à l’horizon 2030. Ce qui fera déclarer à Célestin Tawamba, co-président du GECAM que «Je voudrai vous inviter, si vous permettez, compte tenu de cette exercice de transparence à laquelle vient de se livrer le Ministre de l’Eau et l’Energie, comme tous les acteurs économiques ont pu apprécier qu’on applaudisse». Et de poursuivre : «Nous avons apprécié la transparence avec laquelle le DG d’ENEO nous a expliqué la situation et ce soucis de transparence est importante. Nous comprenons le problème d’ENEO en tant qu’entreprise, nous pensons qu’il y a des choses qui sont à faire en termes de communication et d’information pour qu’elle soit mieux partager par tout le monde. Ici là, il y a beaucoup de choses que moi-même en tant qu’industriel j’ai appris». Pourtant le début de cette rencontre n’a pas été aussi tendre. Surtout avec des coupures intempestives et des retours de l’énergie électrique pendant les différentes interventions. Ce qui a suscité quelques hurlements. Le porte-parole du patronat Celestin Tawamba en a profité pour lui rappeler qu’il y a quelques années, il était déjà venu rencontrer les chefs d’entreprises, et les promesses faites n’ont pas été tenues, pis encore, la situation qui prévaut dans le secteur électrique s’est fortement dégradée. «Nous avons l’impression que vous nous avez trompés, sinon mentis», lancera-t-il.














Mathieu Nathanaël NJOG



Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun


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