Licenciements en série du personnel des écoles diocésaines de Douala
A l’orée de la rentrée scolaire 2023-2024, le Secrétariat à l’Education Catholique de Douala est secoué par une crise sociale qui pourrait ternir cet ordre d’enseignement. Une soixantaine de licenciements abusifs et discriminatoires, parmi lesquels des Directeurs des écoles pour avoir adressé une lettre au Vicaire épiscopal chargé de l’Education du Diocèse de Douala.
Depuis plusieurs années l’enseignement primaire catholique traverse une crise sociale qui se traduit souvent par des grèves du personnel. Pour éviter que les l’église catholique voit son image écornée et partant de la dégradation de la qualité des enseignement des écoles catholiques jusqu’ici très prisée par la qualité de sa formation, mais aussi pour sa scolarité à la portée de toutes les bourses, une trentaine des Directeurs des Ecoles Catholiques du Diocèse de Douala ne cessent de tirer la sonnette d’alarme depuis des années sur les agissements du Secrétariat à l’Education Catholique de Douala. Malheureusement, leur hiérarchie brille par une sourde oreille. On se rappelle d’une lettre adressée le 7 octobre 2022 au Secrétaire à l’Education Catholique (SEDUC) sur une situation qu’ils estimaient être une menace à la fermeture des écoles catholiques diocésaines. Et de la plus récente, datée du 14 avril 2023 au Vicaire épiscopal chargé de l’Education du Diocèse de Douala. Dans laquelle, ils l’interpellent : «Révérend père Vicaire, nous Directeurs et Directrices des Ecoles catholiques maternelles et primaires diocésaines de Douala, venons porter à votre connaissance les paradoxes, le désordre, les pressions excessives, et les mesures dictatoriales et déshumanisantes qui ternissent depuis le début de cette année l’image de notre ordre d’enseignement». Et d’ajouter : « Qui vont certainement causer une baisse drastique des effectifs en septembre prochain ».
La tyrannie de l’Abbé Thouani
En effet, les signataires de la lettre relève un chapelet de récriminations contre le SEDUC de Douala, l’Abbé Christian Thouani. Qui se comporte comme un tyran qui pour des raisons très peu évidente a effectué des licenciements à la pelle entre janvier et juillet 2023 de 40 stagiaires de plus de 3 ans d’ancienneté, 11 permanents de plus de 10 ans d’ancienneté et 05 Directeurs d’écoles. Déplorent : L’interdiction des cours de remise à niveau qui ont pourtant cours dans les collèges du même ordre d’enseignement. Des affectations fantaisistes qui perturbent la bonne éducation des apprenants puisqu’il procède à au moins deux affections du personnel pour des raisons sibyllines, mieux sans tenir compte de la distance entre septembre et janvier. L’absence des bulletins de paie. La non-souscription de la police d’assurance pourtant collectée auprès des parents d’élèves, ce qui ne permet plus l’admission des élèves de ces écoles diocésaines dans les formations sanitaires catholiques, ceci du fait d’un bras de fer entre l’Abbé Thouani et le Directeur de la Mutuelle d’assurance, M. Penda. Conséquence lesdites écoles ne possèdent même plus de boite à pharmacie. Les Directeurs et Directrices de conclurent que : «Nous voyons en certaines de ces pratiques…une volonté de vider nos écoles et ainsi exposer les enseignants au chômage ». Et de proposer : « Pourquoi ne pas faire de certaines de ces écoles, des écoles paroissiales ».
Cette dénonciation a été perçu par le mis en cause, le SEDUC, l’Abbé Christian Thouani comme un crime de lèse-majesté. En répression, il va adresser une série de demandes d’explication dans lesquelles, il va prendre prétexte que cette lettre de dénonciation à sa hiérarchie se serait retrouvée dans les réseaux sociaux non sans la qualifier de diffamatoire, d’appel au soulèvement et de menace à l’encontre de la hiérarchie. A cela il va ajouter les déficits observés dans les comptes d’exploitation présentés par lesdits directeurs depuis plusieurs années scolaires du fait du non-paiement partiel ou total par certains parents de la scolarité. Ce qu’il va qualifier de « gestion opaque, entachée d’irrégularités». Pour au final, décider arbitrairement, sans aucun conseil de discipline de licencier non pas les 28 signataires, mais les cinq porte-paroles qui avaient été désignés par leurs collègues pour porter leurs voix à la négociation. Une discrimination que les victimes qualifient de « sanction tribale ». Puisque ces derniers sont originaires de la communauté sociologique Bassa-Mpo’o-Bati et cumulaient plus d’une vingtaine d’années de service.
L’exemple qui aurait pu inspirer
Or entre 2014 et 2015, une tension sociale avait abouti à la mise en exécution d’une menace de grève parce que le personnel déplorait les salaires de misère (moins de 50 000 FCFA) qui leur étaient payés depuis une quarantaine d’années, sans aucune prime d’ancienneté et sans aucun avantage à l’instar de l’admission de leur progéniture dans les établissements d’enseignement secondaires et universitaires catholiques même avec des moratoires. A l’époque, le Secrétaire à l’Education Catholique tout en s’offusquant de ce mouvement d’humeur qui portait atteinte à l’église catholique et à son ordre d’enseignement, avait tout d’abord reconnu que les revendications étaient justifiées. A l’instar du traitement salarial qui était de nature à maintenir dans le misérabilisme ambiant les enseignants des écoles diocésaines et par conséquence pouvait aiguiser cet esprit de révolte. Car jusqu’en 2002, on retrouvait encore des enseignants qui percevaient 27 160 Fcfa comme salaire mensuel dans l’enseignement catholique de l’Archidiocèse de Douala. Et en réponse avait annoncé des retombées positives. Tels que le paiement des arriérés de salaires, la hausse des salaires à un minimum de 50 000 FCFA, des engagements formel de mis à disposition d’un médecin de travail pour les consultations gratuites et l’administration des premiers soins. Cerise sur le gâteau une prime d’ancienneté qui sera octroyée en raison de 02% tous les quatre ans.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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