DOUALA
Une femme a été mise aux arrêts pendant deux semaines parce qu’elle s’opposait de la vente de la maison familiale par le père de ses enfants après que ce dernier ait abandonné sa progéniture à Douala pour se réfugier dans la ville de Kribi. Alors qu’on lui disait n’avoir aucun droit, l’Ong Un Monde Avenir s’est saisie de l’affaire pour faire libérer la concernée et démontrer que la vente est illégale.
Après 25 ans de vie commune, le couple Ngue Jonas (tradi-praticien) et Ndang Juliana (commerçante) vont de cette union donner naissance à quatre enfants dont l’ainé est âgé de 24 ans et la dernière de 14 ans. Depuis le mois de juillet 2022, la vie de ce couple bat de l’aile et le conjoint va choisir de quitter le domicile familial dont sa compagne et lui ont ensemble uni leurs efforts pour acheter le terrain et bâtir une grande maison au quartier Nkolmitag à Douala. Se libérant ainsi de plusieurs années du poids des contraintes locatives. Après avoir pris une destination inconnue et sans plus jamais donner signe de vie, il va aller s’installer discrètement à Kribi. C’est depuis sa fugue qu’il va vendre la maison familiale où sa compagne et ses enfants continuent à habiter sans se soucier de cette félonie de son conjoint et père de ses enfants.
La félonie d’un père
Depuis quelques mois, Dame Juliana Ndang va constater qu’il existe un acte de vente de la maison que viendra lui présenter sieur Bouba Egi. C’est alors qu’elle va apprendre que son conjoint et père de ses enfants, Ngue Jonas a vendu la maison familiale à son insu et celui de ses enfants. L’acheteur, Bouba va alors se présenter devant la famille abandonnée comme le nouveau propriétaire de l’habitation qu’elle occupe. Devant l’étonnement de la maitresse des lieux, sieur Bouba va demander si la femme n’est pas au courant de la vente. Malgré sa réponse négative, il va lui demander de libérer sans condition ce domicile. Face à sa riposte verbale, l’acheteur va lui servir une sommation de libérer manu militari. Elle va s’y opposer en se maintenant dans la maison avec ses enfants.
Décidée qu’il faudra la tuer pour récupérer cette maison, l’acheteur va lui remettre 50 000 FCFA pour lui permettre de se recaser. Insignifiant. Mais sous pression et dans le dénuement, elle va accepter de percevoir cette somme pour mieux asseoir sa résistance puisqu’elle était obligée d’abandonner son commerce pour rester camper à la maison afin de se prémunir à toute éventualité. C’est alors que l’acheteur Bouba va engager des procédures judiciaires et actionner ses relations dans l’appareil judiciaire et sécuritaire. Obtenant ainsi que sur instruction du parquet du Tribunal de Première Instance (TPI) de Douala-Bonanjo, Juliana Ndang soit interpellée et gardée à vue au Commissariat de sécurité publique du 6è Arrondissement de la ville de Douala pendant onze (11) jours. Où elle est poursuivie pour des infractions de trouble de jouissance, menace de mort et filouterie de loyer.
Retournement de la situation
Saisie, l’ONG Un Monde Avenir, spécialisée dans la défense des droits de l’Homme va faire assister dame Juliana Ndang d’un de ses conseils, Me Charlotte Tchakounté, qualifiée d’Avocate des déshérités. Cette dernière va s’offusquer que cette femme et ses enfants se trouvent en train de se voir déposséder de la jouissance de cette maison avec le concours d’une administration poreuse «qui a cautionné un acte de vente d’un bien immobilier familial qui a été passé sans le consentement de dame Ndang Juliana et ses enfants». C’est alors que Me Tchakounté va saisir le Procureur Général près de la Cour d’Appel du Littoral pour dénoncer cette violation des droits humains. Trouvant cette affaire flagrante, il va demander la libération de dame Juliana après onze jours de détention au Commissariat de Sécurité Publique du 6è Arrondissement.
C’est alors qu’en réplique, Me Tchakounté Charlotte va introduire une assignation en nullité de vente, en dénonçant que le bien est familial et qu’il n’était pas question qu’une partie (le conjoint Ngue Jonas) en décide unilatéralement sans le consentement des autres parties (mère et enfants dont certains sont déjà majeurs). C’est ainsi que l’acheteur sera contraint de retrouver les traces de son vendeur et toutes les parties seront à nouveau convoquées au Commissariat le 21 août 2023. Et le 22 août, les parties seront conduites devant le Procureur de la République près du TPI où la compagne Juliana Ndang bénéficiera de la liberté provisoire contre le paiement d’une caution de 100 000 FCFA. Et pour cause, il lui est reproché de continuer à habiter la maison qu’elle a bâtie à la sueur de son front. L’affaire est renvoyée pour le 5 septembre 2023. Affaire à suivre.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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