L’implication de la CUD augure-t-elle encore un nouveau projet foireux ?
- Mathieu Nathanael NJOG

- 12 avr.
- 6 min de lecture
PARC ORIENTAL DOUALA-DIBAMBA
Ce projet d’envergure est présenté comme un porteur de développement inclusif et d’attractivité tout en ambitionnant de devenir un symbole de progrès et d'innovation pour la bourgade de Missole II, dans l’Arrondissement de Dibamba, département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral. Le rôle majeur que joue la Communauté Urbaine de Douala qui a compétence sur le département du Wouri suscite des interrogations mais aussi des doutes.

Décidément, l’Arrondissement de la Dibamba dans le département de la Sanaga-Maritime s’annonce comme le futur El Dorado si l’on s’en tient aux nombreux projets immobiliers de grande envergure qui y sont annoncés depuis plusieurs années. Il y a le projet « Dibamba Beach » qui ambitionne de construire une nouvelle ville dans cet arrondissement qui est limitrophe à la capitale économique, Douala. Il y a aussi récemment un autre projet « Ndole City » qui y a été annoncé en grande pompe pour le même objectif. Et maintenant, voici que le « Parc Oriental Douala-Dibamba » dont la pose de la première pierre a eu lieu le 3 avril 2025 avec un ramdam médiatique qui le présente comme le symbole de développement et d'innovation pour la bourgade de Missole II, une localité située dans la Commune de Dibamba avec l'appui de la Communauté Urbaine de Douala (CUD). Il ambitionne de réaliser des investissements de 36 milliards de FCFA sur une superficie de 74 ha. Cela va se passer en deux phases : - La première phase envisage, la construction d’un parc aquatique de grande envergure et d’un hôtel thématique cinq étoiles, qui durera deux ans et s’achèvera avant Noël 2026. Et la deuxième phase poursuivra la construction d’un parc terrestre ainsi qu’un second hôtel cinq étoiles. Ce Parc futuriste a pour ambition d’accueillir plus de deux millions de visiteurs par an, venant du Cameroun et d’ailleurs. Il générera sur un long terme plus de 1 000 emplois directs et plus de 3 000 emplois indirects, apportant ainsi une contribution significative au développement de l'économie locale. Il est le fruit de discussions approfondies qui a mis plus de deux ans à se concrétiser entre la CUD et les investisseurs chinois, de la Compagnie Parc Oriental de Chine.

Seulement ce positionnement de la CUD suscite des interrogations. La première interrogation porte sur la préférence des investisseurs chinois à signer avec la Communauté Urbaine de Douala (CUD) comme partenaire plutôt que la Communauté Urbaine d’Edéa (CUED) dont la bourgade de Missole relève plus ou moins de la compétence territoriale, puisqu’appartenant à l’Arrondissement de de la Dibamba qui est dans le département de la Sanaga-Maritime dont la ville d’Edéa qui est érigée en Communauté urbaine en est aussi le chef-lieu. Des voix s’élèvent au sein des élites pour dénoncer cet état de chose. Et se demandent si cela cache le fameux projet d’extension de la ville de Douala pour en faire une mégalopole qui devrait absorber une bonne partie du territoire de l’Arrondissement de la Dibamba pour en faire le futur arrondissement de Douala 7è où sera érigé une nouvelle ville. Mais aussi sur sa partie ouest, il est aussi annoncé la récupération d’une partie du territoire des Arrondissement de Dibombari et de Fiko où on observe un développement industriel sans précédent pour en faire une zone industrielle qui sera le prétexte de la création de l’Arrondissement de Douala 8è. Ce qui explique que lors de la cérémonie de la pose de la première pierre de ce projet : « Parc Oriental Douala-Dibamba » qu’avait présidée le Gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, qu’accompagnait le Préfet du département de la Sanaga-Maritime, Cyrille Yvan Abondo en tenue d’apparat, le Préfet du département Wouri, Sylyac Marie Mvogo, en civil, c’est le Maire de la ville de Douala, Roger Mbassa Ndinè était mis en exergue même si l’honneur a été donné au Maire de la Commune de Dibamba, Manfred Njecacal, en respect du plan protocolaire, de délivrer l’allocution d’accueil. Pour lever tout équivoque, à la CUD, on précise qu’il y a une convention signée entre la ville de Douala et la Commune de Dibamba afin d’assurer une juste redistribution des retombées financières.
Une réputation des projets finis en eau de Baudouin
L’autre crainte des élites porte sur « cette invasion sur ces terres que les populations naïves, les chefs de villages cupides et les exécutifs municipaux trompés bradent avec la complicité des autorités administratives (Sous-préfets, Préfets, et Gouverneur) qui sont appelés à partir », déplorent-elles. Et de poursuivre : « Surtout que ces projets qui, très souvent sont des mirages, finissent souvent en eau de Baudouin dont il n’en reste souvent que pour seuls souvenir les photos de famille de la cérémonie de la pose de la première pierre ». Avant de conclure : « Il ne faut pas que dans 10, 20, 30 ans, on enregistre des soulèvements des populations autochtones qui réclament les rétrocessions et lancent des mots d’ordre : NDOLE CITY ou PARC ORIENTAL doivent partir ! » Effectivement, un feedack fait voir que la CUD n’a pas beaucoup de bonheur avec tous les projets d’investissement de petite, moyenne ou grande envergure. Tous se sont toujours avérés foireux. On peut citer le projet mirifique : « Sawa Beach » porté par l’exécutif du Délégué du Gouvernement, Edouard Nathanaël Etondè Ekotto qui a été mis aux oubliettes après son départ à la tête de cette institution. Son successeur, Fritz Ntonè Ntonè, qui avait lancé la SAD, un éléphant blanc qui croule sur des milliards de FCFA de créances ; la SMID qui est un serpent de mer à travers lequel on a grugé tous les souscripteurs ; La Cité du Cinquantenaire à Bonapriso dont les travaux sont aux arrêts depuis son départ ; ou encore le projet immobilier « Communitry Garden I de la Société Southwest International Construction Corporation (SICC) » dans lequel la CUD avait donné son onction en 2010 à Mme Brigitte Soppo Ngallè, pour la construction des logements sociaux à Mbanga-Bakoko. Projet qui s’est avéré au final une escroquerie immobilière sans précédente où elle avait réussi à extorquer plus de 2 milliards FCFA auprès de 190 souscripteurs qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer et un financement de 3 milliards FCFA auprès du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) qui ne s’est plus à quel saint se vouer.

Au regard de ces quelques expériences du passé qui ne sont pas exhaustives, on se demande jusqu’où va aller ce projet du « Parc Oriental Douala-Dibamba », lorsqu’on sait que l’exécutif de la CUD est en fin de mandat. Surtout que si par extraordinaire, il n’est pas réélu pour poursuivre tous ces chantiers lancés en cette sixième année bonus de leur mandature, ce qui relèverait d’un miracle lorsqu’on voit les batailles internes dans le RDPC et surtout le climat d’animosité qui a été entretenue tout au long de cette mandature entre le Maire de la ville de Douala et la majorité des Maires des six Communes d’Arrondissement, curieusement tous appartenant au RDPC. Toute chose qui fait le lit d’une opposition qui est en train de se bonifier et de gagner du terrain dans un environnement où les populations égrènent un chapelet de récriminations et d’affabulations qui noient tous les efforts investis par l’exécutif de la Mairie de la ville de Douala tout au long de cette première mandature pour améliorer le cadre de vie des populations et redorer l’image de cette cité capitale économique. Et pour cause, les services d’accompagnement à l’instar de la Division de la Communication ont montré leur incompétence lapidaire. Ce qui les empêche de sortir de leur confort pour donner une envergure politique aux actions du Maire Roger Mbassa Ndinè dont les observateurs avertis s’accordent à dire qu’il est « un excellent technocrate, mais un piètre homme politique ». Il y a urgence, à dix mois de la fin du mandat, de sortir de cette torpeur pour booster cette communication qui devra aussi servir de clé de voûte à la campagne du candidat naturel du RDPC, Paul Biya, Président de la République au pouvoir. Surtout qu’il a été donné de constater que même le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh lors de son dernier séjour dans la capitale économique où il a profité pour battre le pavé d’une campagne officieuse du potentiel candidat Paul Biya, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle d’octobre n’a rien trouvé comme réalisation marquante pour vendre aux populations comme acquis. L’exemple des chantiers de transformation du combinat du port de Douala-Bonabéri depuis près de dix ans avec l’arrivée du Top management en poste en dit long.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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