top of page

LA FUSION PREND DU PLOMB DANS L’AILE

GICAM – ECAM


Depuis la signature du traité de fusion le 5 avril 2023 par les Conseils d’administration des deux syndicats patronaux, il sourde une grogne au sein du GICAM, le plus puissant syndicat patronal où employés et membres manifestent la ferme intention de faire échec à la finalisation de la fusion. Si les contestataires n’avaient pas de visage, Emmanuel Wafo, Le PDG de Mit Chimie, et Président de la Commission Economie et Développement de l’Entreprise de ce patronat vient de lui en donner un.

Après avoir remarqué le contexte quelque peu alambique dans lequel c’était déroulée la cérémonie de signature du traité de fusion entre le Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM) et d’Entreprises du Cameroun (ECAM) le 5 avril 2023 au Krystal Hôtel de Douala avec certaines absentes remarquables, nos réserves se sont aussitôt confirmées avec un grand renfort de communication, engagée par un groupe de membres qui restait inconnu du public. Ce mystérieux groupe qu’on soupçonnait d’être constitué de « membres puissants » du GICAM disait radicalement opposé à cette fusion qu’il qualifiait de « machiavélique ». En ce qu’elle visait à dissoudre le GICAM pour donner naissance à une nouvelle organisation dénommée : « Centrale patronale Unifiée » qui devrait entrée en activité le 1er janvier 2024. Mais en plus, ils y voient une fusion taillée sur mesure pour servir les ambitions personnelles du président du GICAM, Célestin Tawamba qui voudrait se maintenir en fonction à travers le nouvelle centrale patronale, or la limite du mandat l’empêchait à se reconduire. Par ailleurs, ils se disent favorables à une fusion-absorption et pas à une fusion-création comme c’est envisagé. Mettant en avant le fait que le GICAM avec 66 années d’existence comptait en 2021 environ 1000 adhérents, dont 27 associations professionnelles, 74,9% des entreprises modernes. Pour un chiffre d’affaires cumulé de 8 434 milliards de FCFA, 185 426 employés, une masse salariale de 895 milliards de FCFA, un volume de taxes et impôts payés équivalent à 1 525 milliards de FCFA. Soit 73,8% des recettes fiscales de l’État, et 39,7% du budget national.

Depuis quelques jours, ce groupe des membres inconnus qu’on avait tôt de qualifié de « mystérieux » et de « nébuleuse » a pris un visage avec la sortie musclée d’Emmanuel Wafo. Le PDG de Mit Chimie, présenté comme le candidat annoncé à la succession de Célestin Tawamba à la tête du GICAM a dans une communication épistolaire titrée : « Fusion GICAM-E-CAM : Non à la mise à mort du GICAM » parce qu’il soutient que ; « Le GICAM est un patrimoine national que personne ne peut se permettre d’aliéner ». S’il déclare d’emblée qu’il n’est pas contre un regroupement patronal et se fait le chantre de la main tendue que le président Célestin Tawamba avait annoncé à son investiture le 29 juin 2017 lorsqu’il déclarait : « L’exigence de rassemblement nous imposera de ne ménager aucun effort pour réunir et fédérer tous les Patrons au sein de la Maison Commune qu’est le GICAM… D’ores et déjà, nous tendons officiellement la Main à ceux qui, pour une raison ou une autre, ont tourné le dos à notre Groupement». C’est dire qu’il est favorable pour le retour à la maison-mère des anciens camarades qui avaient quitté le navire en 2008, mais défavorable pour une fusion-création. Après avoir donné sa position, il va explorer les aspects juridiques et souligner qu’«Au-delà de la mise à mort du GICAM qui consiste à gommer l’Histoire, le traité de fusion dont il est question est une violation flagrante des statuts du GICAM, ce qui est condamnable au double plan de l’éthique et du droit ». Et d’y voir un dessein funeste.

Après avoir démontré la violation des textes de ce traité de fusion GICAM-ECAM et l’impossibilité d’utiliser les passerelles qui ont posé les jalons de ce processus de fusion et celles annoncées pour sa finalisation, Emmanuel Wafo va sans fioriture affirmé qu’«il s’agit donc d’un passage en force dont le but ultime est de consacrer l’hégémonie du Président Tawamba sur le patronat camerounais. En d’autres circonstance on parlerait du syndrome du troisième mandat ». En d’autres termes, il s’offusque courageusement du syndrome du pouvoir éternel qui veut s’emparer du GICAM. Ce d’autant plus que conformément aux dispositions statutaires, le second et dernier mandat de Célestin Tawamba s’achève en décembre 2023. Or la mise à mort du GICAM et la création d’une nouvelle organisation patronale lui ouvrirait la voie pour s’éterniser à la tête du patronat. C’est pourquoi, il appelle les membres du GICAM doivent barrer la voie à ce projet funeste du PDG de Holding Cadyst Consumer Group (HCCG). « Je suis intimement convaincu comme bon nombre de dirigeants que pour développer nos entreprises, l’économie de notre pays, nous devons plus que par le passé prendre nos responsabilités individuellement et collectivement pour contribuer à édifier un environnement plus vertueux. C’est pourquoi j’invite tous les adhérents à se préparer à dire massivement NON à la mise à mort du GICAM qui nous sera présentée lors de la prochaine Assemblée Générale Extraordinaire cette année ». Tout en rappelant que le projet de mise à mort du GICAM remonte à 2008 lorsque Protais Ayangma et Célestin Tawamba étaient les têtes de prou de ceux qui ont claqué la porte pour aller créer E-CAM dont ils étaient Président et Vice-président. Avant de revenir au GICAM en 2017 par le sommet. Et de soutenir que c’est cet épilogue qui est ainsi programmé dans les jours à venir si rien n’est fait par les membres. En faisant fi des propos dithyrambiques prononcés dans leurs discours respectifs, pour mieux vendre leur projet, par une volonté de construire une nouvelle centrale patronale « plus forte », « moderne », « plus puissante », « plus audible », « plus influente », « plus performante », « plus représentative » et « plus à l’écoute des nouveaux enjeux ».




Mathieu Nathanaël NJOG






Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


Laisser un commentaire et Abonnez-vous .

Komentáře

Hodnoceno 0 z 5 hvězdiček.
Zatím žádné hodnocení

Přidejte hodnocení
bottom of page