FESTIVAL MADIBA 2024
La 6è édition du Festival Culturel de l’Eau s’est déroulée du 1er au 3 mars 2024 à la Chefferie Bona Anja du village Siga Bonjo situé dans le Canton Wouri-Bwélé de l’Arrondissement de Yabassi, chef-lieu du département du Nkam. Son promoteur, S.M. Narcisse Mouelle Kombi en a fait un rendez-vous touristique et culturel annuel pour rendre hommage au fleuve Wouri qui est chargé d’une importance pluridimensionnelle sur les plans aussi bien historique, économique, politique, écologique qu’humain.
La 6e édition du Festival Madiba ou Festival culturel de l’Eau s’est déroulée du 1er au 3 mars 2024 au village Bano’Anja-Siga Bonjo sur les berges du Wouri. Les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été riches en sons, en couleurs et en enseignements holistiques du visible et de l’invisible de la profondeur la richesse culturelle et traditionnelle du peuple Sawa et autres ayant la proximité et la circularité des grands cours d’eau en partage. Pendant trois jours, des milliers de personnes venues de divers horizons et étant de divers origines ont autour des idéaux du vivre ensemble, de la fraternité et de la communion donné à voir et à partager, à écouter et à vivre à travers les activités de valorisation des patrimoines matériels et immatériels des peuples vivant sur les territoires insulaires (de l’eau) emblématisés et matérialisés par le fleuve Wouri. C’est le cas, de la mobilisation de tous les Chefs traditionnels du Nkam, de la délégation des Mbogmbog venue des berges de la Sanaga et du Nyong, qui ont dans un rituel invoqué les ancêtres pour la paix au Cameroun ; de la communauté Massa, Musgum et Toupouri venue des berges du fleuve Logone pour s’installer sur les berges du Wouri, qui ont par des danses traditionnelles et folkloriques valorisé leur culture ; ainsi qu’un groupe de danse venu de la région du Sud-Ouest pour replonger les 5 000 personnes présentes dans une expression artistique qu’on en commun les peuples de la côté (du Wouri, du Moungo, de l’Océan et du Fako).
Réhabiliter les us et coutumes aux oubliettes
Plusieurs articulations ont meublé les activités. La conférence inaugurale conduite par le Centre d’Aquaculture Tropicale de Bona’Anja Siga-Bonjo en partenariat avec la Faculté des Sciences Halieutiques de l’Université de Douala dont le campus est à Yabassi portant sur les travaux scientifiques montrant l’importance économique du département du Nkam au regard de ses richesses et de ses ressources. Par ailleurs, les festivaliers ont été replongés dans l’immense patrimoine de la culture des peuples de la côte du Cameroun. A l’instar, des us et coutumes ancestrales avec la chorégraphie des semeuses-moissonneuses, qui ont donné à voir l’ambiance dans laquelle se déroulait la saison des semences, dans l’esprit de solidarité et d’entraide ; la démonstration méthodique du tissage des nattes de feuilles de palmiers qui étaient utilisés dans la pose des toitures traditionnelles, la démonstration de l’extraction du vin de palme ; la mise en scène des pleureuses dans les circonstances douloureuses ; la mise en scène des engueulades dans la cohabitation socio-culturel Sawa. Mais aussi les contes, poèmes et histoires célèbres des soirées au village au pied du grand baobab. Sans oublier la visite du Musée de l’Eau, un joyau architectural au service de la conservation du patrimoine qui envisage de rendre concret le concept de «La Route de l’Eau». Comme auparavant l’a été la concrétisation du programme mémoriel «La Route des Chefferies».
C’est dire qu’après des éditions d’apprentissage, notamment les quatre premières organisées depuis sa création en 2016 par le Pr. Narcisse Mouelle Kombi, alors Ministre des Arts et de la Culture sous le règne de son père S.M. Guillaume Mouelle Kombi, et la 5è édition organisé en 2023 sous le signe de la consolidation, la 6è édition du Festival Madiba est celle de la maturité et de l’espérance. «Ce festival prend de l’envergure. Il est un rendez-vous touristique et culturel inscrit dans le calendrier national du Ministère des Arts et de la Culture. Nous souhaitons que ce Festival connaisse dix, vingt, trente, quarante d’autres éditions et pourquoi pas s’internationalise», a déclaré le député Oscar Molongo. Car le sens de l’acceptation, de la signification et de la direction du Festival Madiba part du fait que chez les bantous, le terme eau est désigné de manière similaire et identique. Dans le grand Sawa, il est emblématisé et matérialisé par le fleuve Wouri. Qui, dans sa partie supérieure s’appelle le Nkam et qui prend ses sources à partir des hautes sphères de l’Ouest sort par le Haut-Nkam, traverse le département du Moungo, et le département du Nkam dont il arrose chacun des es arrondissements (du Nord-Makombé, de NKondjock, de Yingui, et de Yabassi), et vient s’échoir en passant par le Canton Bodimane, le Canton Wouri-Bwélé,… qui sont la vallée du Wouri.
D’Ewori à Wouri
C’est ce Rio Dos Camaroes (rivière des crevettes) comme l’appelleront les portugais que le fleuve Ewori qui deviendra Wouri va léguer son nom au beau et cher pays, le Cameroun. C’est pour immortaliser la sacralité du fleuve Wouri que dans le cadre des activités patrimoniales, culturelles et sociales du Programme «Les Trésors de l’Eau» qui vise à inciter aux filles et fils de Canton Wouri-Bwelé que la Chefferie traditionnelle de 3è degré Bona’Anja – Siga Bonjo, fondée au 17è siècle à un retour sur les terres natales, a décidé d’organiser le Festival Madiba. «Comment ne pas rendre hommage au fleuve Wouri, de par son importance historique qui n’échappe à personne que si le Cameroun existe aujourd’hui, en tant qu’appellation et en tant que pays, en tant nation et en tant que contré, c’est bien parce que le Wouri est la matrice originelle, fondatrice, génitrice, fécondatrice et fertilisante, du concept Cameroun», indiquera S.M. Narcisse Mouelle Kombi, Chef du village Bona’Anja – Siga Bonjo. A cela s’ajoute son importance économique qui n’est plus à démontré. Puisque, ce fleuve est depuis longtemps, le poumon de la métropole qu’est Douala. Mais au-delà, de manière nationale, sachant que tous les 52 départements du Cameroun sont dénommés par les noms des cours d’Eau, le promoteur soulignera que : «Le Festival Madiba qui est le festival de l’inclusion, comme l’eau elle-même est un lieu d’inclusion, rend hommage à l’eau qui est la confluence de tous les aires du Cameroun à travers sa circularité, sa mobilité, sa navigabilité, et sa fertilité».
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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